Ouardirhi Abdelaziz Dans cette histoire de Chicha, il y a un adage qui dit « qu'il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ». Cet adage trouve ici toute la portée de sa morale, surtout en ce qui concerne le phénomène de la chicha et des réels dangers et ravages que cette pratique peut causer pour la santé. Pourquoi un tel article sur cette pratique qui faut-il le rappeler est relativement ancienne, combien même elle est combattue par les autorités qui de temps à autre ferment certains lieux réputés pour la chicha. Ce qui a motivé cet article, c'est le constat que j'ai personnellement fait en marchant à pieds depuis la rue Mustapha El Maani, en passant par le 11 janvier, puis le boulevard Mohamed V et la rue Mohamed Diouri . Ce que j'ai pu relever comme café chicha sur cet itinéraire est absolument sidérant, dangereux, grave. Surtout quand on connait tous les risques pour la santé qu'entrainent ces séances de chicha . Une pratique très prisé Il faut savoir que toutes les études scientifiques ont démontré depuis bien longtemps les effets néfastes du narguilé sur la santé de celles et ceux qui fument le tabac parfumé. Une session de narguilé équivaut au moins à 40 cigarettes. Le narguilé, connu sous le nom pipe à eau ou de chicha, est devenu aujourd'hui une pratique très prisé par une large frange de la population Marocaine : jeunes et moins jeunes s'adonnent tous les jours à cette pratique très nuisible. La consommation de ce tabac parfumé (pomme- poire-banane-ananas ...) s'invite désormais dans la plupart des cafés et salons de thé. Les cafés chicha sont particulièrement présents au niveau des grands boulevards et artères très fréquentés, c'est notamment le cas de la rue Mohamed Diouri où les cafés de Chicha sont ouverts de 7 heures du matin jusqu'à une heure tardive au vue et su des autorités qui ferment les yeux, au moment où les autorités entendent mettre un terme définitif à cette pratique qui porte atteinte à la santé. Un phénomène qui prend de l'ampleur Ce n'est un secret pour personne, les cafés et restaurant où l'on peut fumer la chicha sont de plus en plus nombreux, tout le monde semble s'accommoder de cette tendance et pourtant, ses conséquences sont d'autant plus graves que la consommation de cigarettes. Beaucoup ignorent que le narguilé est plus toxique que les cigarettes fumées, au point de considérer que fumer le narguilé n'est qu'une partie de plaisir à partager entre amis(es). Dans une étude réalisée par l'OMS, il a été démontré que les substances toxiques du narguilé provoquent les mêmes maladies que celles de la cigarette. Comme pour la cigarette, les composants carcinogènes de la fumée du narguilé sont à l'origine des cancers du poumon, de la cavité buccale, des lèvres et de la vessie. Les maladies cardiovasculaires sont également plus fréquentes. Selon les résultats d'une étude de l'Université américaine de Beyrouth, la fumée de la chicha libère environ 4.000 substances chimiques. Alors qu'un gramme de tabac à chicha contient entre 24 à 80 mg de goudrons, une cigarette libère 10 mg de goudrons. Vu les problèmes de santé causés par la consommation de cigarettes, autant dire que la chicha est aussi à éviter. En Egypte, pays où cette pratique est fortement encrée au sein de toutes les couches de la population, une étude rend le narguilé responsable du retour de la tuberculose dans ce pays. Risques d'infections S'adonner au rituel de la chicha est d'autant plus dangereux qu'il comporte des risques de transmission de maladies par l'eau, une mauvaise hygiène bucco-dentaire, vu que le rituel se base sur le partage du narguilé. 80% des fumeurs utilisent le même tuyau et le même embout. La consommation du narguilé en groupe compte, en plus de l'inhalation de produits toxiques et cancérigènes, des risques de transmission de maladies infectieuses. Face à la montée en flèche de ce phénomène très dangereux pour la santé et en présence de l'engouement des fumeurs et surtout des jeunes des deux sexes, il y a fort à craindre pour la santé de nos jeunes qui s'adonnent en toute liberté à ce type de tabagisme dans des lieux dont les propriétaires ne semblent craindre personne. Il est grand temps d'agir, d'entreprendre une grande campagne de sensibilisation aux réels risques inhérents à cette pratique, de lutte efficacement contre le tabagisme et surtout de fermer une bonne fois pour tous ces lieux qui ravagent la santé de notre jeunesse. Au lieu de s'inspirer des pays européens qui interdisent l'usage du tabac dans les lieux publics, dans les cafés, bars, on voit se développer chez nous les formes classiques du tabagisme et maintenant, la chicha. Il y a lieu de s'inquiéter sérieusement de l'impact de cette mode qui prend de l'ampleur. Tabagisme : Des résultats qui interpellent Selon les résultats présentés par le ministère de la Santé et de la protection sociale, la prévalence du tabagisme au Maroc est de 13,4% chez les adultes âgés de plus de 18 ans, dont 27% des hommes et 0,4% des femmes. Chez les élèves de 13 à 15 ans, la prévalence du tabagisme est de 6% alors qu'environ 35,6% de des populations sont exposées au tabagisme passif dans les lieux publics et professionnels. Selon les résultats de l'évaluation de l'impact épidémiologique et économique du tabagisme au Maroc réalisée en 2021, le tabac était responsable en 2019 de 74.000 cas de cardiopathie ischémique et de 4.227 nouveaux cas annuels du cancer du poumon. En outre et selon ces mêmes résultats, le coût économique annuel du tabac au Maroc s'élève à plus de 5 milliards de dirhams en 2019, représentant 8,5% des dépenses totales de santé et 0,45% du PIB.