Du 14 au 24 mai, Casablanca vivra au tempo du Festival international de théâtre (FITC), dont la 18e édition promet une effervescence théâtrale et artistique hors du commun. Suivez La Vie éco sur Telegram Porté par la Fondation des Arts vivants, le Festival international de théâtre de Casablanca (FITC) célèbre ses vingt ans d'activisme théâtral tout en mettant à l'honneur la Tunisie, invitée star, et la puissance d'une scène maghrébine qui n'a plus rien à prouver. Entre mémoire vive, engagement brut et audace esthétique, ce rendez-vous s'impose comme un carrefour incandescent où le théâtre redevient ce qu'il n'a jamais été aussi vivant. Cette année, le FITC déploie une programmation qui cogne fort et caresse doux. Douze spectacles, en arabe et en français, investiront quatre scènes emblématiques de la ville – Studio des Arts vivants, Théâtre Mohammed VI, Complexe culturel d'Anfa et Théâtre Mohamed Zefzaf. De Danse Céleste, quête spirituelle du Tunisien Taher Issa Ben Larbi, à Fawda, coup de poing social de Mariam Zaimi sur la responsabilité collective, en passant par Les Raisins de la colère, réinterprétation rageuse du classique de Steinbeck par Xavier Simonin, la sélection fait dialoguer les esthétiques et les combats. On y croisera aussi Arrivée par Avion d'Amine Boudrika, qui tisse l'exil d'une femme marocaine entre deux rives, ou La poupée de Monsieur K, clin d'œil délicat à Kafka face à la perte. Sans oublier Toxic Paradise de Sadak Trabelsi, fable tunisienne crue sur une ville engluée dans ses mirages, ou Adnass, qui dissèque les violences symboliques infligées aux femmes. Un théâtre qui ne se contente pas de divertir : il bouscule, il questionne, il répare. Le théâtre monte sur ses grands actes En posant la Tunisie comme invitée d'honneur, le festival célèbre une scène théâtrale qui allie poésie, mémoire et résistance. Des créations comme Danse Céleste ou Toxic Paradise incarnent cette vitalité, tandis que des figures comme Mouna Noureddine, icône tunisienne, rayonnent aux côtés des Marocains Elhachmi Benamar et Souad Khouyi, salués pour leur legs au théâtre maghrébin. Depuis 2004, la Fondation des Arts vivants, portée par la vision de Noureddine Ayouch, fait du FITC bien plus qu'un festival : un laboratoire d'idées, un refuge pour l'imaginaire, un espace d'émancipation. «Le théâtre, c'est un lieu d'écoute et de transformation sociale», martèle Ayouch. Adil Madih, directeur du festival, enfonce le clou : «On veut des scènes du Sud qui se parlent, des voix neuves qui percent, une culture théâtrale qui pulse avec son époque». Vingt ans après, la promesse est tenue : le festival a redonné au théâtre marocain ses lettres de noblesse, tout en s'ouvrant au monde, d'Avignon à Carthage. Au-delà des planches, le FITC se fait école et agora. Masterclasses avec des pointures marocaines et internationales, ateliers pour la relève, conférences sur les enjeux esthétiques et politiques : tout est pensé pour faire circuler la parole. Des spectacles comme Rihla Jawiya, plaidoyer pour la vie animale, ou Ah w Bardat de Mahmoud Echahdi, prouvent que la scène marocaine sait conjuguer héritage et modernité. Et avec des créations comme Dans ta peau de Julie Ménard, le festival mise sur l'émergence, l'audace, le futur. À Casablanca, en mai, le théâtre n'est pas un luxe, c'est une nécessité. Un art qui regarde le monde en face, qui célèbre et tisse des ponts entre les rives, les générations, les luttes. Vingt ans après, le FITC reste cet espace rare où l'on rit, où l'on pleure, où l'on pense. Où l'on vit, tout simplement. Alors, rendez-vous à Casa : la scène est à vous.