Trois jours de dur labeur, de nouvelles instances, plusieurs conventions de partenariat et de jumelage et un final en apothéose qui a associé plus de 3.000 représentants des villes et des territoires des cinq continents dans un nouvel engagement d'aller plus avant sur la voie du progrès, de la prospérité et de la quiétude des habitants des villes dans le monde… le 4ème congrès des Cités et des gouvernements locaux unis (CGLU) qui s'est tenu du 1er au 4 octobre à Rabat aurait pu se suffire d'une si belle moisson. Mais, comme l'ont laissé entendre les premiers intervenants à l'entame de la réunion, le contexte international est si délicat, l'urbanisation si rapide et les problèmes des villes si envahissants qu'il faut non seulement imaginer la société de demain, mais encore en jeter les bases au plus tôt en veillant à en aménager la construction de manière à ne pas perdre de vue l'essor de la démocratie. Cette préoccupation, c'est en fait la texture de la déclaration de Rabat qui a été formalisée par le CGLU à la clôture de ses travaux vendredi. Comme les interventions du premier jour l'avaient laissé prévoir, elle établit que la démocratie locale est le marqueur qui annonce les temps nouveaux. Elle conclut en effet à la nécessité d'apporter des changements dans le monde, d'innover en direction de sociétés plus justes comme elle invite à changer de mode de gouvernance en renforçant la gouvernance du bas vers le haut, «sous le leadership de gouvernements locaux et régionaux inclusifs». Reprenant des idées émises dans la lettre royale adressée aux congressistes au premier jour de leur réunion, elle met en exergue le rôle des instances et des pouvoirs locaux à qui elle accorde la qualité de moteurs du développement et de la promotion du dialogue et qu'elle considère comme acteurs au service de la coexistence et de la paix. Célébrant la diversité, la pluralité et la tolérance, elle juge qu'elles appellent à elles l'égalité et l'inclusion et que celles-ci sont favorisées dès «que la culture et l'emploi décent sont perçus comme éléments de sociétés durables et résilientes». Fort de l'expérience accumulée en gestion urbaine depuis un siècle – âge du mouvement municipal mondial-, le 4ème congrès du CGLU conclut que les services aux personnes les plus vulnérables doivent constituer une priorité tant il apparaît que l'inclusion est une condition essentielle de la cohésion sociale. Les congressistes ont par ailleurs invité à une nouvelle approche de l'urbanisation qui associe urbain et rural dans une même approche de progrès fondée sur la solidarité et la coopération qui enjambent les frontières. Car, ont-ils considéré dans une note diffusée en marge de la rencontre, «rendre nos communautés résilientes et aborder les inévitables processus d'urbanisation de façon efficace impliqueront un renforcement du rôle des autorités locales et régionales dans les processus politiques internationaux, en particulier dans les processus de l'ONU qui concerneront nos communautés à l'échelle de la planète». La déclaration de Rabat évoque également les aspirations à un nouveau statut des autorités locales et les perspectives qui s'offrent sur ce plan dans le cadre de la prochaine Conférence Habitat III. Peu avant la session de clôture, la ville de Bogota a été désignée pour abriter en 2016 le 5ème Congrès mondial et le 3e Sommet des dirigeants locaux et régionaux. Dans le même temps le maire d'Istanbul a été porté à la présidence pour un nouveau mandat.