La noyade des immigrants subsahariens près de Ceuta, le 6 février dernier, reste un dossier épineux aux mains des autorités espagnoles. La Garde Civile a même insinué que le Maroc s'est désintéressé de certains cadavres après les avoir localisés en mer. Selon un rapport, le premier corps retrouvé dans la partie espagnole pourrait avoir été détecté «dès le 6 février dans les eaux marocaines». Ce qui laisse croire que le Maroc aurait abandonné certains corps pendant des jours en mer. Explications. Après les chiffres contradictoires annoncés au lendemain de la noyade d'une quinzaine de migrants subsahariens lors d'une tentative pour rejoindre l'enclave de Ceuta, place maintenant aux insinuations. La Garde civile espagnole prétend que le Maroc aurait laissé certains corps pendant des jours dans les eaux alors que les patrouilleurs les avaient bien localisés. Selon El Diario, le ministre de l'Intérieur espagnol, Jorge Fernández Diaz, n'avait pas mentionné ce détail dans un document daté du 13 février dernier. Et pour cause, les autorités espagnoles voulaient éviter toute dégradation des relations avec le voisin marocain. Selon le document, la divergence au niveau des chiffres ne serait pas due à une erreur lors du décompte des cadavres, loin de là. En effet, le 7 février, le Maroc avait communiqué au Centra Opérationnel des Services (COS) la découverte de quatre corps dans les eaux proches de la frontière avec Ceuta. Avec ces quatre corps, la majorité des médias, y compris El Diario, publiait alors un chiffre de 13 morts. Mais ce chiffre a rapidement été revu à la baisse et le Maroc avait alors annoncé le bilan officiel de 9 victimes. Le jour suivant, suite à l'apparition du premier cadavre dans les eaux espagnoles, la Délégation du gouvernement de Ceuta confirmant le bilan affirmant qu'il s'agissait du dixième immigrant retrouvé. «Nous avions seulement confirmé la découverte de neuf corps, nous ignorons d'où venait l'information d'un chiffre aussi élevé», indiquait la délégation à la même source. Cinq corps abandonnés en mer par le Maroc ? Alors comment peut-on expliquer les chiffres annoncés au départ et ceux officiels. Selon une autre version, quatre à cinq cadavres auraient été laissés en pleine mer alors que les forces de sécurités des deux pays les avaient bien localisés. «Cinq autres cadavres sont restés en mer. L'un deux s'est échoué sur la côte ceutienne suite aux effets de la marée du 8 février. Les autres ont été retrouvés le 9 février près de la jetée de Ceuta» «(...) depuis le 7 février, les autorités des deux pays connaissaient l'existence de ces corps flottant dans l'eau, mais elles n'avaient pas procédé à leur repêchage», souligne un document présenté par des ONG. Une question se pose du côté espagnol : «La Garde civile savait-elle où se trouvaient les corps ?» Les sources ibères datées du 22 février sont en tout cas revenues sur ce point. Selon El Confidential, les forces de sécurités marocaines avaient localisés les corps, mais ont indiqué qu'ils se trouvaient dans la partie espagnole. Ce qui suppose qu'elles ne pouvaient pas procéder à la récupération des cadavres. Pour El Mundo, la Garde civile a mis à la disposition des autorités marocaines une équipe de plongeurs et un bateau de sauvetage pour déclencher l'opération, mais le Maroc a décliné l'offre. Mais les ONG affirment que la Garde civile n'a pas procédé au repêchage bien qu'elle avait localisé les cadavres. «Nous sommes sûrs que la Garde civile avait localisé la position exacte des corps, sans qu'elle n'ait procédé à la récupération», dénonce le même document. L'Intérieur espagnol étouffe toute polémique Pour l'instant, il est encore difficile de savoir de quel côté est la vérité. Ce qui est sûr, c'est que l'Espagne marche sur des oeufs avec ce dossier épineux. Les chiffres divergents et les soupçons de corps abandonnés en mer ont conduit El Diario à demander des clarifications au ministre de l'Intérieur Espagnol. Seulement, Jorge Fernànadez Diaz, habitué à défendre la Garde civile, n'a pas voulu se prononcer sur cette affaire. La semaine dernière, le ministre avait effectué une visite à Ceuta, mais n'avait pas clairement évoqué les corps abandonnés en mer. «Depuis le premier jour, on a dit qu'il y aurait 15 morts. Dans les jours suivants, les corps sont apparus dans un côté et dans l'autre mais, à partir de là, je ne vais pas juger le comportement des autorités marocaines», a souligné, Fernández Díaz.