La diplomatie marocaine a souvent été critiquée, parfois écorchée, notamment en ce qui concerne les affaires qui touchent les Marocains directement. Or, à y regarder de près, on s'aperçoit qu'il s'agit d'une diplomatie active. Dès la déclaration gouvernementale du 17 avril 1998, le gouvernement s'était dit « résolu à mettre en œuvre une politique étrangère dynamique et constructive». En prononçant son discours devant la Chambre des Représentants, M. Abderrahmane Youssoufi a souligné que l'action gouvernementale aurait une double vocation : politique et économique. Une politique également basée sur les directives royales, lesquelles sont fondées sur le respect de la légalité et du droit international et sur la résolution des différends par la voie pacifique et le dialogue. En tête des préoccupations de l'équipe Youssoufi, le renforcement des relations du Maroc avec les autres pays du Maghreb. L'Union du Maghreb Arabe est pour nous, avait dit M. Youssoufi, « une option stratégique irréversible ». On sait ce qu'il en est advenu. Car, si avec les autres pays maghrébins, cela fonctionne plutôt bien, la position de l'Algérie concernant la question du Sahara marocain a constitué un frein au décollage de l'UMA. Et maintenant plus jamais, Alger ne faisant plus de mystère sur ses véritables intentions et de ses efforts diplomatiques pour contrecarrer le parachèvement de l'intégrité territoriale du royaume. Ce qui implique davantage d'efforts de la part du Maroc pour expliquer et faire adhérer nombre d'Etats à la justesse de sa cause. A cet égard, les efforts déployés par Abderrahmane Youssoufi, notamment en Afrique, mais également en Amérique latine se sont avérés payants. Sa personnalité et sa crédibilité, outre le fait qu'il appartienne à nombre d'instances régionales et internationales, notamment l'Internationale Socialiste, dont il est vice-président, ne sont pas étrangers aux succès enregistrés, essentiellement en ce qui concerne les retraits de nombreux pays de leur reconnaissance à la « RASD». Sur le plan arabe et islamique, le Maroc a toujours été préoccupé par la situation au Moyen-Orient et par le droit du peule palestinien à un Etat indépendant avec Al-Qods pour capitale. Et c'est tout naturellement que le Premier ministre a réaffirmé que « la réalisation de la paix, de la stabilité et de la coopération économique dans la région est subordonnée au succès du processus de paix par l'application des résolutions du Conseil de sécurité, du principe de « la terre contre la paix ». Une action et un rôle d'autant plus actifs que SM le Roi Mohammed VI est le président du Comité Al-Qods. Un rôle et une dynamique imprimés par feu SM Hassan II, dont les initiatives étaient appréciées à leur juste valeur. De même que les avis et conseils du défunt souverain concernant la question étaient très écoutés par les parties prenantes ainsi que par les grandes puissances. Au volet africain, le gouvernement avait fait part de son intention d'agir dans le sens de l'amélioration des relations bilatérales avec les différents pays africains et du renforcement de la coopération économique, pour « faire face aux grands problèmes auxquels est confronté notre continent, et qui mettent en danger sa stabilité, les chances de développement et de progrès de ses peuples». Paradoxalement, le Maroc, qui a quitté l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) en 1984, n'a jamais été aussi en bons termes avec ses pairs africains. Cela est la preuve d'une diplomatie basée sur le bilatéral. Et qui a fait ses preuves. En témoignent les visites effectuées par le Souverain dès son intronisation dans de nombreux pays subsahariens. Des visites qui ont raffermi les relations et auxquelles il faut ajouter les tournées effectuées par M. Youssoufi, notamment en Afrique de l'Ouest. Et, plus près de nous, la récente rencontre de réconciliation à Rabat des présidents guinéen, libérien et sierra-léonais a été inscrite à l'actif de la diplomatie marocaine. Avec l'Union Européenne (UE), à laquelle il est lié par un accord d'association, le Maroc entretient les meilleures relations, même s'il lui arrive d'avoir des brouilles passagères avec l'un des Etat membres, comme c'est le cas actuellement avec l'Espagne. En somme, une diplomatie qui s'inscrit dans la continuité.