Le rapport sur le budget genre accompagnant la loi de finances 2011 ne contient pas assez suffisamment de données chiffrées. Et donc il est difficile de mesurer les indicateurs de performances ou le processus de budgétisation sensible au genre. D'ailleurs les concepteurs le soulignent dans l'introduction du document. A part les quelques chiffres sur les stratégies du gouvernement en matière de la promotion de la situation de la femme et le taux de la représentation du sexe féminin dans les départements étatiques, rien ne semble nouveau. L'intégration de l'approche genre dans les politiques publiques a constitué depuis 2002 un défi majeur pour l'Etat. L'objectif étant de mettre en place des programmes dotés des indicateurs mesurables et réalisables. Pour ce faire, l'élimination de toutes sortes de discrimination à l'égard de la femme afin de garantir l'égalité entre les deux sexes a été placée parmi les priorités des gouvernements qui se sont succédé. Toutefois, il est à souligner que le Maroc occupe à l'échelle internationale une place qui n'est nullement honorable. Le dernier rapport du World forum economic du 2010, intitulé global gender gap classe le royaume en 127 rang. Mais cela n'en signifie pas moins que des efforts multiples ont été déployés au niveau des plusieurs secteurs pour promouvoir la situation de la femme. Les chiffres officiels relatifs à l'année 2009 indiquent que dans le système judiciaire la femme représente 47% de l'ensemble des fonctionnaires. À titre d'exemple, et dans le système des magistrats, la portion de leur représentativité a connu une légère amélioration, passant de 13,1% à 19,4% en 2009. A noter que le ministère de la justice a consacré 54% des postes d'emplois uniquement aux femmes lors du premier trimestre 2010. S'agissant du ministère de développement social, de la famille et de la solidarité, les chiffres avancés par le Département de Nouzha Skalli, montre que le Maroc a enregistré en 2009, un taux d'alphabétisation des femmes de 50,8% notamment dans la catégorie ayant un âge de 10 ans et plus contre 28,1% pour le sexe masculin. (suite la bage 1) Sur le même registre, le ministère avait mis en place un plan d'action stratégique 2008-2012 dans le dessein « d'assurer l'égalité entre les sexes et consolider la justice sociale et l'égalité des chances. » Dans le même ordre d'idée, il a élaboré un plan opérationnel de la stratégie nationale de lutte contre la violence à l'égard du genre. Le plan a été ficelé en coordination, avec tous les acteurs concernés. Mais, il n'en demeure pas moins que le projet Tamkine figure parmi les programmes les plus ambitieux, pilotés par le ministère de développement social. Ce programme a vu la participation de 13 départements ministériels et plusieurs agences onusiennes. L'objectif escompté est de protéger les femmes et filles contre « toutes formes de violences en faisant le lien avec leur état de pauvreté et de vulnérabilité. » Reste à savoir, que le budget d'investissement le plus élevé au sein du ministère, est celui de la Direction du Développement social, s'élevant à plus de 68,42%. Quant au ministère de la modernisation des secteurs publics, il a lancé en juin 2010 le projet « Conciliation travail-famille dans l'administration publique », et ce en collaboration avec la république allemande. Ce projet, ambitionne à mettre en place une démarche ayant pour objectif la lutte contre « la sous représentation des femmes dans l'emploi public et une communication appropriée à tous les niveaux d'administration.» Précisons qu'au titre de l'année 2010, le taux de la représentativité des femmes au sein du ministère s'est élevé à 42% de l'effectif global. Concernant le ministère de l'Economie et des Finances, 32% de l'effectif sont des femmes. Quant aux cadres supérieurs, elles représentent uniquement 29% et 14% des postes de responsabilités. Pour ce qui concerne le Département des Affaires étrangères et de la coopération, 31% sont des femmes. Sachant au niveau des services extérieurs, c'est la domination totale du sexe masculin avec 71%. Si le rapport décline les grandes lignes des chantiers à poursuivre ou à entamer pour l'année 2011 notamment la réforme de la justice, particulièrement celle portant sur le code pénal et l'accès des femmes à la justice ainsi que garantir la mise en application efficient du code de la famille et la promotion des compétences du genre, le seul bémol demeure l'absence d'une budgétisation chiffrée susceptible de dresser une radioscopie claire de l'évolution de ce chantier.