Le Maroc demeure, de loin, le premier consommateur de charbon dans le monde arabe, malgré une baisse marquée de l'utilisation de ce combustible dans la production d'électricité, selon les données les plus récentes analysées par Attaqa, organe spécialisé dans les politiques énergétiques mondiales. Une domination persistante dans la région Avec un volume de 0,27 exajoule consommé en 2024, contre 0,29 exajoule en 2023, le royaume a vu sa consommation de charbon reculer de 9,3 %. Ce repli accompagne une inflexion progressive dans le bouquet électrique national, la part du charbon étant descendue à 59,3 %, son plus bas niveau depuis 2017. Dans le même temps, l'énergie éolienne a poursuivi son ascension, représentant désormais 21,23 % de l'électricité produite au Maroc. «Le royaume demeure l'unique pays arabe où le charbon conserve une prééminence structurelle dans la production électrique», relève Attaqa, en soulignant la permanence d'infrastructures héritées de stratégies antérieures d'indépendance énergétique, aujourd'hui remises en question par les impératifs climatiques. Le classement régional place les Emirats arabes unis en seconde position avec une consommation de 0,11 exajoule (+7,3 %), bien que le pays ait cessé d'utiliser le charbon dans ses centrales électriques depuis 2022. Cette consommation émiratie, selon le rapport, reflète d'autres usages industriels, à l'écart de la production d'électricité, désormais dominée par l'atome civil et les énergies renouvelables. Evolutions contrastées dans le monde arabe Troisième au classement, l'Egypte a accru sa consommation de charbon de près de 40 % en un an, atteignant 0,07 exajoule en 2024. Les volumes restent toutefois modestes, tout comme ceux de l'Algérie et de l'Arabie saoudite, dont les consommations se sont maintenues à 0,01 exajoule chacune. Malgré leur position dans le classement, ces cinq pays ne figurent pas parmi les grands consommateurs mondiaux : la combustion du charbon dans le monde arabe reste marginale à l'échelle internationale. En 2024, la consommation planétaire de charbon a poursuivi son ascension, atteignant 165,06 exajoules, soit un quatrième record annuel consécutif, selon les estimations de Attaqa. Cependant, la tendance globale indique une inflexion : les ajouts de capacité de production électrique au charbon ont chuté à leur niveau le plus bas depuis deux décennies, totalisant 44,1 gigawatts en 2024. Ce chiffre révèle un mouvement mondial, encore hésitant, de désengagement vis-à-vis de la houille. Abandons en série des projets charbonniers Dans le sillage de la réorientation énergétique mondiale, plusieurs pays arabes ont renoncé à des projets de centrales thermiques au charbon. Le Maroc, en particulier, a procédé à la fermeture de capacités installées totalisant 165 mégawatts, tout en annulant des projets prévus pour 1,67 gigawatt. L'évolution s'inscrit dans une redéfinition du bouquet énergétique national, plus conforme aux engagements climatiques pris au niveau international. De son côté, l'Egypte a depuis 2010 annulé 15,24 gigawatts de projets charbonniers. Les Emirats arabes unis ont, quant à eux, démantelé des installations existantes d'une puissance cumulée de 1,2 gigawatt et renoncé à 5,47 gigawatts de projets en cours d'étude. D'autres pays de la région suivent une trajectoire similaire : le sultanat d'Oman a écarté des projets totalisant 1,2 gigawatt, tandis que le Soudan a annulé des projets représentant 600 mégawatts. «L'amenuisement des projets au charbon reflète moins une rupture brutale qu'un déplacement progressif des priorités énergétiques», analyse Attaqa, en insistant sur la montée des sources décarbonées dans les stratégies nationales de production électrique. Dans ce contexte, le Maroc, tout en demeurant en tête du classement arabe, amorce une lente décélération du recours au charbon, en faveur d'un bouquet où les énergies renouvelables prennent une place croissante, même si les défis techniques, financiers et logistiques restent considérables.