Le réseau satellitaire Starlink, conçu par la société américaine SpaceX, s'implante à vive allure sur le continent africain. Plus de vingt pays ont déjà ouvert leur spectre aux satellites en orbite basse (LEO) du groupe d'Elon Musk, transformant des zones jusque-là enclavées en territoires connectés. En dépit de cette dynamique continentale, le Maroc n'a toujours pas accordé d'autorisation à l'opérateur spatial et ne figure sur aucun calendrier public de lancement, affirme un récent rapport très documenté. Depuis 2020, Starlink s'est imposé comme une solution de contournement face aux insuffisances chroniques des réseaux terrestres. En Afrique, le service est d'ores et déjà disponible dans des Etats tels que le Nigéria, le Kenya, le Ghana, la République démocratique du Congo ou le Malawi. Ces lancements ont, dans de nombreux cas, été facilités par des ententes locales, des exonérations fiscales ou des procédures de régulation allégées, permettant un accès rapide aux bandes de fréquences nécessaires. Une expansion continentale soutenue Entre 2023 et 2025, plus d'une quinzaine de nouveaux marchés africains ont vu l'entrée en service de Starlink. Le réseau est désormais actif du Bénin au Mozambique, en passant par le Rwanda, le Botswana ou la Sierra Leone. Plusieurs gouvernements y ont vu un instrument de premier ordre pour améliorer les services publics essentiels : télé-enseignement, télémédecine, couverture numérique de l'administration locale. Même des pays confrontés à des situations sécuritaires critiques, comme le Niger ou la Somalie, ont pu autoriser le service, parfois en partenariat avec des opérateurs intermédiaires ou des ONG, dans le but de desservir des zones sensibles ou isolées. L'exception marocaine À ce jour, aucune déclaration publique de l'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) ne mentionne une autorisation en cours d'examen. Le dossier Starlink ne figure dans aucun rapport ni dans les consultations ouvertes aux parties prenantes. Ce silence contraste avec la célérité affichée par de nombreux régulateurs africains, même dans des contextes institutionnels fragiles. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette réserve marocaine. L'arrivée d'un acteur satellitaire étranger, non soumis aux obligations classiques imposées aux opérateurs locaux (notamment en matière de couverture du territoire, d'interconnexion, de fiscalité ou de contrôle du trafic), pourrait bouleverser les équilibres économiques du secteur. La nature extra-terrestre du service, déployé sans infrastructure locale au sol, rend son encadrement juridique et technique plus complexe. Le régulateur peut également s'interroger sur les implications stratégiques d'un tel accès direct à l'espace hertzien national par une entité étrangère, sans relais institutionnel local. Dans un contexte où la souveraineté numérique est devenue un enjeu central, toute décision en ce sens supposerait une révision préalable des cadres législatifs en vigueur. Ce positionnement précautionneux isole toutefois le royaume de la tendance continentale, y compris à l'égard de voisins tels que la Mauritanie, le Sénégal et la Tunisie où des processus de validation sont en cours. En l'absence d'évolution réglementaire, le Maroc demeure, pour l'heure, à l'écart de l'architecture satellitaire en expansion rapide sur le continent.