Les discours triomphalistes du Polisario sur «l'occupant marocain» ne font plus recette dans les camps de Tindouf. A visage découvert, des Sahraouis critiquent la ligne politique suivie par le Front, mais tout en veillant à épargner l'Algérie. Le communiqué clôturant la 7e session ordinaire du secrétariat général du Polisario, tenue les 5 et 6 juillet, n'a pas eu l'impact espéré. Les appels à une refondation du mouvement se multiplient, y compris parmi les habitants des camps de Tindouf. Plusieurs articles publiés ce lundi 14 juillet par des médias proches de la ligne politique du Front en témoignent. Les auteurs de ces articles ont notamment critiqué «l'absence d'une évaluation de la guerre contre l'occupant marocain», lancée le 13 novembre 2020, en réponse à l'intervention des Forces armées royales (FAR) pour libérer le passage d'El Guerguerate, bloqué durant des semaines par des éléments du Polisario. Lors de la 4e session de la même instance en avril, Brahim Ghali avait pourtant promis «une intensification de la guerre» et annoncé des «victoires sur le terrain», rappelle la revue Futuro Sahara. Des promesses non tenues Un article publié par un autre média du Polisario a critiqué l'absence, dans le communiqué final de la 7e session du secrétariat général, de toute mention quant à la «série du chaos sécuritaire» qui sévit depuis des années dans les camps de Tindouf, en toute impunité. Le dernier épisode de cette série s'est produit en avril, comme le montre cet affrontement armé entre gangs. «L'émergence de réseaux de trafic de drogue, de contrebande et de crime organisé, ainsi que la prolifération incontrôlée des armes, a bénéficié de l'absence de mesures fermes de dissuasion ou d'une stratégie sécuritaire claire», déplore la même source. Elle condamne également la politique traditionnelle du Polisario, qui consiste à «accuser des parties étrangères» de ses échecs sur les scènes intérieure et extérieure. «Cette ligne risque de gravement nuire à la popularité de la direction auprès de sa base et d'approfondir le fossé entre le discours et la réalité.» Dans son communiqué, le secrétariat général du Polisario a surtout exhorté les Nations unies à «honorer leurs engagements en faveur de la décolonisation au Sahara occidental», mis en garde contre «les manœuvres de l'occupant marocain visant l'unité du peuple sahraoui» et revendiqué «le droit du peuple sahraoui à combattre l'occupation par tous les moyens et sur l'ensemble de son territoire occupé». En revanche, la question de la démocratisation interne et de l'ouverture sur la jeunesse n'a pas été abordée, ni dans le texte du 6 juillet ni dans le discours d'ouverture de Brahim Ghali la veille. Deux promesses phares de ce dernier lors de sa réélection au 16e congrès de janvier 2023. Il y a deux mois, des membres du Polisario ont signé une pétition appelant à l'organisation d'un congrès extraordinaire pour élire une nouvelle direction. Depuis, cette initiative a disparu des radars. Ses promoteurs, y compris son principal auteur Bachir Mustapha Sayed, n'en parlent plus sur les réseaux sociaux. Tous ont les yeux rivés sur l'Algérie et sur la Chambre des représentants des Etats-Unis, où la proposition de loi réclamant l'intégration du Polisario sur la liste américaine des organisations et personnalités terroristes se faiy menaçante.