La culture du kif s'est frayée, aujourd'hui, un chemin à la Chambre des représentants. L'approche tout-sécuritaire est la cible des critiques de certains députés. Le ministre de l'Intérieur s'est dit prêt à ouvrir un dialogue afin d'élaborer une nouvelle politique, notamment vis-à-vis des agriculteurs. «Il n'y a pas de solution magique au problème du kif». Les propos émanent de la bouche même du ministre de l'Intérieur, Mohamed Hassad, lors de la session hebdomadaire des questions orales à la Chambre des représentants, ce matin. «La culture du kif au Maroc n'est pas une nouveauté, elle remonte au 15e siècle», a-t-il assuré. Un député du PAM en a alors profité pour surenchérir et la faire remonter au 10e siècle. «Certes notre politique visant à combattre les trafiquants de drogue n'a pas changé», a affirmé le ministre en se justifiant avec «l'augmentation, durant cette année, des saisies de 40% par rapport à 2012». En revanche vis-à-vis des agriculteurs, il s'est voulu plus conciliant en reconnaissant qu'il fallait fournir un effort pour les «sensibiliser amicalement» aux dangers du kif. Mais dans sa réponse, le ministre a tout de même fait savoir, de manière indirecte, que les campagnes d'éradications de cette culture que mènent, depuis des années, les autorités locales n'ont pas donné les résultats escomptés en révélant des cas de «récidive». Des arrestations sélectives Réagissant à la réponse du ministre, une députée du parti de l'Istiqlal s'est dite offusquée des «interpellations sélectives» dans les rangs des agriculteurs opérées par les gendarmes à Al Hoceima et Chefchaouen à la suite de plaintes souvent de mauvaise foi. Une anomalie qui, selon elle, bénéficie largement à la mafia des barons de la drogue. Bien qu'il ait tenu à exprimer son désaccord avec les propos de la parlementaire, le ministre de l'Intérieur a renvoyé la balle dans le camp de son collègue de la Justice, Mustapha Ramid, qui a la responsabilité du parquet. Reprenant la parole la députée istiqlalienne a appelé à l'adoption d'une nouvelle politique impliquant la participation des résidents dans les régions connues pour la culture du kif. En revanche, son collègue du PAM a été beaucoup plus critique estimant que l'approche sécuritaire avait clairement échoué. «Le Karkoubi est plus grave que le kif» Mohamed Hassad n'a pas laissé l'occasion filer pour faire une comparaison entre le kif et le karkoubi, un psychotrope introduit en grande partie d'Algérie via la contrebande. Selon le ministre de l'Intérieur, ce genre de drogue de synthèse est plus grave sur la santé que le kif. A cet égard, il a révélé que les services de contrôles (douanes, gendarmerie et police), ont réussi à saisir durant les onze premiers mois de l'année, 414 mille unités de karkoubi. Un type de drogue qui alimente davantage la tension diplomatique entre le Maroc et l'Algérie.