Karim Zidane plaide pour une coopération triangulaire Maroc–USA–Afrique    Le Chef du gouvernement préside la réunion du Conseil de surveillance du Crédit Agricole du Maroc    Hébergement touristique : le Maroc passe à la vitesse supérieure avec un nouveau référentiel de qualité    Maroc Telecom et Inwi officialisent le lancement d'Uni Fiber et Uni Tower    Les prévisions du jeudi 26 mai    Aurore Bergé salue l'engagement « très clair » du Maroc en faveur de la condition de la femme    Alerte. Vague de chaleur avec chergui jusqu'à lundi    Rabat. Le SG de l'ASEAN salue le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI    Ouganda. Museveni brigue un autre mandat    CIO. Kristy Coventry présidente    Lacs de barrage : Une campagne contre les baignades mortelles    Rétro-Verso : Quand Feu Hassan II mettait en garde contre le fanatisme...    «Marathon 25» : Huit F-16 des FAR et 5 "Rafale" français mènent un exercice tactique    Palestine : Sept soldats israéliens tués dans des combats à Khan Younès    Service militaire : les critères d'établissement des listes des conscrits du prochain contingent au menu d'une réunion de la Commission centrale    CDM. Clubs (groupe D) / J3 : Chelsea surclasse l'Espérance    CDM. Clubs (groupe D) / J3 : Flamengo accroché mais qualifié !    Coupe d'Excellence / Match de classement : Le Raja s'offre le bronze aux tirs au but    À San Salvador, Ould Errachid salue le soutien du PARLACEN à la souveraineté du Maroc sur son Sahara    Politique monétaire : Le statu quo dans un contexte de forte croissance    IMIS : 10 leviers pour optimiser la gouvernance hydrique [INTEGRAL]    Au CDH, hommage à feue Halima Ouarzazi, doyenne des femmes diplomates africaines    Deroua : La décharge sauvage empoisonne le quotidien des habitants    Accidents de la circulation : 23 morts et 2.874 blessés en périmètre urbain durant la semaine dernière    Feux de forêt : Début de saison maîtrisé, mais l'été ne fait que commencer    Abderrahmane Sissako : "Le Maroc, un modèle en matière de politique cinématographique en Afrique"    Le patrimoine immatériel marocain traduit en mandarin grâce à un partenariat éditorial    « Merci Dix » : un court-métrage américain sublime l'héritage des grands taxis marocains    Real Madrid : Un prodige de 17 ans prêt à concurrencer Brahim Diaz    L'Olympique Lyonnais officiellement relégué en Ligue 2    Développement des PME : le Sénégal vient s'inspirer du modèle de la région Fès-Meknès    COBCO: inauguration de la 1ère unité de fabrication de matériaux pour batteries lithium-ion    Maroc Telecom réussit sa première émission obligataire de 3 milliards de dirhams    Mondial des Clubs 2025 : les nouvelles règles qui font débat    Présentation de « Nous étions une île », le nouveau roman de Noor Ikken    Le SG de l'ONU salue l'annonce d'un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran    Coopération : Rome investit en Afrique dans l'espoir de limiter l'immigration    Maroc-France : La DGSN/DGST et la Police nationale française signent un Plan d'action conjoint    « L'Algérie pourrait sombrer dans une crise plus grave que prévu » (ancien MAE du Pérou)    Attaque iranienne sur le Qatar: « aucune victime américaine n'a été signalée », selon le Pentagone    Mawazine 2025: Ragheb Alama ce soir sur la scène Nahda    FICAK 2025. Le Sénégal et la Mauritanie à l'honneur    À Casablanca, l'arrondissement d'Aïn Sebaâ demeure enlisé dans une crise de gouvernance aggravée par des projets contestés    Des avions de chasse marocains et français mènent des manœuvres aériennes tactiques avancées    Au Festival Mawazine... Quand Nancy Ajram méprise le maillot de la sélection marocaine !    Cannabis: L'ANRAC et l'UM6P signent une convention pour le développement de la recherche    Hakimi brille au Mondial des Clubs et affiche ses ambitions : « Le PSG vise très haut »    Révélations 2025 – 36e édition MADE IN MOROCCO : L'EXCELLENCE DE LA CREATION MAROCAINE À L'HONNEUR    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Diplomates marocains #8 : Tahar Fennich, le négociateur de Mohammed III
Publié dans Yabiladi le 06 - 07 - 2018

Dépêché par le sultan alaouite Moulay Mohammed Ben Abdellah pour le représenter au Pays-Bas, en France puis en Angleterre, le Caïd Sidi Tahar Ben Abdelhaq Fennich, commandant de l'artillerie marocaine avant de devenir diplomate, s'illustrera par son rôle de négociateur du premier traité entre le Maroc et les Etats-Unis. Portrait.
Nom d'une célèbre famille slaouie d'origine andalouse, les Fennich se sont autrefois illustrés par leurs influences au sein de la cité corsaire avant d'atteindre la Cour des sultans alaouites. Au XVIIe siècle, les habitants de Salé feront la connaissance d'Abdelhaq Fennich, puissant Pacha de la ville de 1738 à 1757, à qui ils doivent la restauration et la fortification de la ville côtière. Seize ans plus tard, son fils Tahar, devenu commandant de l'artillerie marocaine, est nommé ambassadeur du sultan Moulay Mohammed Ben Abdellah à Londres, aux Pays-Bas puis en France. Bien que son père soit par la suite démis de ses fonctions de Pacha, Tahar Fennich deviendra aussi, en 1786, le négociateur du royaume chérifien pour le traité entre le Maroc et les Etats-Unis.
Nous sommes en 1748. Le futur Mohammed III vient d'être nommé calife de Marrakech par son père le sultan Moulay Abdallah. Une nomination qui facilitera son intronisation, en 1757, 9 ans après, suite au décès de son père. Sans opposition aucune, il devient ainsi le 18ème sultan du royaume, après Moulay Rachid. Roi itinérant, il sera l'un des sultans alaouites ayant choisi Rabat comme capitale impériale, sans pour autant y élire domicile fixe.
Le Maroc, pays ami de l'Orient et de l'Occident sous Mohammed III
Son règne est surtout marqué par les bonnes relations diplomatiques qu'il entretiendra avec presque toutes les puissances d'Orient ou d'Occident, de l'empire ottoman aux Etats-Unis d'Amérique.
Pour cela, il déploie plusieurs ambassadeurs et consuls notamment en Europe, dont Tahar Fennich qu'il dépêchera d'abord en Angleterre en 1773 auprès du roi George III, puis aux Pays-Bas pour renforcer les relations diplomatiques et commerciales du royaume chérifien avec l'Europe, avant que le fils d'Abdelhaq ne regagne le Maroc pour des missions au sein de la cour du sultan.
Portrait du sultan Mohammed Ben Abdellah. / Ph. DR
Quatre ans plus tard, Tahar Fennich est choisi par Moulay Mohammed Ben Abdellah pour le représenter auprès de Louis XVI, suite à la fameuse histoire des «naufragés de la Louise».
«Dans la nuit du 26 au 27 décembre 1775, le navire marchand La Louise, du port de Nantes, fait naufrage près du cap Bojador. Le capitaine et vingt hommes de l'équipage peuvent gagner la côte, mais ils sont capturés par les habitants du pays et vendus plusieurs fois comme esclaves», rapporte Rabih Saied dans «le regard français sur les envoyés marocains du XVIIe et XVIIIe siècles» (Mémoire de D.E.A., Université Paris VIII, Vincennes Saint-Denis, 2000).
La France, via son chargé d'affaires au Maroc, Louis de Chénier, saisit le sultan qui achète les naufragés mais refuse de se faire rembourser. «Il aurait voulu qu'en échange, le roi de France lui fasse remettre des Maures esclaves sur les galères de Malte», rapporte Rabih Saied qui cite le livre «Ambassades et missions en France» de Jacques Caillé.
«Les négociations se prolongent sans aboutir entre les représentants du sultan et Chénier. Le sultan prend alors la décision d'envoyer en France un ambassadeur chargé d'offrir à Louis XVI les naufragés de la Louise. Le caïd Tahar Fennich est choisi pour remplir cette mission.»
Une mission dénoncée par les Français du Maroc et le comte de Sartine
Le déplacement en France de Tahar Fennich gênera même le consul français au Maroc. «Il n'a pas été en mon pouvoir, Monseigneur, de détourner cette ambassade comme je l'ai fait avec succès dans d'autres occasions», écrit-il au comte de Sartine du 20 septembre 1777.
Tahar Fennich se déplace à Tanger, puis il quitte le port de cette ville le 11 octobre 1777 à bord d'un navire rouennais, accompagné de son interprète, de marins français et de «six chevaux pour les offrir au roi de France», toujours selon Saied qui cite Jacques Caillé. L'ambassadeur de Moulay Mohammed Ben Abdellah fait escale à Gibraltar avant d'arriver le 1er novembre à Marseille, puis le 10 janvier 1778 à Paris. Mais il est intercepté par le comte de Sartine, comme le rapporte Pierre Grillon dans son article «La correspondance du consul général Louis Chénier, chargé d'affaires de France au Maroc (1767-1782)», paru dans la «Revue d'histoire moderne et contemporaine» (1963).
«Un caïd de la Cour, Si Tahar Fennich, était chargé de remettre au roi (de France, ndlr) une lettre – d'ailleurs très hostile au consul Chénier – qui commençait par (…) 'au plus grand des Français'. La formule était inadmissible, et le comte de Sartine n'accepta la lettre qu'après avoir fait signé à Sidi Tahar Fennich une convention par laquelle le sultan s'engageait 'à donner par la suite à l'Empereur de France, dans toutes les lettres qu'il lui écrirait, les titres et qualités de plus grands des Chrétiens, l'Empereur de France'.»
Pierre Grillon
Photo d'illustration. / DR
Le négociateur du Traité de Marrakech entre le royaume et les Etats-Unis
Tahar Fennich sera reçu le 22 janvier 1778 en audience solennelle par le roi Louis XVI. Il lui remet à cette occasion la lettre de Sidi Mohamed Ben Abdallah, en date du 4 septembre 1777, avant quitter la France plus tôt que prévu. Il part de Paris à la fin du mois de février 1778 et embarque, le 16 mars, à Toulon sur la frégate royale la Gracieuse. Il arrive le 26 mars à Tanger.
Mais puisque Louis XVI ne donnera pas de suites à la lettre du sultan, notamment sur le point concernant l'échange de Français contre des Marocains prisonniers, un autre diplomate est alors dépêché en France dès 1981. Il s'agit de Raïs Ali Pérez, envoyé en France dès le mois de février 1781.
Mais si la mission de Tahar Fennich en France ne sera pas couronnée de succès, il retournera au sein de la Cour de Mohammed Ben Abdellah où il prouvera son efficacité. Il sera ainsi chargé, avec Thomas Barclay, consul américain à Paris, de négocier un traité entre le Maroc et les Etats-Unis sur la base d'un projet établi par les commissaires.
«Barclay et les Marocains parviendront rapidement à un accord sur le Traité d'amitié, appelé aussi Traité de Marrakech. Il sera scellé par le sultan, le 23 juin et livré à Barclay le 28 juin», rapporte l'Ambassade des Etats-Unis au Maroc dans un article sur les relations maroco-américaines. «Le traité sera signé par Thomas Jefferson à Paris le 1er janvier 1787, John Adams à Londres le 25 janvier 1787 puis sera ratifié par le Congrès américain le 18 juillet 1787».
Ce traité, négocié par Tahar Fennich, marquera le début des relations diplomatiques entre les deux pays et sera même le premier traité signé entre les jeunes Etats et une nation arabe, musulmane et africaine.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.