La Cour suprême du Brésil a rejeté les accusations formulées par le président américain Donald Trump, affirmant qu'« il n'y a aucune persécution au Brésil aujourd'hui » et que la récente décision de Washington d'imposer une taxe de 50 % sur les produits brésiliens reposait sur « une compréhension erronée des faits ». Dans une lettre rendue publique dimanche soir, le président de la Cour, Luis Roberto Barroso, a estimé qu'il était de son devoir de « dresser un tableau factuel et objectif de la réalité », après que Trump a justifié ces lourdes barrières douanières en évoquant les poursuites contre l'ex-président Jair Bolsonaro pour tentative présumée de coup d'Etat, ainsi que des mesures judiciaires visant certains de ses partisans établis aux Etats-Unis. La semaine dernière, Trump avait adressé une missive au président Luiz Inacio Lula da Silva, dénonçant ce qu'il qualifiait de « chasse aux sorcières » orchestrée par le Brésil. Barroso a rappelé qu'à partir de 2019, le Brésil avait été confronté à une série d'attaques et de menaces graves contre la démocratie : tentative d'attentat à la bombe à l'aéroport de Brasilia, tentative d'explosion au siège même de la Cour suprême, tentative d'invasion de la police fédérale, propagation de fausses accusations de fraude électorale lors de la dernière présidentielle, modification d'un rapport militaire qui avait pourtant confirmé l'intégrité des urnes électroniques, menaces contre la vie et l'intégrité physique de juges, demandes de destitution, ainsi que des campements de milliers de manifestants devant les casernes pour réclamer la destitution du président élu. Lire aussi : Trump frappe le Brésil d'une surtaxe de 50% pour défendre Bolsonaro Le président de la Cour a aussi évoqué une plainte du procureur général de la République selon laquelle, lors de cette tentative de coup d'Etat attribuée à Bolsonaro, il existait un plan visant à assassiner Lula, son vice-président Geraldo Alckmin et le juge Alexandre de Moraes, membre influent de la Cour suprême. « Il a fallu un tribunal indépendant et vigilant pour éviter l'effondrement des institutions, comme cela s'est produit dans plusieurs pays, de l'Europe de l'Est à l'Amérique latine », a souligné Barroso. Il a assuré que les procédures en cours, engagées pour divers crimes contre l'Etat démocratique de droit, respectent scrupuleusement le droit au procès équitable, « avec une transparence absolue à toutes les étapes du jugement », des audiences publiques retransmises à la télévision et suivies par les avocats, les médias et la société. Barroso a également balayé tout soupçon de censure, affirmant que les décisions de la Cour visaient précisément à protéger la liberté d'expression. Il a cité en exemple la récente décision encadrant la responsabilité des réseaux sociaux pour les contenus illégaux publiés par leurs utilisateurs, qu'il a qualifiée de « solution modérée, moins stricte que la régulation européenne, garantissant la liberté d'expression, la liberté de la presse, la liberté d'entreprendre et les valeurs constitutionnelles ». Ce plaidoyer intervient alors que les tensions commerciales entre Brasilia et Washington s'enveniment, la loi brésilienne sur la réciprocité économique autorisant déjà de potentielles mesures de rétorsion.