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Souvenirs : Jalousie juvénile
Publié dans Albayane le 20 - 06 - 2010

Parfois, il y a de ces anecdotes particulières qui restent gravées dans la mémoire et dont l'impact dégage tout de même une certaine leçon appréciable quant à sa valeur sur le plan relationnel et qui mérite d'être retenue…
Aussi, il me plait de narrer brièvement l'une de ces anecdotes vécue dans ma préadolescence.
Dans ce contexte, je préciserai d'abord que l'écriture est pour moi un réel plaisir et un “hobby” dont je ne me lasse pas, comme de la lecture par ailleurs, et ce, depuis mon jeune âge scolaire et dont le mérite et la reconnaissance reviennent en premier lieu à la bienveillante perspicacité d'une excellente et compétente institutrice en l'occurrence
Madame Maffait qui m'a fait aimer la lecture et l'écriture, ce qui me poussait à dévorer tout ce qui me passait sous la main tels de vieux livres, revues,journaux etc.. .même le bout de papier journal de l'épicier du coin qui m'enveloppait une petite denrée quelconque, comme le sucre, le thé, pois chiches et j'en passe…
Doté d'un esprit curieux et observateur, j'avais déjà, encore préadolescent, commencé à écrire une espèce de journal intime en notant avec date mes observations et remarques sur les brouilles entre camarades, les relations inter-voisins, les évènements survenus dans la famille, les travers de la société selon ma perception et même sur l'évolution caractérielle et économique de certaines gens. Aussi, à ce propos, je me souviens à ce jour d'un acte condamnable perpétré à mon encontre sous forme de facétie très mal acceptée de ma part. Je m'explique :
J'avais à l'époque vers les années 47-48 du siècle dernier, un copain de quartier auquel je me suis lié par camaraderie car jouant et allant ensemble à la même école. Me dépassant de 3 ou 4 ans d'âge, nous avons sympathisé l'un et l'autre d'autant que nous nous entendions bien sur tous les plans. Comme nous étions brillants en classe tous les deux, parfois nous nous amusions à nous poser des colles dans l'orthographe des mots, des synonymes, des homonymes et même de subtiles recherches à dégager un mot dont je me rappelle encore parmi le flot de l'un d'entre eux qu'il m'avait posé sur un mur blanc et au crayon : ”lersamiel” qui veut dire Marseille - C'était un amusement sain, instructif, mais c'était aussi une fierté de se sentir plus savant.
Ce copain n'était autre que Hadi Chadli. Un jour, un garçon de mon âge nommé Abdeslam ben Mohamed habitant à Ouezzane venait rendre visite à sa mère Lalla Fatma, une voisine divorcée. Sa mère me le confia pour veiller sur lui et l'introduire dans nos jeux du quartier. Il était agréable à fréquenter par sa gentillesse et sa sagesse. Mais il me faisait de la peine lorsqu'il me racontait tout le calvaire que lui faisait subir sa marâtre dont il est son souffre-douleur, c'est pourquoi, il venait se réfugier auprès de sa maman qui l'entoure de tendresse et même celle du mari qui le considère comme son propre fils. Par compassion, je l'ai aimé et adopté comme un frère.
Mon affection pour lui s'est renforcée par le fait qu'il vit malheureux comme orphelin alors que ses parents sont vivants. Mon penchant vers lui se situa à celui qui manque d'affection d'un frère ou d'une soeur comme moi, dont la fratrie a été décimée par les maladies infantiles dans le vieux passé marocain. Ainsi,je le prenais comme un nouveau frère et lui de même ,ce qui faisait le contentement de sa mère qui était une brave et gentille voisine aimée par l'ensemble du quartier. Mes camarades l'adoptèrent également, surtout qu'il avait un certain talent dans le jeu de football.
A la fin des vacances scolaires, il retournait chez son père à Ouezzane poursuivre ses études. La séparation ne se passait pas sans larmes de part et d'autres avec promesse de s'écrire afin de ne pas perdre le contact. C'est ainsi que s'instaura entre nous une relation épistolaire en vue de lui donner des nouvelles de sa maman ainsi que celles des copains.
Fidèle à ma parole, je demandais à ma mère de me donner à chaque fois l'affranchissement d'une lettre qui coûtait à l'époque 15 francs (c'est-à-dire 15 centimes actuels).
Un jour, n'allant pas vers la même direction, je pria l'ami Hadi de poster la lettre que je lui tendis et destinée à l'ami Abdesalam.
Quelques jours plus tard, quelle fut ma surprise de recevoir un pli sensé provenir de mon pote d'Ouezzane et où il me traitait de tous les noms de lui avoir manifesté de l'indifférence, de l'avoir oublié avec un coeur si dur, alors qu'il s'est cassé la main et que c'est un camarade de classe qui lui a écrit la lettre sous sa dictée et que je ne valais pas d'être son ami, qu'il n'a plus confiance en moi, ni à mon amitié et que désormais je ne devais plus lui écrire et enfin tout était fini entre nous !
A la lecture de cette messagère, je suis resté sidéré, abasourdi, j'ai eu comme un vertige. Quoique sachant que je n'ai rien à me reprocher.
Je suis resté éberlué et ébranlé au plus profond de moi même. Alors mon sang ne fit qu'un tour, n'ayant pas admis ce dont j'étais incriminé, moi le sincère, le fidèle, l'innocent avec tous, je pris ma plus belle plume pour lui répondre dans des termes de celui qui tombe vraiment des nues en me défendant, tel un innocent qui se voit accuser injustement de faits dont il ignore totalement l'existence.
Je me rappelle avoir été très affecté de me voir accusé à tort de faits inimaginables. Irrité et très mécontent, mais fidèle à ma franchise avec tous, je racontai ingénument l'affaire à l'ami Hadi en lui tendant la lettre par qui le scandale est arrivé. Ce fut là encore une autre surprise de mauvais goût, alors que je m'attendais à le voir plus surpris que moi, il éclata d'un rire cynique et moqueur. Interloqué à plus d'un titre, je restai perplexe sur sa bizarre et douteuse attitude qui prêta à confusion et aussitôt avec encore un large sourire jaune de grand vainqueur, il m'avoua sans aucune retenue ou regret qu'il était l'auteur de cette facétie, de cette blague dont il se sentait fier de surcroît. Alors là, je n'en revenais pas, mais vraiment pas! J'étais là devant lui collé, immobile, mais je ne sais pas comment j'ai retenu mon intense colère, une ire qui bouillonnait en moi intérieurement en restant songeur sur cette espèce de lâcheté à mon égard, moi qui avait en lui une confiance aveugle sans borne.
A ma question de savoir pourquoi il a fait cela à moi qui pourtant le tenait en haute estime, voire même plus par respect, tel un frère aîné, il répondit toujours cyniquement qu'il s'est permis de se gausser simplement par «jalousie» que je sois aussi l'ami de Abdeslam, ce qu'il ne voulait pas admettre sans l'affirmer. ”Mais mon cher ami Hadi, tu n'avais pas à recouvrir à pareille sottise, alors que rien n'a changé entre nous, tu es et tu restes toujours mon premier ami et que si j'écris à Abdeslam, c'est pour lui donner les nouvelles de sa mère et du quartier, et aussi pour lui remonter le moral, car il vit malheureux là bas lui ai-je répondu. “Devant cette espèce de comportement assez déplacé et hors jeu, j'ai découvert ma première confrontation avec un état d'esprit nommé: ‘‘jalousie'' dont je n'ai jamais su l'existence parmi la gente infantile encore insouciante. Devant cet état de fait, il faut reconnaître que j'étais bien naïf et moins éveillé par rapport à l'ami Hadi fort gentil, mais aussi fort rusé qui malheureusement a agi dans le mauvais sens visant à détruire une nouvelle amitié sous le prétexte d'une plaisanterie. Plaisanterie drôle et de mauvais goût, que je n'ai pas oublié à ce jour!
Bien plus tard, lorsque mon ami fit des études de droit, pour me tiquer et raviver cet amer souvenir, il me dit.”Si j'avais commis cet acte de détournement de courrier à présent, je serai passible de sanctions pénales. Avoue que je l'ai échappé bel, n'est ce pas ?”
Mais mon cher, tu es arrivé quand même à ton but, à savoir que depuis cette fameuse lettre-réponse, il n'a donné plus signe de vie et entre temps sa pauvre maman est décédée. Malgré deux autres missives pour l'informer du décès de sa mère, il n'a pas donné suite (Quoique vivant encore, je suis allé 30 ans plus tard à Ouezzane pour m'entendre dire par les voisins de son quartier qu'il vit à Salé avec ses enfants devenus grands mais qu'ils ignorent son adresse). Si l'on revient à la bêtise de l'ami Hadi, je me reproche d'avoir été plus que naïf pour ne pas avoir eu l'idée de jeter un coup d'oeil sur le timbre à date de la poste pour connaître la provenance.
J'étais loin de songer à pareille sottise tellement la confiance était totale envers l'ami Hadi qui s'en est servi pour me jouer ce vilain tour.
Cette anecdote inoubliable, chacun l'a racontée à ses enfants, et quand nous nous rencontrons en famille, nous ne cessons d'évoquer des dizaines d'anecdotes et de souvenirs aux finalités truculentes et parfois bien cocasses car il faut le préciser encore une fois, notre amitié a pris naissance dés l'enfance et n'a cessé de se renforcer tout le long de notre vie et ce, sans aucun accroc ou mésentente jusqu'à notre actuelle vieillesse hormis cette idiotie de la préadolescence, ces souvenirs que nous évoquons produisent un grand étonnoment de nos enfants qui restent ébahis en admirant la solidité d'une amitié qui a survécu aux vicissitudes du temps et tout le long d'une carrière de plus de 40 ans où nous avons suivi le même itinéraire où plusieurs similitudes circonstancielles s'interpénètrent dans le courant de notre vie à tous deux jusqu'à notre retraite qui s'écoule merveilleusement bien par nos contacts continuels, ce qui nous rajeunit quelque peu en dépit de nos cheveux blancs de ”chibani”
Et cela, ne manque pas d'avoir un réel charme auréolé d'une véritable réussite à savoir une amitié sincère qui perdure encore voilà plus de 60 ans. Une telle amitié ne court pas les rues, faut-il le préciser? Et c'est bien plus tard que j'ai compris que son geste maladroit de jalousie de jadis, n'était autre qu'un aveu d'amour fraternel déjà, et qu'il ne voulait pas qu'un autre vienne s'en accaparer et prendre sa place. Voilà tout ! Telle est cette anecdote notée dans le journal intime de mon vieux passé d'enfance
Nous ne manquons pas de remercier Dieu le Tout Puissant qui nous a permis encore de vivre pour en parler à ce jour de ces inoubliables souvenirs qui nous procurent du baume au coeur.
Casablanca


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