Deux jours avant la Journée mondiale de la population, le HCP et l'UNFPA au Maroc ont dévoilé des chiffres parlants concernant la fécondité dans le monde et dans le pays. Il en ressort une tendance baissière globale, mais qui trouve ses raisons profondes dans une combinaison de facteurs socio-économiques. Au Maroc, 33% des personnes âgées de plus de 50 ans ont eu moins d'enfants que désiré. Près de la moitié (47%) invoquent des raisons de contraintes financières derrière cette limitation. Ces chiffres ont été dévoilés par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) dans le pays et le Haut-Commissariat au Plan (HCP), à l'occasion de la Journée mondiale de la population, célébrée le 11 juillet de chaque année. Lors d'un événement conjoint, mercredi à Rabat, ces données ont été présentées avec le Rapport onusien sur l'état de la population mondiale. Selon un communiqué, les statistiques de fondent sur «des travaux de recherche universitaire et sur de nouvelles données issues d'une enquête UNFPA/YouGov réalisée dans 14 pays, dont le Maroc». Intitulé «La véritable crise de la fécondité : La quête du libre arbitre en matière de procréation dans un monde en mutation», le document éclaire sur une tendance mondiale, dont le pays est concerné. En effet, «des millions de personnes à travers le monde ne sont pas en mesure d'avoir le nombre d'enfants qu'elles souhaitent, non par rejet de la parentalité, mais en raison d'obstacles économiques et sociaux», fait-on savoir. Une baisse accompagnée par un vieillissement de la population Il ressort de ces données qu'au Maroc, les personnes ont tendance à enfanter moins et à vivre plus longtemps. A ce titre, l'événement a été l'occasion de «nourrir la réflexion autour des dynamiques démographiques contemporaines et des défis qu'elles soulèvent», notamment à la lumière des résultats du septième Recensement général de la population et de l'habitat (RGPH), réalisé par le HCP en septembre 2024. Dans sa présentation «Situation et perspective démographiques au Maroc», l'institution a souligné que le Maroc était «en voie d'achever sa transition démographique» pour converger «vers un modèle similaire à celui des pays avancés». Ce modèle se caractérise par «un ralentissement progressif de la croissance naturelle de la population, résultant d'une baisse rapide de la fécondité et d'une augmentation de l'espérance de vie». Les principales raisons de cette tendance au Maroc sont liées à aux facteurs directs que sont le mariage et la contraception, mais aussi l'amélioration du statut de la femme, ainsi que les services de santé. Le HCP mentionne aussi les changements familiaux, la transformation des valeurs sociales et familiales, ainsi que les pressions économiques. En l'espèce, le HCP a souligné que l'évolution des personnes âgées suivra un rythme annuel positif de 3%, durant la période 2024-2030. Ainsi, le nombre de ces personnes passera de 5,1 millions en 2024 à 6,1 millions en 2030, avec «une proportion 15,4% au lieu de 13,8% en 2024». Autrement dit, 1,4 millions de personnes seront âgées de plus de 75 ans en 2030, contre 1,1 millions en 2024, avec «un vieillissement plus intense dans les villes». Il ne s'agit pas d'un «effondrement démographique» La situation du Maroc est représentative du constat à l'échelle globale, où ces transformations sont accompagnées d'une «hausse des besoins en santé reproductive, en éducation, et en intégration socioéconomique». Autant de «signaux de changement – pas de déclin», qui appellent «à une action audacieuse, et immédiate», selon Marielle Sander, représentante de l'UNFPA. Dans son allocution, la responsable onusienne explique ainsi que «contrairement aux gros titres alarmistes sur un effondrement démographique», le rapport mondial «rappelle que le véritable enjeu n'est pas le nombre d'enfants que les gens ont – mais les raisons pour lesquelles ils n'ont pas autant d'enfants qu'ils le souhaiteraient». «Le Maroc, comme beaucoup d'autres pays, se trouve à un tournant démographique. Les dernières données du recensement confirment ce que nous percevons déjà : la fécondité baisse, la population vieillit, l'urbanisation s'accélère, les familles deviennent plus petites et plus diversifiées», a rappelé Sander. «Il faut investir dans l'éducation, en particulier celle des filles. Il faut combler le fossé entre les genres dans l'emploi, alors que la participation féminine est encore inférieure à 17%. Il faut garantir à chaque adolescent l'accès à l'information et aux services de santé sexuelle et reproductive, afin que la première grossesse soit un choix – et non une conséquence.» Marielle Sander La rencontre a connu la présence d'experts de l'Université Mohammed VI polytechnique (UM6P), de l'Organisation du monde islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (ICESCO), de l'Institut royal des études stratégiques (IRES), de l'Université Mohammed V de Rabat ainsi que du Policy Center for the New South. Les analyses croisées ont ainsi enrichi les débats et permis d'«identifier des pistes d'action porteuses en matière de politiques de population». Par ailleurs, cette journée a été marquée par la célébration du cinquantenaire de la présence de l'UNFPA dans le royaume. À cette occasion, un visuel de l'institution onusienne a été lancé, rendant hommage «au dialogue intergénérationnel, aux liens familiaux solides et à la richesse culturelle du Maroc».