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Congrès du Parti communiste de la Fédération de Russie
Nostalgie et renouveau du socialisme en Russie
Publié dans Albayane le 06 - 03 - 2013


Nostalgie et renouveau du socialisme en Russie
Abdelahad Fassi-Fehri a représenté le PPS lors du congrès du parti communiste de la fédération de Russie, qui s'est tenu à Moscou les 23 et 24 février. Il a également participé au colloque sur «l'image du socialisme» qui a réuni le 25 février les 95 délégations de partis communistes, ouvriers et de gauche invités et où il a pris la parole pour insister sur la diversité des situations nationales qui exigent de chaque parti un effort original d'adaptation ; il a expliqué la situation au Maroc où le PPS se retrouve dans une alliance gouvernementale avec les islamistes modérés sur des bases politiques et programmatiques, sans aucune concession ou compromission idéologique. Il a évoqué la vision léniniste de la question nationale pour mieux souligner les dangers du séparatisme pour les peuples aspirant à la démocratie et au progrès. Il nous livre, dans l'article ci-après, ses impressions de voyage et rend compte des travaux du congrès des communistes russes.
Moscou a changé ; la circulation et sa densité ont changé, l'urbanisme a évolué, le comportement des gens s'est transformé, l'atmosphère et l'ambiance générale de la ville ont changé... Ma dernière visite à Moscou remonte à il y a 27 ans. Gorbatchev à l'époque était au pouvoir et la perestroïka était à ses débuts. Ma perception d'alors de la perestroïka était plutôt positive : le socialisme n'était nullement en danger et je voyais, à l'instar de beaucoup d'autres, la perestroïka comme un effort légitime de renouvellement et de régénération , une tentative «révolutionnaire» de débarrasser le socialisme de ses scories, de le moderniser et d'y introduire un grand souffle de respiration démocratique... J'étais à mille lieues de penser que nous étions à la veille du Big bang de la chute du mur de Berlin, de la fin du socialisme réel, de l'éclatement de la grande Union soviétique... et de la naissance d'un nouveau monde quasiment unipolaire, dominé par la mondialisation néolibérale triomphante.
A l'époque, invité du parti communiste de l'Union Soviétique au pouvoir, ce qui m'avait le plus frappé, c'était la largeur des avenues et la rareté des voitures, la sobriété des bâtiments et des décorations de rue, la rareté des panneaux publicitaires et l'abondance des affiches et des monuments à la gloire de Marx, Engels et Lénine et des héros de la guerre contre les nazis. La discipline des gens dans l'espace public était impressionnante... Le visiteur invité que j'étais avait le sentiment, rassurant et inquiétant à la fois, que rien n'était improvisé, qu'une organisation rigoureuse nous prenait en charge totalement, que nos camarades au pouvoir, dans la deuxième superpuissance mondiale, s'occupaient de tout : de notre santé, de notre divertissement, de notre transport, de notre nourriture...
En 2013, Moscou reste belle et majestueuse par ses bâtiments, ses églises orthodoxes, ses palais, son Kremlin et sa Place Rouge, ses parcs... Mais, sur le trajet entre l'aéroport et le complexe Ismaelovo, lieu de tenue du Congrès du parti communiste de la fédération de Russie, rien ne paraît différencier Moscou de la plupart des grandes métropoles européennes : les embouteillages jusqu'à l'étouffement, les publicités qui matraquent et assomment, les énervements et les disputes entre chauffeurs, les loubards de banlieue et leurs comportements standards, les enseignes des grands magasins franchisés qu'on retrouve partout, la mendicité aux feux rouges... Moscou a bien changé, s'est standardisée, banalisée.
Au complexe Ismaelovo, lieu du congrès et où doivent loger aussi bien les 95 délégations étrangères invitées que les 350 délégués au Congrès, un comité d'accueil est en place... Au premier coup d'œil, on se rend compte que beaucoup de choses n'ont pas changé : la fraternité et la chaleur de l'accueil des communistes ; l'échange d'accolades entre anonymes qui se rencontrent pour la première fois ; le dévouement de militants, pour certains d'entre eux plus très jeunes mais soucieux, par leur ferveur militante, de ralentir le temps qui passe ; le sens de l'organisation... Nous sommes bien au congrès du parti communiste de la fédération de Russie avec l'affichage ostensible de deux sentiments mêlés : nostalgie de la grande Union Soviétique et foi en l'avenir du socialisme et en sa victoire finale.
Le congrès se déroule sur deux jours : samedi 23 et dimanche 24 février alors que, le lundi 25 février, est prévu un colloque avec la participation des délégations des partis communistes ouvriers et de gauche invités sur le thème : «l'image du socialisme pour lequel nous nous battons».
La séance d'ouverture fut un moment d'une grande intensité : célébration de Marx, Engels, Lénine et de... Staline ; célébration du 95e anniversaire de la création de l'armée rouge et rappel, avec fierté, de sa contribution inestimable à la victoire sur le nazisme ; célébration du 20e anniversaire du parti et de sa légalisation après l'interdiction qui est survenue immédiatement après les évènements et la «contre-révolution» des années 1991 et 1992 ; grande émotion lors du chant de l'Internationale à gorge déployée par l'ensemble des participants ; remise de la carte du parti à de jeunes nouveaux adhérents parmi lesquels des sportifs de haut niveau, un entraîneur de hockey sur glace, des jeunes universitaires fraichement diplômés, des ouvriers...
Puis vint la lecture par Genady Zyuganov, président du comité central depuis 20 ans (et qui sera réélu à l'unanimité), du rapport politique au nom de la direction sortante : rapport riche, dense sous forme d'un diagnostic et d'un programme. Puis des séances plénières où des délégués interviennent au nom des organisations de base qui les ont élus : des interventions courtes, respectant scrupuleusement les temps impartis, traitant de points précis avec à la fois un souci d'analyse théorique globalisante et un souci d'illustration par la situation concrète des régions et villes de Russie et par l'état organisationnel du parti. Un vrai plongeon dans la Russie profonde, extrêmement riche d'enseignements.
Que retenir, sur le fond du rapport, des discussions et résolutions adoptées lors de ce congrès ?
1- La Russie est décrite comme un pays en crise profonde : depuis 20 ans, il y a eu liquidation méthodique et systématique de tous les acquis du socialisme en particulier sur le plan de la santé, de l'éducation, de la culture dont l'accès était assuré pour tous, gratuitement ,par le pouvoir soviétique ; des pans entiers de l'industrie ont été détruits ; la moitié de l'agriculture est ruinée ; l'Union Soviétique qui était en pointe dans le domaines des sciences, de l'industrie, de la conquête spatiale devient «un espace vide traversé par des gazoducs», dépendant pour ses besoins fondamentaux de l'occident capitaliste et soumise aux injonctions du Fonds monétaire international ; le chômage frappe durement les jeunes diplômés, phénomène inconnu à l'époque du socialisme
2- Le recul économique et social est accompagné par un grave recul de valeurs de civisme et de patriotisme ; les maux de la société russe sont perçus comme une conséquence de l'invasion idéologique de l'occident capitaliste : délinquance, insécurité et crime organisé, opportunisme et corruption, enrichissement scandaleux d'une classe qui a bénéficié de la liquidation des biens de l'Etat, traite des êtres humains... La critique est particulièrement sévère et rien dans la politique intérieure de Poutine ne trouve grâce aux yeux des communistes russes. Un délégué va jusqu'à dire : «ce que nous font subir les dirigeants actuels n'est rien à côté de ce que nous ont fait subir les hitlériens à Stalingrad», ajoutant «il faudrait des camps de travail en Sibérie pour certains de nos dirigeants actuels». Aujourd'hui encore il m'est impossible de dire si ces paroles relevaient de l'ironie et de la dérision ou traduisaient un vrai souhait, en tous les cas elles traduisent une vraie exaspération.
3- La démocratie russe connaît, selon le parti communiste russe, de graves entorses ; d'ailleurs les résultats des élections de l'année dernière n'ont pas été reconnus par le parti qui a cherché à les faire invalider. Pourtant le parti communiste a connu une progression spectaculaire avec plus de 20% des voix, tant aux législatives qu'à la présidentielle; le nombre de ses députés a doublé et est passé à 92 sur près de 450. 12 millions de Russes ont voté communiste. Le parti apparaît comme la deuxième force politique du pays (derrière Russie Unie de Poutine) et la principale force d'opposition autour de laquelle il essaie d'agréger d'autres forces sociales et démocratiques. L'alternance et l'accession au pouvoir sont clairement fixées comme objectifs ; mais la description du processus électoral en Russie est digne des «démocraties» les plus sous-développées : achat de voix, trafic d'influence, pression sur les électeurs, fraude à grande échelle... Est mentionné un grave recul des libertés publiques et syndicales et le jeu de saute-mouton de Poutine et Medvedev à la tête de l'Etat est raillé de façon mordante. Le bonapartisme et l'autoritarisme du pouvoir sont mis en accusation.
4- Une ambiguïté demeure : autant la critique du gouvernement actuel est féroce, autant il y a le souci de tenir sa place dans le jeu institutionnel en vigueur : les messages de Poutine et du président de la Douma sont lus aux congressistes et applaudis respectueusement, la presse officielle est présente et les travaux du congrès largement couverts, les représentants de l'Etat sont là en bonne place. Ouvertement à la tribune du congrès, Zyuganov se félicite du respect dont jouit le parti communiste chez tous les acteurs de la vie politique russe. Cela n'a pas empêché certains délégués de mentionner les limites de la «démocratie parlementaire bourgeoise» et de souligner qu'il faut rechercher des «raccourcis révolutionnaires» pour assurer la victoire du prolétariat. Que représente ce point de vue chez les congressistes ? En tous les cas les thèses officielles du congrès insistent sur la voie «démocratique et pacifique» pour la construction du socialisme. Mais un passage du rapport de Zyuganov laisse la voie ouverte à toutes les interprétations : «le parti communiste de la Fédération de Russie cherche à remplacer la démocratie parlementaire occidentale en Russie par une démocratie de type soviétique. La démocratie soviétique est le résultat de la créativité des masses populaires, telle qu'elle s'est exprimée durant les évènements révolutionnaires du 20e siècle» .
5- Le parti communiste de la fédération de Russie soutient dans ses grandes lignes la politique étrangère de la Russie officielle, en particulier sur la Syrie, l'Iran, le Proche-Orient... Les problèmes du monde arabe sont abordés sous l'angle de l'appui aux forces démocratiques et progressistes ; mais les questions de sécurité militaire y tiennent une place importante. D'ailleurs, lors de la réunion tenue avec les représentants d'une quinzaine de partis communistes, ouvriers et de gauche des pays arabes (dont le PPS qui représentait le Maroc), Zyuganov était accompagné, de manière assez surprenante, par le responsable du parti en charge des questions de sécurité et du travail au sein de l'armée. Ce congrès fut un grand moment de solidarité internationaliste dans la pure tradition du mouvement ouvrier et communiste international. Le parti communiste russe proclame son admiration pour les partis communistes au pouvoir : parti communiste de Chine, bien souvent cité en exemple, du Vietnam, du Laos, de Biélorussie... Il souligne les acquis des régimes latino-américains de Cuba, du Venezuela, du Nicaragua, du Brésil... décrits volontiers comme les têtes de pont de la lutte anti-impérialiste... L'idée est là de recréer une nouvelle Internationale des partis communistes et ouvriers et un groupe de travail prépare une conférence internationale pour 2014, considérée comme devant être un temps fort pour tracer une alternative à la crise du monde capitaliste.
6- Mais l'un des mots d'ordre qui a eu le plus de succès au cours de ce congrès est celui de la reconstruction du «l'unité du peuple soviétique» ; les communistes russes , de manière touchante , n'ont pas fait le deuil de l'Union Soviétique ; avec beaucoup de nostalgie, ils se souviennent : «autrefois, nos familles étaient composées de membres de nationalités diverses ; nous nous sentions unis et forts ; aujourd'hui, on nous a divisé humainement pour mieux nous asservir». Symboliquement, les représentants des partis communistes ukrainien et biélorusse sont élus à la présidence du congrès ; ils prennent la parole pour déplorer qu'ils ne puissent pas voter lors de ce congrès à l'instar des autres congressistes alors qu'ils se sentent appartenir au même parti et au même peuple. Et, dans un même élan, ils réclament avec force l'union de leurs Etats avec la Russie.
7- Nostalgie et difficulté de tourner la page, ou bien utopie féconde augurant de nouveaux lendemains ? L'avenir nous le dira.
8- Le programme du PCFR pour la phase actuelle s'intitule «pour une nouvelle politique économique» ; il reprend le sigle de la fameuse NEP de Lénine ; il y a là plus qu'un symbole... Cette NEP contemporaine s'articule autour de la nationalisation des secteurs-clé de l'industrie, la création d'une grande banque étatique regroupant les banques privées nationalisées, le développement de l'agriculture autour de l'objectif central de la sécurité alimentaire, une réforme fiscale encourageant l'économie productive réelle et exonérant les pauvres de toute charge... Le programme souligne la responsabilité de l'Etat pour assurer à tous le droit au logement, à l'éducation, à la santé... La capacité militaire du pays devra être rebâtie et la «reconstruction de l'union fraternelle des peuples de l'ex URSS» est fixée come axe majeur. Enfin, libertés démocratiques et formes innovantes de gouvernement du peuple devront être promues. Mais, tout en exposant leur programme, les communistes russes insistent sur la nécessaire innovation théorique, l'effort de renouvellement idéologique pour mieux définir le socialisme du 21e siècle; ils valorisent leurs intellectuels qui dirigent leurs centres de recherche et les multiples revues du parti... Mais une constante demeure : leur inspiration reste dans les œuvres de Marx, Engels, Lénine et... Staline ; les jeunes communistes sont vigoureusement incités à étudier leur œuvre... La référence à Staline et son retour au même niveau que les trois autres «pères» du socialisme fut pour moi une surprise : la déstalinisation fut bien une réalité depuis 1952 et le fameux rapport de Khroutchev, longtemps secret , dénonça les crimes de la période stalinienne. En fait, à y réfléchir, cette référence n'est pas surprenante et Staline reste aux yeux de beaucoup de russes, bien au-delà des seuls communistes, comme le symbole de la grandeur passée de la patrie, du combat héroïque contre l'armée allemande... Le siège de Stalingrad est évoqué par de nombreux délégués ; une pétition d'ailleurs circule avec beaucoup de succès pour que Stalingrad retrouve son nom (au lieu de Volgograd) en hommage à Staline et aux victimes de son siège par les Allemands.
9- Dans l'explication des causes qui expliquent l'écroulement de l'URSS et du PCUS, j'ai le sentiment que l'autocritique tient une place trop réduite... Certes, on évoque les erreurs passées et la nécessité d'en tenir compte à l'avenir, mais cela est fait du bout des lèvres. En fait, dans la bouche de dirigeants et de beaucoup de militants, les causes de l'échec du socialisme réel et la victoire de la «contre-révolution» en 1991 et 1992 sont essentiellement dus à la «cinquième colonne» et au cheval de Troie qui, sous couvert de perestroïka et de glasnost, ont investi le parti communiste et l'Etat soviétique avec le projet planifié de démanteler le socialisme. Certes... mais les entorses à la démocratie, la confusion Etat-Parti, l'éloignement du parti des préoccupations du peuple et de la société, la corruption et le développement d'une nomenklatura de privilégiés, les dérives bureaucratiques, la rigidité idéologique et le dogmatisme ,les erreurs mortelles de l'interventionnisme soviétique en Afghanistan et ,plus tôt , dans les pays du Pacte de Varsovie, pour faire taire toute voix dissonante... tout ceci n'est pratiquement pas évoqué, ou si peu. Sans doute du fait d'un état d'esprit général, sûrement sincère, mais trop marqué par la nostalgie et l'exaspération devant la situation actuelle de la Russie... ce qui , en dernier ressort, limite la lucidité dans l'analyse historique. Avec un grand sens de la dérision et beaucoup d'humour, un délégué s'écria au milieu des sourires des congressistes : «Camarades, il faut absolument arrêter de s'auto flageller ; les seuls qui aujourd'hui doivent faire, s'ils le pouvaient, leur autocritique, ce sont Marx, Engels et Lénine ; nous avons été des élèves scrupuleux ; nous avons cherché consciencieusement à appliquer tout leur enseignement... Et pourtant, ça n'a pas marché. Ces trois-là doivent faire leur autocritique». Ces paroles, qu'en d'autres temps on aurait considérées blasphématoires, constituent tout simplement un appel au renouvellement pour mieux définir un socialisme du 21e siècle. Interpellation qui est loin de concerner les seuls communistes russes... mais tous ceux qui aspirent à une société de justice et de liberté, débarrassée de l'exploitation capitaliste.
*membre du BP du PPS


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