Plusieurs Marocains résidant en Europe, rentrant du Maroc avec des voitures avec des plaques d'immatriculation provisoires se sont retrouvés bloqués au retour au port d'Algesiras. Leurs voitures étant considérées par l'Espagne comme importées de l'étranger sans déclaration, ils doivent régler 31% de la valeur du véhicule. Véritable cauchemar pour de nombreux Marocains résidant à l'étranger (MRE). Alors qu'ils sont plusieurs centaines de milliers à transiter par l'Espagne ces derniers jours dans le cadre de la phase retour de l'Opération Marhaba 2019, plusieurs MRE dénoncent sur les réseaux sociaux leurs mésaventures au port d'Algesiras. «Depuis 5h et demi du matin je suis arrivé à Algesiras, j'ai été bloqué par la Douane espagnole», raconte ce MRE détenteur d'un véhicule avec une plaque d'immatriculation provisoire allemande. Dans une première vidéo qu'il publie le 20 août, il indique que les personnes disposant de plaques pareilles doivent payer plusieurs milliers d'euros pour récupérer leur véhicule. «Un MRE a pété un câble et est parti en ambulance car il avait plus de 20 000 euros à payer» pour son véhicule avec une plaque allemande de transit, informe-t-il, en ajoutant que d'autres MRE sont concernés. «Si vous avez un véhicule avec une plaque WW ou une plaque allemande de transit et vous passez par Algesiras, le véhicule reste ici à moins que vous ayez de l'argent dans les poches», avertit-il, en conseillant aux Marocains du monde de contourner les ports espagnols, particulièrement celui d'Algesiras. Les ports italiens seraient aussi concernés Il raconte dans une deuxième vidéo sa propre mésaventure. Bloqué par la Guardia civil, car il aurait à leurs yeux commis une infraction par rapport aux plaques, on lui aurait ainsi demandé de payer «31% de la valeur du véhicule». «Pour certains qui ont de gros véhicules coutant chers et sur une base de 30 000 euros, vous aurez 9 300 euros de taxes à payer, 12 400 euros pour une valeur de 40 000 euros et 15 500 euros pour une valeur de 50 000 euros à payer tout de suite», compare-t-il. «Vous partez en vacances et quand vous revenez, ce n'est pas 100 ou 200 euros qu'on vous demande mais des dizaines de milliers d'euros. Il ne faut pas laisser ça passer, car payer ces soi-disant ''taxes'' avec ces montants, je trouve cela écœurant.» Un MRE lésé Il précise que «plusieurs MRE sont immobilisés sur place». «Certains dorment près de leurs véhicules, certains avec leur enfants et nourrissons sous un soleil de plomb. D'autres ont été agressés par la Douane espagnole et certains ont été harcelés verbalement», dénonce-t-il. Dans une troisième vidéo, on apprend que la Douane au Maroc à Tanger serait au courant. Contactée, «l'ambassade de France au Maroc et l'adjointe du consul nous ont dit qu'ils n'ont rien à faire pour nous», ajoute-t-il. Ce n'est d'ailleurs un problème qui se limite à l'Espagne puisque le même scénario aurait été constaté avec la Douane italienne. Et de préciser que «même des personnes ayant des voitures plaques rouges en location ont été bloquées». Le Marocain dénonce aussi le fait que les autorités espagnoles lui «ont refusé le droit à un interprète et à un traducteur», conformément à leurs droits. «C'est scandaleux», conclut-il en invitant les personnes dans la même situation à le contacter pour se réunir et porter plainte. Des véhicules considérés comme importés sans déclaration Yabiladi a également pris connaissance du cas d'un deuxième MRE qui affirme, dans une vidéo relayée sur les réseaux sociaux, être dans la même situation. Selon son témoignage, la «Douane d'Algesiras vise des voitures de luxe». De plus, il dénonce le fait de l'avoir «obligé à payer la taxe» alors qu'ils l'ont «laissé sortir d'Espagne avec ces mêmes plaques provisoires». En mars dernier, l'ambassade de France en Espagne a informé qu'en cas de circulation de véhicules avec des plaques d'immatriculation temporaires hors Union européenne, la douane espagnole considère que ces véhicules perdent leur statut douanier de marchandise communautaire et sont exportés vers un pays tiers». «Ainsi, lorsque vous souhaiterez rentrer avec votre véhicule sur le territoire de l'UE (via l'Espagne), vous devrez présenter aux douanes espagnoles une déclaration d'importation du véhicule (DAU-Document Administratif Unique) et acquitter les droits de douanes et taxes correspondant», explique-t-on. Sans ce document, «le propriétaire fera l'objet d'un contentieux douanier pour importation sans déclaration, avec éventuelle confiscation du véhicule», avertit-on. Seul conseil donné par l'ambassade, «attendre l'immatriculation définitive» du véhicule avant de l'utiliser pour se rendre dans un pays hors UE via l´Espagne, afin de ne pas devoir payer des droits et taxes à l´importation au retour. Une information qui n'est pas parvenue, en tout cas à temps, aux MRE.