Dans cette tribune, je viens exprimer ma foi sincère et ardente dans ce pays en devenir, que nous aimons tous, notre cher Maroc. Mon ambition est d'être un simple acteur de la construction d'une gouvernance plus juste, plus solidaire, plus sociale, organisée et régulée autour d'instances plus fortes, plus représentatives et plus efficaces, capables de résoudre les grands défis de notre siècle. Mon propos peut paraitre prétentieux à certains, mais parce que j'aime ce pays, parce que je crois dans les valeurs qui sont les siennes et que je partage avec bon nombre de mes compatriotes, je voudrais vous parler avec franchise. Je veux vous parler de femmes et d'hommes, de souffrances et d'espoir. Je veux vous parler de responsabilité. Car il en va de notre responsabilité de citoyens de répondre à ces souffrances, à ces espoirs, à ces attentes. Bien sûr, chacun d'entre nous aurait mille raisons d'énoncer une litanie d'intentions généreuses, puis de s'en retourner chez lui, avec bonne conscience. Bien sûr, beaucoup parmi nous vivent avec des budgets en réduction -voire inexistants -, des situations économiques et sociales tendues ; nos concitoyens sont inquiets. Cependant, nous avons su, par le passé, collectivement, être “révolutionnaires” sur des sujets fondamentaux, y compris en bousculant les tabous et en dépassant les difficultés. Ce combat a été long, difficile. Il n'est pas terminé. Loin s'en faut et les résultats ne sont pas complètement ceux que nous escomptions. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que nous avons franchi des obstacles réputés infranchissables. Et que rien ne nous empêche de recommencer sur les sujets dont nous déciderons ensemble et avec courage et loyauté de nous saisir. Notre première responsabilité, partagée, c'est celle du développement. C'est d'assurer à tous ces hommes et ces femmes qui souffrent, aux plus démunis, des conditions de vie décentes. Le creusement des inégalités n'est pas seulement moralement inacceptable ; il est politiquement dangereux. Bien sûr, il est coûteux d'agir. Mais le coût de l'inaction est bien plus élevé encore. Et il y a urgence. Nous ne pouvons plus demander aux populations qui sont en marge d'attendre plus longtemps. Dirigeants des forces politiques, représentants de la Nation et de l'Etat, des milieux de la culture et de la communication, de l'enseignement et de la recherche, de l'expertise technique, du monde de la finance et de l'économie, nous nous devons d'apporter une contribution aux efforts consentis par notre pays, capable de projeter l'ensemble des forces créatrices de notre société dans le combat pour le développement et la construction de notre héritage en faveur des générations futures. Cette contribution est fondamentale pour relever les formidables défis - politiques, économiques, culturels, scientifiques - auxquels nous faisons face. Aussi fort soit-il, - en terme de majorité- le gouvernement ne peut, seul, les affronter. Il doit œuvrer avec les acteurs qui sont sur la scène nationale : forces politiques et syndicales, médias, universités, réseaux d'experts, entreprises, collectivités locales, ONG, établissements financiers, culturels ou de recherche. On ne réussira pas sans les “militants”, qu'ils soient parmi les politiques, les syndicalistes, les intellectuels, les artistes, les éducateurs, les journalistes, les scientifiques ! On ne luttera pas contre les inégalités de développement sans la volonté et la générosité de tous. Mobiliser le plus largement possible autour des grands défis de notre temps est passionnant et c'est le devoir de chacun d'entre nous, détenteur ou non de la chose publique. Militer pour une cause aussi noble mérite un hommage appuyé d'abord, à la solidarité et au courage dont savent faire preuve ces femmes et ces hommes. Et à chaque fois, ils témoignent d'une opiniâtreté, d'une inventivité, d'une détermination, d'une volonté et d'une grandeur d'âme sans pareil. Malheureusement, il semblerait que certains aient oublié leurs devoirs envers cette nation qui les a fait. D'aucuns ne pensent qu'aux privilèges, aux strapontins, aux bureaux cossus voire aux voitures de luxe, aux passes droit et surtout aux retraites perpétuelles liées aux fonctions. L'Histoire ne peut les oublier. Laissons-les sur les quais ! Un train en perdition pourrait s'en occuper. Vous l'aurez compris, l'un des grands chantiers et sans doute le plus difficile -car il faut convaincre les acteurs politiques d'y adhérer fermement et de manière efficace - est de doter notre pays d'opérateurs volontaristes, modernes, intègres, responsables, conscients de l'intérêt de la chose publique et efficaces pour accroître son rayonnement et son influence dans notre région et dans le Monde. Le rayonnement d'un pays, son influence, son importance sur la scène internationale, ne se mesurent pas seulement au dynamisme de son économie ou à son poids politique, mais reposent aussi sur la puissance de séduction et d'attractivité de ses valeurs, de ses fondements historiques, de ses idées, de ses savoirs, de sa culture. Il repose aussi et surtout sur ses femmes et ses hommes qui constituent son tissu sociétal. Notre salut passe par ce changement de mentalités et par la volonté des uns et des autres de construire un Maroc prospère dont nous serons fiers. Notre salut passe par la place que nous saurons accorder à nos élites en devenir, à la défense de leurs intérêts et au respect de nos droits que nous nous devons d'imposer à nos partenaires. Une décision, soit-elle électoraliste et populiste, ne doit remettre en cause des conventions de droit international. Les peuples se souviennent de leurs amis et de décisions iniques. Ceux parmi nos jeunes concitoyens qui subissent les affres de mesures irresponsables, sont ceux-là mêmes qui dirigeront notre économie dans les années à venir. Nos partenaires ne peuvent l'ignorer. Certes, les lois relèvent de la souveraineté de chacune des parties et nous sommes les premiers à nous en féliciter. Cependant, cette souveraineté ne connaît pas de frontières et les établissements scolaires étrangers au Maroc témoignent de notre ouverture d'esprit et de notre tolérance. Nos partenaires seraient bien inspirés de reconnaître notre devoir et notre droit légitime de défendre celles et ceux parmi nos enfants qui étudient au sein de leur système universitaire et d'exiger qu'ils soient traités en invités et non comme des parias.