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Edition/Essai
Publié dans Albayane le 12 - 11 - 2012


Espagne-Maroc : plaies non cicatrisees
«España - Marruecos : Heridas sin cicatrizar» (Espagne-Maroc : plaies non cicatrisées) est le titre d'un essai sociologique qui vient de paraître en espagnol à Madrid. Ecrit par le journaliste-sociologue marocain, Mohamed Boundi, l'ouvrage décortique le discours des médias espagnols sur le traitement de la question marocaine et explique les causes qui motivent la persistance dans le temps et dans l'imaginaire collectif espagnol d'un ensemble de préjugées, stéréotypes et images déformées de la société marocaine.
Le but de cette étude sur l'image du Maroc et des Marocains dans l'opinion publique espagnole est de voir si les vieux stéréotypes se maintiennent dans l'imaginaire espagnol et, surtout, si les médias contribuent à leur survie, ou au contraire, à rapprocher les sociétés civiles dans les deux pays. Le recours à certaines théories psychosociales sur l'opinion publique, les stéréotypes et préjugés nous a aidé à élaborer une première réflexion relative à l'image de l'immigré au sein de la société espagnole.
Face à la grande ignorante de la part de cette opinion des réalités du Maroc, nous considérons que le suivi des gestes du roi a été un permanent exercice journalistique de la part des correspondants espagnols au pays voisin. Certains réservent davantage d'espaces dans leurs chroniques à ses discours, actes et déclarations alors que d'autres tentent de déterminer les points de contraste et de similitude entre les deux Etats au niveau politique et de mentalités. La situation des relations hispano-marocaines, au lendemain de la décolonisation et les séquelles des conflits territoriaux et de pêche, conduisent à une évidence selon laquelle il existe réellement de nombreuses questions en suspens ainsi que des désaccords latents entre les deux gouvernements. Le contentieux territorial, 50 ans après la fin du protectorat espagnol, continue d'empoisonner l'ensemble des relations bilatérales en dépit des déclarations de bonnes intentions au niveau officiel. Les relations bilatérales sont souvent ponctuées d'épisodes de tension au moment où les affinités des relations entre les familles royales marocaine et espagnole ne cessent de se fortifier à la surprise de la classe politique. Au niveau des gouvernements, les rapports bilatéraux étaient dominés, depuis le début des années 80 jusqu'à 1996, par la préoccupation de développer la coopération économique et financière dans l'objectif d'atténuer les tensions entre deux Etats. Les conflits classiques, tels le Sahara, la pêche, l'immigration et les possessions espagnoles dans le nord du Maroc reprennent souvent surface et placent les deux Etats au bord de la rupture. Il est surprenant de constater, par contre, qu'au plan social les Marocains ne souffrent ni d'incident raciste ni de manifestation xénophobe en dépit de l'implication de certains de leurs concitoyens dans les attentats terroristes du 11 Mars 2004. Le mécontentement du gouvernement de Rabat ne cessait de croître cependant à cause du traitement médiatique en Espagne réservé à la gestion de la chose publique au Maroc.
Dans la littérature diplomatique usitée dans les deux capitales, les termes collaboration et coopération occupent un espace symbolique dans les discours sur la lutte contre les flux irréguliers d'immigrés. La position officielle du gouvernement de Rabat concernant les possessions territoriales espagnoles dans le nord du royaume, dominée par le pragmatisme, est subordonnée à l'évolution des négociations entre l'Espagne et le Royaume Uni en relation avec le futur de Gibraltar. Le Sahara, une préoccupation récurrente dans l'agenda politique des deux pays, constitue un centre d'intérêt pour la société civile espagnole à travers des gestes de solidarité à l'égard du Polisario. La persistance de ce conflit démontre que la communauté internationale est confrontée à un des conflits insolubles.
L'analyse de la nouvelle étape, entamée depuis le retour des socialistes au pouvoir en 2004, conduit à souligner la disposition des deux Etats de revoir totalement leurs relations dont les acteurs seront le roi Mohammed VI et le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero. Il s'agit d'une réponse claire à la doctrine d'Aznar qui avait opté pour marginaliser le Maroc dans les relations de l'Espagne avec le Maghreb en privilégiant le rapprochement avec Alger.
Les tentatives de transcender les conflits hérités du passé accaparent les efforts déployés par les diplomates, la société civile et les cercles économiques. La défaite de l'armée espagnole dans la bataille d'Anoual (juillet 1921) est à peine citée dans les manuels scolaires et les perceptions négatives sur le collectif marocain perdent progressivement leur force avec l'intégration sociale des immigrés.
Jusqu'en 1956, le Marocain était catalogué dans la mémoire collective en Espagne comme «l'indigène», «le colonisé» ou «l'infidèle». Actuellement, l'image du Maroc se mesure à travers la production culturelle, le rôle des médias et enquêtes sociologiques. Toutefois, dans aucun de ces trois canaux les Marocains ne paraissent jouir de grande sympathie au sein d'une partie de la population espagnole (en comparaison avec d'autres collectifs d'immigrés). Le voisinage conflictuel a été, avec l'écoulement du temps, une récurrente question dans les commentaires, chroniques et éditoriaux de la presse espagnole occupant parfois un important espace dans ses pages. La même tendance s'observe aussi dans les résultats de certains baromètres d'opinion de centres démoscopiques et durant les trois crises (migratoire de septembre 2001 ; diplomatique d'octobre 2001, et territoriale de juillet 2002) que nous avons largement analysées dans notre étude. Dans ces trois épisodes de crise, l'hostilité substituait immédiatement les gestes de rapprochement et émergeaient sur la scène les éternels désaccords dans les relations bilatérales. Dans ces conditions, l'évaluation du système politique marocain ne pouvait se soustraire au conditionnement des problèmes conjoncturels. Celui-ci est vu et jugé à travers le déficit en termes d‘infrastructures, de l'absence de contrôle sur les flux migratoires, du rythme de concrétisation des réformes adoptées et des tentatives d'entente entre les deux sociétés civiles.
Durant le mandat de José Maria Aznar, la presse espagnole (objet de notre étude) avait développé une thèse appuyant les positions officielles (El Mundo, ABC et La Razon) ou un point de vue différent de celui du gouvernement (El Pais, La Vanguardia et El Periodico de Catalunya). Le rappel pour consultations de l'ambassadeur Abdeslam Baraka (27 octobre 2001) et le conflit de l'îlot Toura/Laila (juillet 2002), démontrent l'inefficacité des mécanismes d'alarme prévus au Traité d'amitié, de coopération et de bon voisinage pour résoudre les incidents bilatéraux.
Dans l'agenda de la diplomatie marocaine, sont inscrites les revendications territoriales alors que du côté de Madrid, toute similitude du cas de Sebta et Melilla avec la dispute pour la souveraineté sur Gibraltar est à écarter. Pour de multiples raisons que le Maroc ne peut admettre, l'Espagne appuie les résolutions des Nations Unies relatives à l'autodétermination de la population sahraouie.
Comme nous venons de le constater dans ce travail d'investigation et souligné dans les conclusions des trois chapitres, les habituels griefs se maintiennent actifs faute d'une totale entente entre les deux Etats. De même, ils persistent encore, mais avec moins d'intensité, des mésententes, stéréotypes et préjugés. Les deux nations sont ainsi appelées à éradiquer les motifs de tension y compris le conflit du Sahara qui intervient comme un défi à relever dans les relations bilatérales. Nous assistons dans la nouvelle étape à un changement de langage politique (différent de celui de l'époque d'Aznar au pouvoir), à l'explication avec davantage de clarté des mesures de lutte contre l'immigration irrégulière et à la recherche d'une solution définitive du conflit du Sahara.
Grâce à une conjoncture favorable, entamée en 2004 avec les visites au Maroc du roi Juan Carlos 1er et de l'ex-président du gouvernement espagnol Zapatero, une volonté décidée s'est manifestée au niveau officiel avec, à titre d'exemple, la volonté d'omettre de signaler en public les contentieux en suspens. Le rapprochement des sociétés civiles, la croissance de la coopération économique et culturelle et la nouvelle perception qui se fait du Maroc en tant qu'Etat modéré en pleine transition démocratique rendent inévitable la reconstruction en Espagne de l'image du Maroc comme pays voisin et allié.


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