Le procès en révision de Brahim El Jabri et Abdelkader Azzimani, inculpés pour le meutre d'Azouz Jhihal en 1997, s'est ouvert hier jusqu'à jeudi. Une audience historique puisque les deux hommes pourraient être reconnus innocents dans cette affaire. C'est la troisième fois qu'ils sont jugés pour ce meurtre, qu'ils ont toujours nié. Brahim El Jabri et Abdelkader Azzimani pénètrent dans la grande salle de la cour d'assises du Gard à Nîmes. Pour la première fois, ils comparaissent libres et se placent face au box des accusés. Dix ans après leur condamnation pour le meurtre dAzouz Jhilal en 1997 à Lunel (Hérault), leur procès en révision s'est ouvert lundi, pour une durée de trois jours. Les deux compagnons d'infortune espèrent être acquittés de manière formelle. Après 13 et 11 ans de détention, le verdict annulé en mai 2013 C'est la troisième fois qu'ils comparaissent devant la justice. A deux reprises, Brahim et Abdelkader, qui ont respectivement passé 13 et 11 ans derrière les barreaux, ont été condamnés à vingt ans de réclusion criminelle. Pourtant, ils n'ont cessé de clamer leur innocence malgré la pression exercée par la famille de la victime, qui les considère encore comme des «coupables». La partie civile dit avoir suffisamment de preuves pour les faire croupir en prison en tant que commanditaire du meurtre, mais elles ne sont jamais arrivées jusqu'au bureau du procureur. Mais un évènement sans précédent va bousculer la procédure judiciaire. En 2011, le corps de la victime est soumis à une énième autopsie, qui révèle la présence d'un ADN qui mènera à deux autres suspects : Michel Boulma et Bouziane Helaili. Ces derniers avouent alors le crime et sont condamnés à leur tour, ce qui disculpe Brahim et Abdelkader. La cour de révision décide de casser les sentences d'Azzimani et El Jabri, et la peine de 20 ans de réclusion est annulée en mai 2013. «Tout est fait pour vous détruire» La victoire est amère pour les deux comparses, qui sortent affaiblis de leur long séjour en prison. «J'ai attrapé la tuberculose… Là-bas, tout est fait pour vous détruire» a raconté avec émotion Brahim, au micro de BFM TV. Avant d'ajouter : «j'ai quitté ma fille à 5 ans, elle est maintenant au collège». Quant à Abdelkader, il se montre plus serein mais la douleur reste intacte : «j'aurais tellement voulu que mon père soit encore là». La justice française se montre intransigeante dans les affaires d'homicide : il est très rare d'être acquitté lors d'un procès en révision. Depuis 1945, moins d'une dizaine d'erreurs judiciaires ont été officiellement reconnues. La réhabilitation de Brahim et Abdelkader deviendra, peut-être, historique. S'ils sortent officiellement blanchis de ce troisième procès, les deux compères pourront alors entamer les démarches pour demander une indemnisation.