A 14 ans, Soufiane Elabed est déjà un informaticien confirmé. Mais, malheureusement, le cursus classique de l'enseignement ne propose pas de dispositifs pour la scolarisation de surdoués. Dès son jeune âge, Soufiane Elabed a commencé à cajoler les touches du clavier pour se frayer un chemin d'autodidacte. Avec le temps, il a fait preuve d'une facilité d'adaptation à des situations définies à l'avance par le système informatique. Et avant de parachever ses études collégiales, il lui arrivait de surpasser les Bac+2 en informatique comme l'a démontré un test effectué dans un institut spécialisé. L'histoire de Soufiane Elabed avec l'informatique n'est pas symétrique avec le canevas scolaire. L'enfant se considère comme bon récepteur, mais veut aussi créer. Il assimile l'effort des autres informaticiens et préfère s'impliquer dans le monde de la programmation. Il compte déjà à son actif trois applications pour des jeux sur ordinateurs. «J'ai voulu voir comment cela était fait et surtout avoir mon propre jeu. Avec les moyens des grandes entreprises travaillant dans ce domaine, je peux réaliser des choses singulières», affirme le jeune Soufiane. Concepteur de sites Internet dès l'âge de 11 ans pour des camarades de classe ou des professionnels qui optent pour la gratuité, il ne cesse de susciter admiration et respect dans son entourage. Pour Mohamed Dine, ingénieur en informatique et enseignant dans une école à Oujda, Soufiane est doté d'intelligence et de grandes capacités déductives lui permettant d'assimiler vite l'outil informatique. Seulement, il a besoin d'un établissement spécifique en mesure de canaliser son savoir. Soufiane préfère se perfectionner par le biais de livres quand il s'agit d'apprentissage pointu dans son domaine de prédilection. Et quand il intègre un groupe d'informaticiens sur le net, c'est surtout pour peaufiner ses connaissances en programmation ou en développement informatiques. La redondance bloque l'effort intellectuel et, pour y échapper, il navigue à travers les domaines des sciences, de la culture générale et des langues. Soufiane maîtrise le français et l'anglais à tel point qu'il laisse son père, pourtant docteur, abasourdi. «Je suis habitué à lui demander des explications dans différents domaines. Et à chaque fois que je vérifie ce qu'il avance, je constate qu'il a raison», affirme le père fièrement. Selon les spécialistes, la détection de cette capacité d'interagir vite se fait par le biais de tests pour mesurer le quotient intellectuel (QI). Une fois l'enfant dépassant 130 sur l'échelon QI, il est considéré comme possédant une manière de penser originale, beaucoup plus transversale et intuitive que les enfants de son âge. Au Maroc, ces tests ne sont pas développés et les enfants à besoins éducatifs spécifiques ne savent à quel saint se vouer. Leurs parents sont désemparés et pensent que leurs enfants sont lésés dans un système éducatif verrouillé à l'avance. Ne faudrait-il pas adapter les cursus scolaires à leur rythme d'apprentissage. N'est-il pas possible de les orienter vers un apprentissage spécifique. Cela sert à quoi de les « tuer » dans un programme qui est diamétralement à l'opposé de leurs performances dans des domaines spécifiques ?