Dans le cadre de l'affaire du meurtre de Younes Blal en Espagne, en juin 2021, les avocats de la défense et de la partie civile sont encore au stade de la qualification des faits. Alors que le tireur, qui a reconnu la fusillade, cherche a obtenir la poursuite pour homicide au lieu de meurtre, les proches de la victime veulent que le motif de crime de haine soit retenu. Jeudi dernier au tribunal de Tonata, Carlos Patricio a comparu pour la première fois devant les juges, en présence des avocats représentants de la famille de Younes Blal et de l'Association des travailleurs immigrés marocains (ATIM), partie civile dans l'affaire qui a secoué le pays en 2021. A la barre, le mis en cause a reconnu les faits, qu'il qualifie d'homicide plutôt que de meurtre. Mais du côté des proches de la victime ainsi que de ses soutiens, la qualification de crime de haine a été demandée auprès du tribunal, où les audiences publiques qui n'ont pas encore commencé «risquent de s'étaler sur plus d'un an». En juin 2021, Younes Blal a été tué par balle par Carlos Patricio, à la suite d'une altercation verbale. Les associations, les partis politiques en Espagne ainsi qu'Andrea Hidalgo del Valle, la veuve de la victime, ont dénoncé un crime xénophobe et raciste. Ce point a été rappelé lors de la séance au tribunal, où la partie civile a fait référence aux témoignages confirmant les propos haineux tenus par le tireur qui s'en est pris au ressortissant marocain, a appris Yabiladi auprès d'ATIM, ce dimanche. Les faits se sont produits à El Muelle, sur le Paseo Marítimo de Mazarrón. L'auteur du crime, un ancien soldat âgé de 52 ans originaire de la région, a proféré des commentaires selon lesquels «tous les Maures devraient être tués». Après sa rixe, il est rentré chez lui puis est revenu armé, pour tirer à bout portant sur Younes, touché par trois coups de feu à la poitrine. Carlos Patricio a été arrêté lors de sa tentative de fuite. Depuis, il est poursuivi en détention. Desde @ATIM_Esp condenamos cualquier acto de odio, racismo, xenofobia y violencia. Violencia como el acto de asesinar a una persona como es el caso de Younes Bilal que rompe la convivencia y armonía entre ciudadanos e insulta el trabajo que la ciudadanía española 1/2 https://t.co/Er7iLwjll3 pic.twitter.com/ByKox1njMG — Sabah صباح ??️ (@Sabah_Yacoubi) April 30, 2022 Un «crime de haine» pour la partie civile Outre la poursuite pour homicide au lieu de meurtre, que la défense cherche à obtenir, l'homme sera jugé pour détention illégale d'armes, au vu de l'arsenal trouvé à son domicile. Lors de la perquisition après la fusillade, la police a en effet découvert plusieurs pistolets et fusils de chasse, outre son arme de service qu'il aurait exfiltrée avant de quitter l'armée. C'est pourquoi, la justice cherche à établir combien de licences d'armes Carlos Patricio a, afin de déterminer le nombre de délits de possession illégale qui pèsera sur lui. Espagne : Le meurtre de Younes «parce que Marocain», secoue associations et partis ATIM et la veuve de Younes Blal espèrent que la justice tiendra compte du motif de haine dans la qualification du crime. Il s'agit en effet de «toute infraction pénale, contre les personnes ou les biens, où la victime, le lieu ou la cible est choisi pour ses liens, réels ou supposés, sa sympathie, son affiliation, son soutien ou l'appartenance à un groupe» qui serait «fondé sur une caractéristique commune de ses membres, telle que leur ethnie réelle ou supposée, leur nationalité, leur langue, leur couleur, leur religion, leur sexe, leur âge, leur handicap intellectuel ou physique, orientation sexuelle ou autre facteur similaire», selon la loi espagnole. A la suite de cette séance au tribunal, ATIM en Espagne a réitéré sa condamnation de «tout acte de haine, de racisme, de xénophobie et de violence». «Nous dénonçons également tout commentaire politique faisant l'apologie du racisme, de la haine et de la violence. L'année dernière, c'était un immigrant, demain ce pourrait être n'importe quel autre groupe», a alerté l'association, qui espère «une peine exemplaire». La demande d'ATIM arrive dans un contexte de flambée de violence raciste en Espagne. Le meurtre de Younes Blal a été le troisième de l'année 2021 à viser des Marocains dans le pays ibérique.