Quatre individus, âgés de 40 à 57 ans et domiciliés en Seine-Saint-Denis, ont été mis en examen, vendredi 16 mai à Paris, pour enlèvement et séquestration en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste, a indiqué une source judiciaire. L'un d'entre eux a été placé en détention provisoire tandis que les trois autres devaient être présentés au juge des libertés et de la détention dans le courant de la journée. Ces hommes sont soupçonnés d'avoir participé à l'enlèvement d'Amir Boukhors, plus connu sous le pseudonyme d'«Amir DZ», un blogueur d'origine algérienne suivi par plus d'un million de personnes sur les réseaux sociaux. Les faits remontent au 29 avril 2024, lorsqu'une première équipe, composée de quatre individus se faisant passer pour des policiers – brassards officiels, gyrophare, véhicules banalisés –, aurait intercepté M. Boukhors près de son domicile dans le Val-de-Marne. Transporté contre son gré vers un lieu tenu secret en Seine-et-Marne, la victime aurait été droguée, entravée et détenue durant de longues heures par un second groupe de ravisseurs avant d'être relâchée en forêt, hagarde et en état de choc. Après avoir regagné son domicile, M. Boukhors a pu être examiné par un médecin. Selon les premiers éléments de l'enquête, ses geôliers lui auraient administré un somnifère puissant et lavé le corps à l'eau de Javel afin de dissimuler toute trace génétique. D'une gravité inédite L'affaire a été confiée au parquet national antiterroriste (PNAT), en raison des fortes présomptions d'une ingérence d'un service étranger, en l'occurrence les autorités algériennes, selon une source proche du dossier. Celle-ci précise : «Les méthodes employées, la logistique et les moyens humains déployés laissent à penser à une opération préparée de longue date, avec des ramifications diplomatiques non négligeables.» Mardi, une nouvelle série d'arrestations a eu lieu en Seine-Saint-Denis. Les quatre hommes interpellés seraient liés aux premiers suspects. Connus de longue date des services de police pour divers faits de droit commun, ils auraient été sollicités en qualité d'exécutants. Le dossier, aux ramifications internationales, s'annonce d'une extrême sensibilité. Le nom d'Amir Boukhors, figure de la contestation anti-régime algérien en exil, alimente depuis plusieurs années une rhétorique virulente entre partisans et opposants du pouvoir en place à Alger. Selon plusieurs observateurs, cette affaire pourrait susciter des tensions diplomatiques accrues entre la France et l'Algérie, au moment où les relations bilatérales peinent à trouver un équilibre durable.