À l'occasion du 28ème Festival des musiques sacrées du monde, son directeur artistique, Alain Weber, nous décrypte avec finesse ce qu'est la musique sacrée et défend une vision large, presque philosophique, du sacré. Suivez La Vie éco sur Telegram Quand on parle de musique sacrée, on pense souvent bondieuseries ou chants d'église. Alain Weber, lui, voit plus grand. «Le sacré, ce n'est pas seulement la religion, c'est plus vaste», lance le directeur artistique. Exit le carcan dogmatique : pour lui, la musique sacrée, c'est avant tout une quête de transcendance, ce moment où l'humain «cherche à dépasser sa condition pour toucher une inspiration surnaturelle». Une définition qui, presque métaphysique, ouvre la porte à toutes les spiritualités, qu'elles soient codifiées ou non. «Ça mériterait une conférence entière», glisse-t-il, un brin malicieux, comme pour souligner l'ampleur du sujet. Quand on lui demande si les musiques confrériques, souvent empreintes d'une dimension spirituelle propre, sont sous-représentées, Weber balaie l'idée d'un revers de main. «Pas du tout ! Hier soir, on a eu quatre expressions confrériques en une seule soirée : les Mourides, les confréries de Meknès, les Omaniens, et j'en passe». Pas de quoi rougir, donc. Mais il y a un hic : certaines confréries, notamment soufies, rechignent à monter sur scène. «Pour elles, se produire en public, c'est presque une profanation», explique Weber. Une pudeur spirituelle qui complique la programmation, mais qu'il respecte, conscient que le sacré ne se plie pas toujours aux projecteurs. Avec Weber, le festival n'est pas juste une vitrine de sons pieux, mais un espace où l'on explore ce qui élève, ce qui transporte. Qu'il s'agisse de polyphonies religieuses ou de chants confrériques vibrants, l'idée est de capter cet élan vers l'invisible, tout en naviguant entre les exigences des artistes et les attentes du public. Une chose est sûre : pour Weber, le sacré n'est pas une étiquette, c'est une expérience. Et ça, ça donne envie d'aller écouter.