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Islamophobie et électoralisme en temps de crise en Espagne
Publié dans Albayane le 14 - 10 - 2010

Pour justifier l'irrationnelle peur du musulman et de l'immigré, l'extrême droite en Espagne puise son discours dans un répertoire et passé meublés des séquences de génocides, de guerres raciales, d'exclusion et de discrimination. En cas d'élection de ses représentants au Congrès des députés de la nation ou aux parlements régionaux, ceux-ci constitueront une véritable bombe à retardement. Ils agiront ainsi sans scrupules comme le font les députés du Vlaams Belang en Belgique, du Pro-köln en Allemagne, du Front Populaire en France ou le FPÖ en Autriche. Leur permettre d'accéder au statut de député serait une menace réelle pour les fondements de l'unité nationale, la diversité culturelle et l'avenir de l'Espagne des autonomies y compris les immigrés qui constituent désormais plus de 10% de la population, dont plus de 1,1 million de musulmans.
En temps de crise des valeurs sociales et de l'économie en Occident, émergent les démons endormis pour clamer la crucifixion de l'immigré. Dans le cas de certains intellectuels et hommes politiques espagnols, comme le leader d'un minuscule parti politique régionaliste, Plataforma Per Calalunya Josep Anglada, le musulman est un formidable bouc émissaire. Anglada a repris, cette semaine, son discours anti-musulman prônant une purification ethno-religieuse en Espagne. C'est à l'occasion de la campagne pour les élections régionales en Catalogue (Nord-Est) et la présentation à Madrid, d'un ouvrage intitulé «Sans bâillon ni voiles », que l'opinion publique découvre le véritable visage de l'extrême droite de tendance néo-nazie. L'auteur n'était pas seul à la cérémonie de présentation de son pamphlet. Il était entouré d'autres symboles de l'islamophobie, tel un professeur à l'université Complutense de Madrid. Quelle est l'idée centrale du discours de Anglada? L'ouvrage est un recueil de réflexions et d'attitudes manifestées par l'auteur lors de précédentes sorties dans les médias ou actes publics qui versent totalement dans l'apologie du racisme, le rejet de l'autre et l'expulsion des musulmans de l'Espagne. Les quelques phrases prononcées en présence de 300 adeptes suffisent pour déterminer le profil exact de Anglada: « il est temps d'expulser les musulmans de notre pays », « expulser les immigrés en situation irrégulière », « un musulman restera á vie musulman », etc. Il se déclare aussi partisan d'un Etat fermé aux immigrés, de la liberté individuelle, de la défense des valeurs occidentales face à la « islamisation » qui menace le peuple espagnol comme conséquence de la diaspora musulmane.
Pourtant, la formation universitaire des hommes politiques en Espagne s'inspire des valeurs qui sont présentes dans les mouvements sociaux, depuis le 18ème siècle, et qui prônent la prééminence d'un monde juste, sans discrimination ni dénigrement des minorités. L'Espagne est aussi présente dans toutes les rencontres internationales sur le dialogue des civilisations et abrite le siège de la Fondation Trois Cultures, dont elle partage la présidence avec le Maroc.
Le discours de Anglada est heureusement répudié par les grandes organisations politiques, les défenseurs des droits humains et le mouvement associatif progressiste. L'Organisation SOS Racisme a pris immédiatement le devant d'un mouvement de protestation contre ses propos en exigeant de la classe politique de «se positionner clairement » contre son « discours xénophobe» et son attitude hostile aux musulmans.
La description du panorama actuel fait découvrir une situation alarmante. Seulement en Catalogne, sous l'effet de la fièvre électorale, certains leaders politiques se laissent parfois entraîner par la rhétorique dans leurs déclarations en public et utilisent le phénomène migratoire comme arme électorale. C'est le cas du Parti Populaire qui assume un discours idéologique basé sur la peur du «binôme immigration et délinquance» comme thématique électorale en faisant allusion à la polémique née autour de l'expulsion des gitans «Roms» en France.
Mardi dernier, la coupole de la Phalange, un survivant du franquisme, s'est déplacée de Madrid à Melilla pour revendiquer lors d'un meeting populaire le caractère espagnol de la ville et s'en prendre au Maroc pour avoir défendu ses citoyens malmenés par les forces de l'ordre espagnoles en été dernier. La Phalange est née dans les années 30 du siècle dernier pour avorter le système parlementaire et conspirer contre la Deuxième République.
Au niveau national, les actes d'agressions dont sont victimes les immigrés ne cessent d'augmenter en même temps que le nombre de sites Web néo-nazis au contenu fanatique bourrés de messages xénophobes et racistes qui incitent à la persécution des immigrés. Un fait alarmant: selon l'Institut Espagnol de la Jeunesse, le pourcentage de jeunes espagnols affiliés aux partis racistes a doublé en l'espace de six ans, passant de 7% en 2003 à 14% en 2009. Dans son dernier rapport Raxen, le Mouvement espagnol contre l'Intolérance, fait état de quatre mille agressions racistes chaque année, de l'existence de 200 sites Web xénophobes et de plus de dix mille ultra et néo-nazis.
Heureusement, ce sombre tableau ne peut être retenu comme unique référence pour une analyse sociologique des attitudes de la société espagnole à l'égard des musulmans et des immigrés. Une volumineuse étude intitulée “Evolution du racisme et de la xénophobie en Espagne”, publiée au début de 2010, souligne le haut pourcentage d'Espagnols qui acceptent d'entretenir des relations amicales ou professionnelles avec des immigrés. Dans ce contexte, 81% des 2.768 personnes interrogées sur ce sujet affirment être prêtes à travailler ou étudier avec des immigrés; 78% admettent que leurs enfants invitent leurs amis immigrés chez eux; 74% acceptent avoir comme supérieur un immigré; 65% approuvent le mariage mixte. Néanmoins, ces taux chutent lorsque les rapports affectent certains aspects de la convivialité: 64% des Espagnols aiment co-habiter avec les immigrés dans le même bloc résidentiel et 63% dans le même quartier. Dans ce contexte, plusieurs facteurs influent sur l'attitude à adopter à l'égard de l'immigré comme la nationalité (26%), la culture (25%), la position économique (17%) ou la couleur (12%). Ces résultats sont corroborés par un autre sondage réalisé pour le compte du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger, selon lequel 73% des Marocains résidant en Espagne pensent que les Espagnols ont une image «très bonne» ou «assez bonne» d'eux.
A la lumière des manifestations de l'extrême droite et des résultats d'enquêtes sociologiques, les forces progressistes, intellectuelles, syndicats et société civile, dans leur globalité, sont désormais appelés à endiguer la montée des partis d'inspiration néo-nazie. Le virus de la haine de «l'autre» est le résultat de l'enracinement de l'égocentrisme et d'un individualisme aveugle propre de la société de consommation. Pour certains pollueurs de l'espace public, opportunistes et populistes, manipuler les sentiments des couches les plus vulnérables, actuellement affectées par la chute de l'emploi, est une technique rentable à court terme.


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