Santé partenariat public-privé Ouardirhi Abdelaziz Depuis de longues années, le secteur de la santé a toujours fait parler de lui en des termes peu glorieux: accueil froid, hygiène et propreté des locaux qui laissent à désirer, longue attente, pénurie de personnel, des appareils souvent en pannes, manque de certains médicaments, des soins à peine acceptables. De ce fait, le secteur public est souvent critiqué pour ses nombreuses défaillances, ce qui pousse beaucoup de malades par dépit à se tourner vers le secteur privé. Aujourd'hui, à l'aune de la mise en place de la couverture sanitaire universelle, le partenariat public-privé est une nécessité plus qu'une option. Partenariat public-privé dans le secteur de la santé. On vous dit tout. Le partenariat entre le secteur public et le secteur privé dans le domaine de la santé a de tous les temps occupé une place importante dans la mouture et l'élaboration des différentes stratégies élaborées par le ministère de la Santé. Déjà, du temps de feu Taieb Bencheikh , c'était un souhait exprimé par les médecins des deux secteurs. Les choses ont évolué depuis grâce aux différents ministres qui se sont succédé, chacun ayant à sa manière apporté une pierre à ce projet dont le principal objectif est l'amélioration, la généralisation des prestations médicales au profit de l'ensemble de nos concitoyens sans rien perdre sur la qualité des soins. Ne laisser personne de côté Le partenariat entre le secteur public et privé dans le domaine de la Santé est au-devant de la scène, c'est un sujet d'actualité, pour moult raisons, mais surtout en ce qui concerne la couverture sanitaire universelle. De ce fait, c'est un thème qui ne laisse personne indifférent, aussi bien le gouvernement, les politiques, les décideurs et responsables de notre système de santé, les différents intervenants et acteurs du public et du privé. L'objectif de ce partenariat public-privé est d'offrir des soins de qualité au profit de l'ensemble de notre population. Pour se faire, ne laisser personne de côté, assurer à toutes et à tous les mêmes soins. Notre pays, notre système de santé doit disposer des moyens nécessaires pour mener à bien ses missions et ses objectifs, et donc une offre de soins conséquente. Eviter les dérives Il est vrai que le PPP est un projet qui passionne, qui ne laisse pas indifférent. Il suscite l'espoir chez certains malades qui pourront avoir accès rapidement aux soins de qualité, de bénéficier d'une expertise médicale avérée, de la haute technologie et ce grâce à une complémentarité du secteur public et privé où les deux parties seront gagnantes grâce à un cahier de charges bien détaillé pour éviter tous les risques de dérives. En toute objectivité, une complémentarité saine où l'intérêt des malades est placé au-dessus de toute autre considération et qui intègre en bonne place la notion de solidarité, permettra de ne pas en douter une répartition équitable des soins entre les diverses catégories sociales et les différentes régions du pays. Ce qui est synonyme de justice sociale, d'égalité des chances face à la maladie, c'est le plus bel exemple de la démocratisation des soins. Mais comme dit l'adage, la plus belle femme ne peut donner que ce qu'elle a. Autrement dit, il faut des moyens pour réussir un tel projet ambitieux, ce qui fait référence à l'offre de soins dont dispose le Maroc. Offre de soins en 2022 Le ministère de la Santé vient de publier une nouvelle carte sanitaire qui donne un aperçu détaillé sur la situation de l'offre de soins en 2022. Le corps médical dans le public se chiffre à 13 682 en 2022 dont 3 494 généralistes, 9402 spécialistes, 596 dentistes et 190 pharmaciens. Dans le secteur privé, on dénombre 5414 médecins généralistes et 8785 médecins spécialistes, soit un total de 14.199 médecins. Ainsi, le Maroc compte au total 27 881 médecins dans le public et le privé. Pour une population de 37 millions d'habitants, le ratio est de 7,5 médecins pour 10.000 habitants alors que le standard de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est de 15,3 médecins pour 10.000 habitants. En ce qui concerne les établissements hospitaliers, on relève 155 hôpitaux à travers tout le pays avec une capacité de 25.199 lits. S'agissant des établissements de soins de santé de base ( ESSB), les données du ministère de la Santé font état de 2157 établissements de soins de santé primaire, 861 centres de santé urbains et 1.296 centres de santé ruraux. Le Maroc ne compte que 10 hôpitaux psychiatriques avec une capacité de 1.512 lits. Il n'existe actuellement que 128 centres d'hémodialyse pour les malades dans le public avec un nombre total de 2613 appareils de dialyse. Cette carte sanitaire montre également que les établissements hospitaliers dans le public font face à un manque de matériel, notamment au niveau des équipements biomédicaux et installations de haute technologie. Les cabinets de consultation médicale dans le privé sont au nombre de 11 928. Le privé compte également 308 cabinets de radiologie, 636 cabinets de laboratoire, 4416 cabinets dentaires. Les pharmacies dans le secteur privé, leur nombre s'élève actuellement à 11.000. De grands efforts, mais ..... Une telle offre de soins pour 37 ou 40 millions de citoyens, ne pourra jamais répondre efficacement et pleinement à toutes les demandes de soins. Il faut être objectif. On ne peut nier que de très grands efforts ont été consentis ces dernières années dans le secteur de la santé (meilleurs financement – nouvelles structures sanitaires, équipements, ressources humaines, formation, motivations ....) Des actions qui ont permis d'améliorer l'état de santé de la population générale, comme en attestent des indicateurs de santé publique (allongement de l'espérance de vie, net recul de la mortalité infantile, etc. Sans oublier la lutte contre la pandémie du coronavirus, la campagne nationale de vaccination contre le Covid ..... Mais force est de constater que les progrès accomplis ne profitent pas à tous de manière équitable, car les moyens dont dispose le secteur public ne lui permettent pas de s'exprimer pleinement, totalement. De ce fait, notre pays sous la conduite éclairée de sa Majesté le Roi Mohamed VI , que Dieu le glorifie, a fait le choix de moderniser le secteur de la santé, d'améliorer en profondeur tout le système de santé national, d'assurer l'élargissement de la couverture maladie au plus grand nombre ( professions libérales, artisants, artistes, ouvriers agricoles, pécheurs, chauffeurs, commerçants , .....) Une grande réforme de secteur de la santé est à l'œuvre, et au Cœur de cette réforme se situe la volonté de réaliser concrètement le droit à l'accès aux soins et à la santé pour tous les marocains, en prenant en considération l'ensemble des déterminants de la santé, tout en construisant un bon système de santé performant, en mesure d'assurer la pérennité du changement attendu. Cela sera possible et se concrétisera grâce à un partenariat public-privé, qui permettra la mise en commun des moyens en vue de l'amélioration de l'offre de soins et de services et l'exécution de programmes spécifiques de santé. Ecrire une nouvelle page de l'histoire de la santé du Maroc Le Maroc a toujours su relever les défis, c'est encore plus vrai quand il est question de santé. Il suffit pour cela de se reporter à la vaccination généralisées gratuite pour tous les enfants, qui nous a permis de vaincre certaines maladies, même chose pour la lutte contre le Sida et la tuberculose, l'accès aux médicaments, la lutte contre la mortalité maternelle et infantile, la lutte contre la Covid. Aujourd'hui, le département de la santé a tous les atouts (ou presque ) en sa possession pour aller de l'avant, hormis les ressources humaines et financières, mais malgré tout, il peut compter sur les femmes et les hommes qui représentent l'ossature du système de santé du secteur public et du secteur privé, des professionnels entièrement dévoués qui désirent réellement être des acteurs actifs dans l'édification et l'élaboration d'une meilleure organisation de notre système de santé d'assurer une pleine réussite à la couverture sanitaire universelle. Cette nouvelle page de l'histoire de la santé du Maroc nouveau, tous les professionnels de santé désirent ardemment l'écrire, c'est une mission citoyenne qui honore tous les professionnels de la santé (médecins-infirmières, infirmiers, administratifs), qui sont conscients des responsabilités qui sont les leurs, et de la confiance qui est placée en chacun d'eux et de l'honneur que leur a témoigné SM le Roi Mohammed VI. Ce qui nous manque, c'est une réelle volonté politique pour aller de l'avant, c'est d'oser, de prendre quelques risques, mais de donner sa chance au partenariat public-privé.