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L'autre récit de Mahjoub Salek #3 : «L'Algérie a armé le Polisario pour barrer la route à Kadhafi»
Publié dans Yabiladi le 30 - 04 - 2018

Dans cet entretien en épisodes, Yabiladi part à la rencontre de Mahjoub Salek, l'un des fondateurs du Polisario, qui évoque la création du Front, sa fuite des camps de Tindouf, puis la génèse de «Khat Achahid» en 2004.
Après avoir été ouvertement soutenu par le colonel libyen Mouammar Kadhafi, le Polisario va compter sur Tripoli pour s'équiper en armement. Plus tard, son fondateur, Ouali Sayed, s'entretiendra à Alger avec l'ancien président algérien, Houari Boumediene. C'est ce que nous relate l'ancien membre-fondateur du Front Polisario et initiateur du mouvement «Khat Achahid», Mahjoub Salek, dans le troisième épisode de cet entretien hebdomadaire.
Dans un premier temps, Alger ne s'est effectivement pas engagée à armer le mouvement. C'est la raison qui a poussé Ouali Sayed à demander le soutien de Tripoli. Mahjoub Salek nous l'explique :
«Non seulement Mouammar Kadhafi était prêt à armer le Polisario, mais il voulait en faire un véritable noyau de révolution populaire contre tous les régimes du Maghreb. Ainsi, il avait déclaré à Ouali Sayed qu'il n'avait aucun inconvénient à s'engager en soutien au Front, mais que l'hégémonie de l'Algérie sur la région pouvait rendre les choses difficiles.»
Au cœur des rivalités régionales entre l'Algérie et la Libye
Le colonel libyen a tenté d'abord de faire passer les armes par le biais de Ghadamès, région frontalière avec la Tunisie et l'Algérie. Mais cette première manœuvre a été avortée, lors que la livraison a été interceptée par les autorités à Borj Mokhtar (sud d'Algérie). Les armes ont été saisies et Ouali Sayed a tenté de s'en procurer par le biais de la Guinée Bissau, alors secouée par une révolution contre la colonisation portugaise.
En revanche, la tentative a de nouveau été mise en échec au niveau du fleuve du Sénégal. Par la suite, «Ouali Sayed demandera à Mouammar Kadhafi de dissimuler les armes dans des colis diplomatiques et de les envoyer à bord d'un avion à destination de Nouakchott», nous explique encore Mahjoub Salek.
Le colonel libyen a redouté que cette livraison ne soit détournée en cours de route et qu'elle n'arrive tout simplement pas entre de bonnes mains, «la région étant embrasée par les conflits armés», rappelle Mahjoub Salek. C'est ce à quoi Ouali Sayed va rétorquer :
«Si vous êtes des révolutionnaires et que vous souhaitez libérer le Sahara, livrez-nous les armes et nous nous chargerons du reste.»
Après quoi, le chef de file du Polisario a reçu une première livraison d'armes, récupérée à l'ambassade de Libye à Nouakchott puis transportée au nord de Zouiate, où elle a été distribuée aux combattants. Dans ce sens, Mahjoub Salek se rappelle du 20 mai 1974, jour où «le Polisario a, pour la première fois, visé l'armée espagnole par des tirs la prenant de court, surtout que les soldats ibériques n'avaient jamais vu un matériel aussi sophistiqué chez leurs ennemis».
Aussitôt, l'Espagne a exprimé sa colère auprès de l'Algérie, pensant que cette dernière avait armé les hommes de Ouali Sayed, ce qu'Alger a nié. Lorsque Houari Boumediene a appris la nouvelle en se demandant comment le Polisario s'était procuré une telle quantité d'armements, il a décidé de convoquer le leader du Front.
L'Algérie reprend la main
«Atterri à Tindouf depuis l'aéroport de Boufarik, un avion l'a conduit à Alger où il a dormi à l'hôtel de Genève. Le lendemain à 10 heures, les deux hommes se sont rencontrés pour un entretien au Palais présidentiel», rappelle Mahjoub Salek.
«Avant même de s'installer, Houari Boumediene lui a posé la question sur la provenance des armes dont ses hommes étaient en possession», continue notre interlocuteur. Et d'ajouter :
«Le chef du Polisario lui a expliqué que nous faisons face à une force colonisatrice et que nous devions nous fournir en armement là où nous pourrions le trouver, quitte à s'allier avec le diable. Le président a donc affiché plus de retenue, se rappelant qu'il agissait ainsi pour libérer l'Algérie en acheminant des armes depuis le Caire. Il a proposé à Ouali Sayed de ne plus aller vers Kadhafi et qu'il se chargerait lui-même, en contrepartie, d'armer ses hommes et de mettre à leur disposition des camps d'entrainement.»
Grâce à cet appui, un premier groupe de combattants de l'armée de libération a été formé pour constituer, en février 1975, le noyau de l'armée sahraouie dont Mahjoub Salek a fait partie. «Nous étions 25 jeunes à avoir été entrainés en Algérie, où nous avions notamment appris à nous servir des armes.» En échange de ces servies, Boumediene n'osait rien demander au Polisario jusque-là, comme le souligne notre interlocuteur :
«Tant que Ouali Sayed était en vie, l'Algérie ne demandait aucune contrepartie car elle avait peur du chef du Polisario. Elle savait très bien que ce n'était pas quelqu'un à qui on donnait des ordres. Elle était également inquiète de l'hégémonie que pourrait avoir Kadhafi dans la région, si jamais Ouali Sayed faisait alliance avec lui.»
Une nouvelle feuille de route
Pour toutes ces raisons, l'ex-combattant explique qu'Alger «a tenté d'amadouer le Polisario afin qu'il ne soit pas soutenu par Kadhafi. Mais si Ouali Sayed n'avait pas d'abord demandé et eu des armes de Tripoli, l'Algérie n'aurait jamais soutenu le Front».
Quant au deuxième congrès du Polisario, tenu en 1974 dans le pays, Mahjoub Salek estime que son projet d'action ne ressemble pas à ce qui a été réalisé à long terme, mais qu'il a constitué une feuille de route pour les mois ayant suivi cette rencontre :
«C'était le premier et le dernier congrès démocratique qu'on aura vécu au sein du Front. C'était aussi le dernier qui aura connu la participation de feu Ouali Sayed. L'assemblée a vraiment travaillé sur un projet d'action nationale. L'objectif était de construire un Etat sahraoui populaire, où les citoyens participeraient activement.»
Si les choses ne se sont pas entièrement déroulées comme prévu, Mahjoub Salek indique que ce second congrès a permis de «clarifier les choses et d'avoir un grand rôle dans l'évolution que connaîtra la situation, jusqu'en août 1974…»


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