Hier soir, les Australiens de Parcels ont transformé la scène Casa Anfa en une plage intemporelle de Byron Bay, leur fief natal. Entre funk fiévreux, disco magnétique et rock planant, le quintet a livré une performance d'une générosité rare, mais brute, presque charnelle, où l'on jurait sentir le sable brûlant crisser sous les pieds, le sel marin piquer la langue et une brise océane caresser la nuque. Rencontre avec Jules Crommelin (guitare) et Patrick Hetherington (claviers, guitare), quelques heures avant un show qui nous a fait vibrer et chavirer le cœur. Suivez La Vie éco sur Telegram Il est 21h30. Jules Crommelin, sourire malicieux, savoure un moment de calme, tandis que Patrick Hetherington, regard pétillant, discute avec animation. Les deux compères, piliers de Parcels, parlent de leur alchimie comme d'une vieille amitié qui ne s'essouffle jamais. «On s'est rencontrés au lycée, à Byron Bay», confie Jules, la voix teintée de nostalgie. «On a grandi ensemble, on s'est forgés ensemble. Il y a une chimie naturelle entre nous cinq, un truc qui coule de source. Mais on bosse dur pour garder une communication ouverte, toujours parler, toujours avancer». Une bande de surfeurs qui auraient troqué leurs planches pour des guitares, des claviers et une batterie, mais qui n'ont rien perdu de leur coolitude solaire. Sur scène, cette osmose est palpable. Dès les premières notes de Tieduprightnow, la foule est happée. Les cinq Australiens – Louie Swain aux claviers, Noah Hill à la basse, Anatole «Toto» Serret à la batterie, et nos deux interlocuteurs – déploient un groove irrésistible, comme une vague qui vous emporte sans crier gare. Les harmonies vocales, héritées des Beach Boys, planent au-dessus des riffs funky et des beats disco, tandis que la foule, cosmopolite et survoltée, chaloupe sous les lumières stroboscopiques. «On joue de la musique dansante, mais on chante en harmonie, avec ce "bedrock" de funk, disco, rock», explique Jules. «C'est ça, Parcels : une bande qui fait bouger les corps et vibrer les âmes». Leur parcours, c'est celui d'une ascension fulgurante, dopée par une rencontre décisive avec Daft Punk. Leur single Overnight (2017), coécrit et produit par le duo casqué, a été un sésame. «La première fois qu'on a enregistré tous ensemble, live, dans la même pièce, c'était avec eux», se remémore Patrick, les yeux brillants. «Ça nous a marqués à vie. On enregistre encore souvent comme ça, tous dans la même pièce, pour capter cette énergie brute». Une leçon d'authenticité qui irrigue leur dernier album, Day/Night (2021), un double disque ambitieux de 19 titres où le groupe explore les contrastes – lumière et ombre, introspection et exubérance. «On voulait faire quelque chose de grand, d'étrange, jouer sur les opposés», ajoute Jules. «Aller à fond dans une direction, puis dans l'autre. C'est ça qui nous inspire».
Ce soir, à Casa Anfa, cette dualité s'incarne à la perfection. Somethinggreater et Free déroulent leurs mélodies solaires, portées par des chœurs qui donnent des frissons, tandis que Theworstthing ralentit le tempo, plongeant la foule dans une intimité presque méditative. «On veut toujours faire l'opposé de ce qu'on vient de faire», rigole Patrick en coulisse. «Si on joue un truc solaire, l'instant d'après, on a envie de quelque chose de plus introspectif. C'est un mouvement naturel». Le clou du spectacle ? Une dédicace émouvante à leur public marocain. «I never want to "'leave your love", pour les gens du Maroc, qu'on ne veut jamais quitter», lance Patrick, la voix tremblante d'émotion, avant que le groupe n'enchaîne sur Leaveyourlove, leur dernier single groovy, né d'un jam à Berlin et peaufiné sous le soleil d'Oaxaca. La foule chante à l'unisson, comme si la Scène Casa Anfa s'était muée en une immense piste de danse. «Je vais pleurer», murmure Patrick, et on le croit presque, tant l'amour entre Parcels et leur public est palpable. Avec un troisième album, Loved, prévu pour septembre 2025, et une tournée mondiale qui les mènera de We Love Green à Coachella, Parcels ne semble pas prêt à lever le pied. Ce soir, à Jazzablanca, ils ont prouvé qu'ils sont bien plus qu'un groupe de «cocktail music» pour beautiful people. Ils sont une machine à rêves, un pont entre les années 70 et l'avenir, entre la plage de Byron Bay et les scènes du monde entier. Et à en juger par les visages extatiques dans la foule, personne ne veut quitter leur amour.