Inflation : Légère hausse de l'IPC en octobre    Cours des devises du vendredi 21 novembre 2025    Changement climatique : Le Maroc 6e au classement mondial CCPI-2026    Aquaculture marine : 300 fermes autorisées (M.Baita    Sahara : La Sierra Leone réaffirme son soutien au Maroc et salue la résolution 2797    Chambre des Conseillers : séance plénière mardi consacrée aux questions orales au Chef du gouvernement    À Rabat, l'Afrique s'unit pour désarmer et réintégrer les enfants soldats    Australie: Meta va bloquer l'accès des moins de 16 ans à Facebook et Instagram le 4 décembre    Trump va rencontrer vendredi le maire élu de New York, le socialiste Zohran Mamdani    Foot: Les lauréats des CAF Awards 2025    Classement FIFA: le Maroc reprend la 11e place mondiale    Coupe Arabe (Qatar 2025): Tarik Sektioui dévoile vendredi la liste des joueurs retenus    Mr. ID dévoile ASKI, une immersion artistique au cœur des musiques du Sud marocain    Le Bloc-Notes de Hassan Alaoui    SADC : Le Maroc poursuit son dialogue avec la Tanzanie, un pays qui reconnaît la «RASD»    Aide aux éleveurs : Plus de 3 MMDH versés à 756.000 bénéficiaires    Le Niger inscrit sa position dans l'Histoire : Le Sahara est marocain et l'autonomie constitue la solution définitive    Le RNI valide sa contribution à la mise à jour de l'initiative d'autonomie et salue la démarche royale    Guelmim : Un total de 117 ans de prison après les émeutes suivant les manifestations de GenZ    Près d'une femme sur trois a subi des violences conjugales ou sexuelles dans sa vie, selon l'OMS    L'armée pakistanaise annonce avoir tué 23 insurgés à la frontière afghane    Trump signe la loi pour rendre le dossier Epstein public    Ceuta : Pedro Sánchez se rend au nouveau terminal maritime du port    L'armée algérienne tue des orpailleurs sahraouis des camps de Tindouf    El Hajeb : Inauguration d'une station de traitement des eaux usées pour plus de 60 MDH    JSI Riyad 25 / Mercredi : le Maroc conserve la 8e place avec 22 médailles    Ballon d'Or africain : Achraf Hakimi sacré, enfin une reconnaissance largement méritée    Mondial 2026: l'Italie affrontera l'Irlande du nord en demi-finale de barrages    Mondial U17 : Nabil Baha annonce un Maroc en pleine confiance avant le choc face au Brésil    Achraf Hakimi optimiste quant à sa participation à la CAN Maroc 2025    Santé maternelle : Une Plateforme nationale au service de la vie    Injured Achraf Hakimi confident he'll be ready for AFCON 2025 kickoff    The Polisario invited to the European Union-African Union summit    Espagne : Arrestation d'un suspect de migration irrégulière recherché par le Maroc    Délinquance juvénile : vers une nouvelle philosophie pour la justice des mineurs    Vague de froid : Quand l'air polaire bouleverse notre hiver [INTEGRAL]    El Jadida: la perpétuité pour un pari mortel    Oualidia : L'Association "Rouh Amir" met l'urgence au services médicaux    Sonasid : Ayoub Azami succède à Saïd Elhadi    La Chambre de Commerce du Maroc en Italie (CCMI) inaugurée à Rome    Indice mondial du savoir 2025 : le Maroc face au défi du capital intellectuel    Rabat accueille la 12e édition du Festival Visa for Music    « Santa Claus, le lutin et le bonhomme de neige » : un spectacle féerique pour toute la famille au cœur du pôle Nord    Patrimoine : le caftan marocain en route vers l'UNESCO    Attaques jihadistes. Alerte maximale au Nigeria    Be Magazine : Rabat se fait une place méritée dans les grandes tendances du voyage    PAM: Pas moins de 318 millions de personnes pourraient être confrontées à une crise alimentaire en 2026    Festival International du Film de Marrakech: la composition du jury de la 22e édition dévoilée    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Philosophie politique : Un Maroc réenchanté ?
Publié dans Yabiladi le 15 - 11 - 2012

Depuis la victoire du Parti Justice et Développement (PJD), Abdelilah Benkirane ne cesse de nous rappeler, qu'au Maroc, nous ne vivons pas dans un monde rationnel.
On se souvient qu'en abordant le thème du chômage lors d'un de ses discours au Parlement, Benkirane a proposé aux diplômés chômeurs, véritables épines dans le pied du gouvernement, de prier Dieu pour qu'ils obtiennent un emploi. Sur les réseaux sociaux, l'intervention du chef de gouvernement a pris la forme d'une simple anecdote, d'une plaisanterie supplémentaire. Cette intervention n'a rien d'anecdotique, elle est révélatrice du caractère populiste du leader du PJD. «Chassez le naturel, il revient au galop», une nouvelle fois Abdelilah Benkirane n'a pas su se dévêtir de son habit de religieux pour endosser le costume de leader de la coalition gouvernementale. Benkirane, frappe une nouvelle fois, quelques semaines plus tard, en annonçant lutter contre des «démons» qui s'opposeraient continuellement à toutes tentatives de réformes. A malin, malin et demi : Mustapha Bakkoury, Secrétaire général du Parti Authenticité et Modernité (PAM) rétorque : «Etant enfants, on nous a appris que les djinns sortaient des lampes», faisant ainsi référence au symbole du parti islamiste. Le chef du groupe parlementaire du PJD Abdellah Bouanou n'est pas en reste lorsqu'il évoque la présence de «crocodiles» dans le champ politique marocain. Se pose donc la question de la transparence, de la quête de la vérité. Qui sont ces crocodiles et ces démons qui empêcheraient aux réformes de s'installer, et ce malgré toute la bonne volonté d'un gouvernement compétent et désireux d'amener le Maroc vers l'avant ? Abdelilah Benkirane et ses compagnons sont ils en train de «berner» l'opinion public ou sont ils les otages d'un monde parallèle et fabuleux dont ils sont les créateurs ?
Le discours politique de Benkirane est une remise en cause constante et systématique de la théorie du «désenchantement du monde», cher au sociologue Max Weber. En effet, selon Webber, le désenchantement du monde est le recul des croyances religieuses (ou magiques) comme unique explication des phénomènes au profit d'explications scientifiques et rationnelles. Le discours religieux d'Abdelilah Benkirane et des députés islamistes relègue ainsi au second plan les questions économiques et sociales d'un Maroc touché par une crise multiforme indéniable. A travers ses interventions publiques, Abdelilah Benkirane renforce son caractère «prophétique» auprès des classes les plus défavorisées et d'une tranche de la population marocaine, assez naïve pour croire en la «formule magique» du chef de gouvernement. Benkirane, à l'instar de son camarade tunisie Ghannouchi, est la preuve vivante qu'il est extrêmement imprudent et parfois même dangereux d'instrumentaliser la religion à des fins politiques. Une nouvelle preuve se trouve dans le dernier «Grand oral» de Benkirane à la Chambre des Conseillers où il n'a cessé, pendant presque une heure, de citer sourates après sourates. Certes, l'Islam est la religion d'Etat au Maroc. Certes, le Coran est un puits de savoir et de sagesse. Mais nous attendons autre chose qu'une causerie religieuse de la part d'un chef de gouvernement !
A l'heure où le Parlement débat du projet de loi de finances 2013, il n'est pas inutile de rappeler les conditions difficiles dans lesquelles vivent certains de nos compatriotes. Le chef de gouvernement ne peut ignorer leurs souffrances, et le simplisme avec lequel son gouvernement aborde la question des réformes et de la «crise» est déconcertant pour l'ensemble des marocains touchés par le chômage, la précarité et les difficultés économiques et sociales. Après plus de neuf mois «d'essai» pour le nouveau gouvernement, nous pouvons affirmer que la bataille pour la compétitivité économique du Maroc n'est pas une priorité pour Abdelilah Benkirane. Et ce bien que les Marocains aient montré lors des dernières élections législatives qu'ils désiraient de profonds changements, notamment sur le plan économique et social. Les Marocains veulent vivre dans un monde rationnel, un monde où ils peuvent trouver des réponses réalistes à leurs inquiétudes, à leurs interrogations, un monde où leur chef de gouvernement donne des réponses concrètes aux enjeux et défis qui lui incombent, sans s'en remettre constamment à Dieu et sans «prendre en otage» notre religion. A l'approche des prochaines échéances électorales, les «créatures magiques», produits de l'imagination débordante de Benkirane, apparaissent comme les derniers remparts du chef de gouvernement face aux critiques de ses adversaires politiques, qui lui reprochent son manque de vision et l'absence de réformes. Ce projet de loi de finances 2013 manque d'audace, de vision. Il laisse une nouvelle fois les marocains seuls face à leurs tristes destins. L'opposition, le patronat, la société civile, les marocains résidant à l'étranger, l'ensemble de ces acteurs s'accordent pour dénoncer le manque de démarche participative, de dialogue, de pédagogie et de lucidité de la part du gouvernement dans la préparation du PLF. Un projet qui manque d'innovation et qui ne pourra servir de levier à une croissance qui ne cesse de chuter, un projet qui ne pourra satisfaire les attentes d'une population et d'une jeunesse qui souffre du chômage massif, un projet qui n'aidera en rien certaines de nos régions, les plus reculées et les moins insérées dans la dynamique économique.
Si Abdelilah Benkirane veut apparaitre comme un Homme d'Etat aux yeux des Marocains, il devra dépasser les conclusions simplistes, les chimères et les incantations pour (enfin) gouverner réellement, sincèrement, sans effets d'annonces, sans sensationnel.
Gouverner, c'est prévoir et c'est agir. Au de-là du discours populiste auquel Benkirane et ses ministres nous ont habitué depuis neuf mois, le gouvernement doit se saisir des dossiers brûlants, comme celui des diplômés chômeurs, de la caisse de compensation, animé d'un sens de l'action, du devoir et du service de l'Etat. Quant à nous, citoyens, si nous voulons «désenchanter» le Maroc, il faudra faire preuve de vigilance citoyenne, de lucidité et de courage.
« Tout nouveau pouvoir est propice aux malentendus : effets d'annonce et premiers frissons créent une sorte d'état d'apesanteur, d'état de grâce ; tous les espoirs semblent permis, la cloche médiatique battant la campagne avant de sonner le réveil des réalités. Mais tout gouvernement qui cède à cette tentation de la facilité ne peut espérer gouverner durablement.» Dominique de Villepin


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.