Alors qu'elle intervenait au Palais Bourbon lors du débat sur le budget de la Défense, Michèle Alliot-Marie a relaté hier soir un incident qui s'est produit le 31 octobre dernier dans le sud du Liban et qu'elle a qualifié de «catastrophe» due à un comportement agressif ou provocateur de l'aviation israélienne vis-à-vis des forces françaises de la FINUL. «Une catastrophe a été évitée de justesse par nos militaires. Des F15 (israéliens, NDLR) se sont présentés en piqué puis redressement immédiat ce qui est, d'une façon extrêmement claire, une posture d'attaque», a dit devant les députés la ministre de la Défense avant d'ajouter: «Nous avons été amenés, dans le cadre de la légitime défense, à enlever les caches de notre batterie de missiles et, à deux secondes près, il y avait un tir contre les avions qui menaçaient directement nos forces». «Ceci n'est pas tolérable. Nous sommes effectivement, là, dans le risque d'un incident extrêmement grave. Nos militaires se trouvent, dans ces conditions, dans les règles où ils doivent appliquer les tirs de légitime défense», a encore souligné Michèle Alliot-Marie. Le porte-parole du ministère de la Défense Jean-François Bureau a expliqué aujourd'hui au cours de son point de presse hebdomadaire que l'ambassadeur d'Israël en France a été convoqué au Quai d'Orsay. Au ministère des Affaires étrangères, on précisait que Philippe Douste-Blazy a convoqué ce matin l'ambassadeur d'Israël «pour lui faire part de notre grave préoccupation face à la poursuite des survols israéliens du territoire libanais». M. Douste-Blazy a souligné qu'il est «essentiel que les autorités israéliennes fassent cesser de tels actes». Par ailleurs, le Quai d'Orsay a expliqué qu'une modification des règles d'engagement de la FINUL «n'est pas à l'ordre du jour, étant entendu que ces aspects font l'objet d'une évaluation constante des pays contributeurs de troupes à la FINUL avec le Département des opérations de maintien de la paix des Nations unies». De son côté, le capitaine Christophe Prazuck, porte-parole de l'état-major, a précisé que les appareils israéliens ont effectué trois survols au-dessus de Derfika. «C'est grâce au sang froid des militaires français qu'on a évité une catastrophe», a-t-il souligné avant de rappeler que «la séquence de préparations (des tirs) était achevée». Aucun des deux hommes n'a expliqué ce qui a empêché les militaires français de tirer. Le 20 octobre dernier lors d'une conférence de presse aux Nations unies, la ministre de la Défense avait déjà souligné que les incursions de l'aviation israélienne dans l'espace aérien libanais sont «extrêmement dangereuses» car les soldats de la FINUL pourraient les interpréter comme des actes hostiles et faire feu en légitime défense. «Je rappelle que les violations de l'espace aérien sont extrêmement dangereuses», avait-elle insisté. «Elles sont dangereuses, d'abord parce qu'elles pourraient être interprétées comme hostiles par les forces de la coalition, qui pourraient être amenées à riposter dans des cas de légitime défense, et il s'agirait d'un incident très sérieux». Le 19 octobre, le commandant de la FINUL, le général français Alain Pelligrini, avait affirmé que les survols israéliens du territoire libanais étaient une violation de la résolution onusienne ayant mis fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah. Il avait estimé que l'emploi de la force pourrait être envisagé dans l'avenir si les tractations diplomatiques ne parvenaient pas à empêcher ces incursions. La Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) est chargée d'assister l'armée libanaise dans la zone démilitarisée d'une trentaine de kilomètres de large située entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, or le Hezbollah a affirmé se trouver encore dans ce secteur et IsraJel ne compte pas accepter cette menace. Selon les nouvelles conditions d'engagement obtenues par la France, la force de 5200 militaires peut se défendre mais aussi «faire en sorte que (sa) zone d'opération ne soit pas utilisée pour des activités hostiles», et protéger travailleurs humanitaires ou civils d'une menace imminente.