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Espagne : Le peuple prend la parole et la rue
Publié dans Albayane le 14 - 05 - 2012

Les jeunes espagnols, tous âges et catégories sociales confondus ont manifesté, samedi, dans 80 villes pour commémorer le premier anniversaire de leur «indignation» et ressusciter l'esprit du 15 Mai 2011, lorsqu'ils avaient occupé le centre de Madrid pour en faire une plateforme de leurs revendications. S'inspirant de l'ouvrage «Indignez-vous» (Indigène Editions, 2010) du diplomate français Stéphane Hessel, les jeunes espagnols ont inculqué à la société espagnole une nouvelle forme de protestation contre l'hégémonie des partis politiques et des entrepreneurs qui agissent en marge de leurs attentes.
Leur mouvement, qui avait commencé comme une émulation aux mouvements sociaux qui secouaient les pays arabes, s'est converti en le symbole de la protestation de la population espagnole contre la cherté de la vie, la montée du chômage et l'apathie des leaders politiques aussi bien de droite que de gauche. La naissance de leur mouvement avait coïncidé avec le déclin du gouvernement socialiste qui fut acculé à provoquer des élections anticipées devant l'incapacité d'apporter une réponse à la crise économique. Les jeunes avaient alors opté pour la neutralité pour se démarquer lors des élections locales et régionales du 22 mai et générales du 20 novembre des deux grands partis de l'Espagne, le Parti socialiste ouvrier Espagnol (PSOE : alors au pouvoir) et le Parti Populaire (alors opposition majoritaire de droite). Un an plus tard, l'histoire a donné raison aux jeunes «indignés» que la crise ne porte pas de signe d'identité idéologique et que socialistes et populaires préfèrent des options néolibérales pour remédier à la crise au lieu de se préoccuper de la préservation de l'Etat du bien-être et de la « démocratie réelle ». Au contraire, ils se sont rendu compte que la société, dans son ensemble, est en train de payer les erreurs commises par les gouvernements successifs pendant le «boom» économique en encourageant l'industrie de la «brique». Durant un an, les rangs des « indignés se sont progressivement renforcés par l'adhésion des chômeurs chroniques, pères de famille mis à la retraite anticipée, travailleurs autonomes asphyxiés par les dettes, immigrés menacés de départ forcé, diplômés universitaires en quête d'un premier emploi et étudiants en colère contre les hausses des droits d'inscription universitaire. En général, se sont les classes vulnérables qui s'identifient spontanément aux «indignés» pour la simple raison qu'ils se partagent les mêmes principes et les mêmes attentes.
Le mouvement des «indignés», portant les sigles 15-M (15 mai), s'est converti en une école du militantisme dans une démocratie occidentale malade. En aucun moment, il n'a donné signe de lassitude, de désunion ou de désillusion. Au contraire, il a bénéficié du concours des animateurs des grands réseaux sociaux génériques et professionnels (Facebook, Twitter, YouTube, Linked, viadeco surtout), du soutien des comités de quartiers, d'associations de résidents, des associations agissant dans le domaine de participation sociale, d'associations d'étudiants et de corporations de commerçants et travailleurs autonomes. «Le 15-M est toujours vivant parce que ce ceux qu'ils l'avaient provoqué sont toujours là, qui sont le gouvernement, les banques et les marchés financiers». Cette impression l'a communiquée à Albayane un des animateurs du mouvement durant la marche, samedi soir au centre de Madrid. C'est une phrase qui résume le grand malaise qui s'empare de la société espagnole, y compris les immigrés. Mais aussi un diagnostic objectif de la situation d'une Espagne qui est sur le point de connaître le même sort que la Grèce, le Portugal ou l'Irlande. Les marches des jeunes, qui ont occupé les places centrales des villes espagnoles, considèrent que c'est le modèle politico-économique qui a conduit le pays à la crise. Les arguments abondent et les statistiques officielles corroborent la déconfiture du modèle espagnol avec près de 25% de la population active en chômage (le plus haut indice de l'UE), un système bancaire mis en cause par les institutions internationales, une prime de risque des bons du trésor espagnol à plus de 450 points, une baisse de l'Ibex-35 (indice sélectif des 35 grandes entreprises espagnoles cotisant à la bourse) et l'absence de perspectives optimistes quant à la reprise de la croissance économique en 2013. Les «indignés» sont conscients de ce panorama chimérique et comptent persister dans leur pression sur le gouvernement pour s'abstenir de prendre des mesures et adopter des réformes impopulaires, a confié à Albayane le responsable d'un comité de coordination au district de Vallecas, une cité - dortoir comptant un des plus hauts taux de chômage et d'immigrés. Ce qui est «absurde» en cette période de crise est que le gouvernement s'empare de la volonté populaire en décidant de réduire les fonds destinés à la recherche scientifique, à l'université et à la santé publique, signale de son côté un étudiant d'origine marocaine qui vient de décrocher une deuxième licence en économie. Pour avoir davantage de chance sur le marché du travail, il est «indispensable de marquer la différence» par rapport aux autres demandeurs d'emploi en assumant, a ajouté le jeune marocain, de grands sacrifices pour pouvoir prolonger la durée des études, obtenir un diplôme supérieur ou un master conforme aux exigences du marché, poursuit-il. Les parents, dans ce cas, sont obligés d'assumer une grande part de cette angoisse en sacrifiant leurs économies pour financer les études de leurs enfants, déplore le jeune marocain. Cet exemple illustre une situation devenue quasi-généralisée en Espagne avec 52,01% des moins de 25 ans en chômage (921.800 jeunes), soit la catégorie d'âge qui englobe les universitaires fraîchement licenciés. Cette donnée apportée par l'Enquête sur la Population Active du premier trimestre de 2012 a un rapport avec la situation générale de l'emploi du pays qui compte 5.639.500 chômeurs (24,4%). Il y a aussi 4.243.600 personnes âgées de 25 à 54 ans qui sont sans-emploi et que les ménages dont tous les membres sont en chômage s'élève à 1,728 millions d'unités à fin mars, selon l'Institut Espagnol de la Statistique (INE). Dans ces conditions, le pouvoir d'achat des ménages diminue, les jeunes abandonnent le foyer familial tardivement, l'âge du mariage recule davantage et les ressources de la Sécurité Sociale diminuent ce qui hypothéquerait le futur de l'actuelle génération. C'est la raison pour laquelle le premier anniversaire des «indignés» et du 15-M en Espagne revêt une signification symbolique et c'est parce qu'aussi les causes qui avaient justifié l'indignation des citoyens et la perte de confiance en les politiques, il y a un an, persistent encore.
Désormais, le mouvement contestataire des jeunes est devenu un élan de solidarité qui résiste et revendique davantage de protection des fondements de l'Etat du bien-être. Le mouvement s'est également converti en la dénonciation des scandales de corruption dans lesquels sont impliqués les hommes politiques et des salaires astronomiques des banquiers et l'inertie de l'opposition. Aujourd'hui, l'expérience substitue la spontanéité qui avait donné naissance au mouvement des «indignés». Ses revendications d'une «démocratie réelle» continuent de peupler les banderoles et pancartes hissées dans les marches pacifiques, organisées par les syndicats, ainsi que les slogans des étudiants en colère contre la réforme du système éducatif. Le mouvement des «indignés» est devenu la voix du peuple.


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