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Amine Tehraoui suspend le soutien public à sept cliniques privées tandis que la répartition sanitaire nationale révèle de profondes disparités régionales
Le ministre de la santé et de la protection sociale, Amine Tahraoui, a affirmé être intervenu personnellement pour suspendre l'octroi du soutien public à plusieurs cliniques privées ayant soumis des demandes d'appui financier à la Commission nationale des investissements (CNI). Selon ses précisions, sept établissements étaient concernés, dont certains avaient atteint un stade d'examen avancé. Dans un entretien très suivi accordé lundi 6 octobre à la deuxième chaîne (2M, public), le ministre a rappelé que cette commission, à caractère interministériel, statue collégialement sur les projets d'investissement. «Lorsque j'ai pris connaissance des dossiers relatifs au secteur de la santé, j'ai demandé la suspension temporaire du soutien afin de réévaluer notre relation avec le privé, notamment en matière d'incitations à l'investissement», a-t-il indiqué. M. Tahraoui a précisé que sa position ne remettait pas en cause le principe d'un partenariat public-privé, mais interrogeait sa pertinence dans un domaine déjà rentable. «Le problème n'est pas d'aider le secteur privé, mais de savoir s'il est légitime de continuer à encourager un secteur naturellement lucratif. Les assurés se rendent dans les cliniques et sont remboursés par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), ce qui limite considérablement le risque financier pour les investisseurs», a-t-il expliqué. Certaines cliniques ont démenti toute perception d'aides publiques mais le ministre a confirmé que plusieurs d'entre elles avaient bien déposé des dossiers officiels. «Il ne s'agit pas de soutiens déjà accordés, mais de demandes introduites dans le cadre des procédures en vigueur», a-t-il souligné. Le ministre a insisté sur la nécessité de conditionner les aides à des obligations précises, notamment dans les régions où la pénurie de ressources humaines médicales demeure aiguë. «Un investisseur qui souhaite ouvrir une clinique dans une zone déficitaire doit venir avec ses propres praticiens, et non débaucher ceux de l'hôpital public voisin, déjà en difficulté», a-t-il ajouté. Par ailleurs, M. Tahraoui a, une nouvelle fois, exprimé son opposition à la construction de cliniques privées à proximité des centres hospitaliers universitaires (CHU), estimant qu'une telle implantation provoquerait «une concurrence déloyale et un assèchement des compétences du secteur public». Répartition sanitaire nationale : 177 hôpitaux publics pour 453 cliniques privées Les données officielles du ministère de la santé et de la protection sociale (MSPS) mettent en évidence le déséquilibre structurel entre le public et le privé. Le Maroc compte actuellement 177 hôpitaux publics contre 453 cliniques privées, soit plus de deux établissements privés pour un hôpital. La région Casablanca-Settat concentre à elle seule 27 hôpitaux et 142 cliniques privées, suivie par Rabat-Salé-Kénitra (21 hôpitaux, 70 cliniques), Marrakech-Safi (20 hôpitaux, 54 cliniques) et Fès-Meknès (21 hôpitaux, 50 cliniques). À l'inverse, les régions méridionales accusent un déficit manifeste : Dakhla-Oued Eddahab, Guelmim-Oued Noun et Laâyoune-Sakia El Hamra ne disposent chacune que d'un à cinq hôpitaux et d'une seule clinique privée. Les régions enclavées telles que Drâa-Tafilalet et Béni Mellal-Khénifra présentent également une offre limitée, avec respectivement 12 hôpitaux pour 5 cliniques et 12 hôpitaux pour 32 cliniques, révélant la concentration excessive des infrastructures médicales dans les grands centres urbains.