On reviendra encore une fois aux événements tristes qui ont fait et continue de faire couler beaucoup d'encre, dimanche dernier, suite à l'opération vile de vandalisme, perpétrée dans l'enceinte de l'ensemble sportif My Abdallah et hors du stade. Ces effarants incidents qui dépassent le registre strictement sportif pour tomber résolument dans l'extra-sportif, ont dû heurter et exaspérer les grandes masses, à partir des rapports photographiques, tout au long de deux jours d'affilée, au lendemain de ces horribles actes d'extrême cynisme. De fil à aiguille, on donnait libre court aux récits sur les horribles images au point de se croire à un réel affront guerrier entre armée lourdement outillée et milices déchaînées, à bout portant. Il y a donc bel et bien, un fil conducteur de ce dérapage désolant qui relèverait, non pas de simple réaction à une défaite à domicile, mais de riposte vindicative dont l'essence est à voir ailleurs. Sans prétendre tenir un discours de sociologie de masse ou psychologie juvénile, il va sans dire que ce qui s'est opéré dans l'aire de football à Rabat, devrait aussi faire l'objet d'analyse politique, tout en s'appuyant sur l'une et l'autre des sciences sus mentionnées. Il est bien clair que l'explication du lynchage survolté des assaillants, pour la plupart de bas âge, se résume en l'état aussi bien moral que social auquel s'ébat la jeunesse des quartiers égarés dans les dédales de l'exclusion et de la misère. «La foule est méchante !», disait ainsi Voltaire dans l'un de ses illustres essais, ce qui traduit fortement cette excitation révoltante dont l'énergie négative émanait justement de la ruade revancharde vis-à-vis de la propriété privée d'autrui incarnant pour elle, la raison de ses malheurs. Ce cumul des sentiments de haine et de ressentiment ne se résoudrait pas par la répression punitive, aussi brutale soit-elle, mais sans doute, au-delà du « remède » sanctionnant de la réprimande, le relèvement de la condition sociale, la refonte de l'école publique, l'intégration décente dans l'univers de l'emploi, le logement idoine dans un cadre agréable, le rehaussement des supports de culture, de création et d'épanouissement...Il est vrai que le phénomène du houliganisme n'est pas l'apanage exclusif des pays pauvres ou émergents, mais initialement mis en avant dans les stades anglo-saxons pour protester contre l'arbitraire étroitement sportif. Mais, le nôtre revêt un caractère plutôt revendicatif à la vie digne, au devenir salutaire et au bout du tunnel. Il fallait alors s'en rendre compte aux messages d'alerte proférés sur les gradins par les ultras, fustigeant l'injustice, l'abandon et le pourrissement de leur existence. Il fallait anticiper sur ces sonnettes d'alarme pour leur assouvir les attentes, subvenir à leurs besoins et transcender leurs contraintes à travers une politique publique de confiance et d'espoir !