Un Etat membre du Comité des 24 de l'ONU reconnait la marocanité du Sahara    Bourita: L'identité africaine est profondément ancrée dans les choix politiques du Maroc    Rachida Dati attendue au Maroc fin avril    Le Maroc, un modèle régional en matière de transformation des systèmes agroalimentaires    La Caisse de Dépôt et de Gestion organise un exercice d'évacuation générale de son siège    Le Maroc, un partenaire privilégié pour l'Italie en matière des énergies renouvelables    Don de bus électriques : Une délégation de Hyundai Motor attendue à Marrakech    Interview avec Lalla Badr Saoud Alaoui : " Les khettaras bénéficient d'une reconnaissance internationale "    Russie: Les inondations de la région d'Orenbourg sont les pires en 80 ans    Volcan en éruption en Indonésie: un aéroport fermé    Skytrax World Airport Awards 2024 : L'aéroport international Hamad élu « meilleur aéroport du monde »    Elections indiennes. Modi favori pour un troisième mandat    Mali. Un mouvement accusé d'"agissements de nature à troubler l'ordre publique" dissous    Le Burkina expulse trois diplomates français accusés d'"activités subversives"    Cybercriminalité : Fermeture de LabHost, l'une des plus grandes plate-formes d'hameçonnage    Rabat : Ouverture de la Conférence ministérielle régionale de l'Afrique du Nord sous le thème "Panafricanisme et Migration"    CAN de futsal : Le Maroc et la Libye en demi-finale pour une qualification au Mondial    Tournoi UNAF U17 : Le Maroc et l'Algérie se donnent rendez-vous ce jeudi    Ligue des champions de l'UEFA : Trois Marocains en demi-finales !    Foot Amateur / Le National : Yaâcoub El Mansour vers le Botola D2; USK, IZK et TAS vers la relégation !    CAF: Réunion du Comité exécutif à Rabat ce vendredi    Botola Pro D1 »Inwi » (26è journée): duel à distance entre l'AS FAR et le Raja Casablanca    Diaz, Mazraoui, Hakimi ... La Moroccan touch en demi-finale de la Ligue des Champions    Rabat : Organisation d'un exercice d'évacuation d'urgence à la CDG    Températures prévues pour le vendredi 19 avril 2024    Libérez-vous du Stress : Comment les complexes multivitaminés peuvent transformer votre Vie !"    Blind dating : enquête policière pour outrage à la pudeur    Morocco rescues 131 migrants in distress off Laayoune coast    Afrique de l'Ouest et centrale. L'inflation aggrave la crise alimentaire    La Chambre des Représentants: séance plénière jeudi pour le parachèvement des organes    Hausse des salaires: Les syndicats des collectivités territoriales montent au créneau    ONU: Omar Hilale humilie le chef de la diplomatie algérienne au Conseil de sécurité [Vidéo]    Salon Gourmets : 348 m2 dédiés au Maroc    Revue de presse de ce jeudi 18 avril 2024    Droits de l'Homme : le Maroc, un partenaire principal du Conseil de l'Europe    Nador : mise en échec d'une tentative de trafic de 116.605 comprimés psychotropes    Morocco arrests three foreign nationals wanted by US in drug trafficking case    Inflation : le coût du mégaprojet de liaison électrique Xlinks augmente de 30%    Chambre des Représentants : Omar Hjira nouveau président par intérim du groupe istiqlalien    Météo: le temps qu'il fera ce jeudi 18 avril au Maroc    Festival Gnaoua et Musiques du Monde d'Essaouira, une 25è édition prometteuse (Organisateurs)    Préservation du patrimoine immatériel : Mehdi Bensaid se félicite de son bilan devant les Conseillers    8ème Semaine de l'espagnol : célébration d'une langue en constante expansion    Bensaid prône les partenariats pour le développement de la culture    Essaouira. Le Festival Gnaoua accueille Buika, Saint Levant et Bokanté    Exposition : les bijoux berbères du Palais royal fascinent à Doha    Cannes 2024. « La mer au loin » de Saïd Hamich Benlarbi à la Semaine de la Critique    Le groupe légendaire UB40 fêtera ses 45 ans à Casablanca    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Abdelaziz Sefiani : «Toute la difficulté est de décider du sexe de l'enfant»
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 23 - 05 - 2010

ALM : Quelles sont les anomalies sexuelles qu'on peut découvrir à la naissance ?
Professeur Abdelaziz Sefiani : Les ambiguïtés sexuelles sont des anomalies de développement embryonnaire qui se caractérisent à la naissance par des organes génitaux anormaux qui ne permettent pas de reconnaître clairement le sexe du nouveau-né. Sur le plan physiologique, il faudrait comprendre que tous les embryons sont programmés passivement pour être des filles et que sous l'influence de facteurs génétiques spécifiques chez l'homme, des hormones masculinisent ces embryons pour en faire des garçons. Les hommes sont par conséquent «des femmes détournées». Les ambiguïtés sexuelles résultent donc d'une masculinisation insuffisante d'un embryon conçu pour être un garçon ou de la virilisation anormale d'un embryon conçu pour être une fille. Les ambiguïtés sexuelles peuvent être plus au moins complexes et variées entre les deux extrêmes que sont des organes génitaux mâles et femelles presque normaux. Ces anomalies peuvent être isolées ou associées à d'autres malformations qui touchent différents organes du corps.
Quelles sont les ambiguïtés sexuelles à origine génétique? Et dans quels cas une opération réparatrice s'impose-t-elle ?
La plupart des ambiguïtés sexuelles sont d'origine génétique et souvent elles découlent des anomalies des chromosomes. Pour rappel, un homme a 46 chromosomes dont un X et un Y, alors que les femmes ont toujours 46 chromosomes avec deux chromosomes X. Le caryotype qui est l'analyse biologique qui détermine les chromosomes d'une personne est donc utile chez un nouveau-né qui a une ambiguïté sexuelle pour déterminer le sexe cytogénétique de l'enfant. En général, les ambiguïtés sexuelles d'origine chromosomique ne sont pas familiales. Par contre, l'autre groupe d'ambiguïtés sexuelles d'origine génétique est dû à des anomalies de l'ADN. Ces ambiguïtés peuvent apparaître plusieurs fois dans une même famille. Parmi les maladies génétiques les plus fréquentes au Maroc, je cite l'hyperplasie congénitale des surrénales qui est à l'origine d'une ambiguïté sexuelle chez les filles qui ont subi au cours de la grossesse une stimulation anormale par des hormones virilisantes. Reconnaître ces familles, après la naissance d'un premier enfant atteint, permet d'éviter la naissance d'un deuxième enfant atteint de cette maladie par un traitement hormonal en cours de grossesse. Les interventions réparatrices ne posent pas en général des problèmes de technicité chirurgicale, mais toute la difficulté est de pouvoir décider du sexe de l'enfant. Cette décision doit se faire sur des arguments scientifiques par une équipe multidisciplinaire et nécessite souvent des explorations spécialisées pour le choix du sexe de l'enfant.
Quelles sont les chances de récupération pour le patient après une opération réparatrice et peut-il avoir une vie sexuelle normale par la suite ?
La vie sexuelle après une opération réparatrice d'une ambiguïté sexuelle dépend de la maladie en cause et de l'état des organes génitaux internes. Dans tous les cas, le choix du sexe du nouveau-né doit chercher une harmonie avec le développement physiologique que subira le corps de l'enfant à la puberté. L'opération sera considérée comme réussie, si la prise en charge est précoce et si le comportement et les attirances sexuelles de l'enfant, devenu adolescent, confortent le choix de l'équipe médicale.
Quels genres de traitements hormonaux doit subir le patient et à partir de quel âge ?
Une ambiguïté sexuelle doit être traitée chirurgicalement dans la majorité des cas. Un apport hormonal peut être associé dans certains cas et uniquement si c'est nécessaire. Un traitement hormonal prénatal chez les mères enceintes, qui ont eu un premier enfant atteint d'une hyperplasie congénitale des surrénales, peut par contre éviter une nouvelle naissance avec ambiguïté sexuelle.
Est-ce qu'il existe des études faites sur des cas marocains dans ce sens ?
Notre service spécialisé en génétique reçoit régulièrement des enfants avec des anomalies des organes génitaux externes. C'est un motif de demande d'analyse des chromosomes assez fréquent dans notre laboratoire. Nous nous concertons régulièrement avec les services de l'hôpital d'enfants de Rabat pour une bonne prise en charge de ces enfants.
Comment des parents doivent-ils réagir face à une ambiguïté sexuelle chez leur enfant ?
La découverte d'une ambiguïté sexuelle pose des difficultés de prise en charge médico-chirurgicale de l'enfant, mais elle est la cause également d'une vraie souffrance psychologique pour les parents. L'impossibilité d'annoncer le sexe de l'enfant aux membres de la famille, l'incertitude sur son devenir et le caractère tabou de ces maladies plongent les parents dans une grande solitude. Dans des situations pareilles, les parents doivent être soutenus au moment de l'annonce de l'ambiguïté. Ils doivent comprendre que souvent, ce sont des maladies connues par les médecins et pour lesquelles on dispose de conduites thérapeutiques adaptées. Ils ne doivent surtout pas se précipiter pour déclarer le sexe de l'enfant à l'état civil sur des arguments non médicaux. Les jeunes parents doivent également demander, plus tard, conseil auprès des généticiens sur les risques de voir un nouveau cas dans la famille.
Pouvez-vous nous relater des cas concrets rencontrés pendant l'exercice de vos fonctions ?
Nous avons eu à s'occuper pratiquement de tous les types d'ambiguïté sexuelle et dans certains cas, le choix du sexe était vraiment très difficile à faire. Mais, ce que je retiens de mon expérience dans ce domaine c'est surtout la souffrance des parents et leur errance par manque de coordination entre les équipes médicales. Je retiens également l'incompréhension de l'administration face à la nécessité parfois de différer pour des raisons médicales le choix du prénom de l'enfant. Je retiens la résignation de certains parents qui préfèrent cacher le statut de leur enfant et qui viennent nous consulter à l'âge adulte, avec parfois un comportement sexuel à l'opposé au sexe déclaré. Et pour terminer, je ne peux oublier cette famille, qui a eu trois enfants atteints d'ambiguïté sexuelle et dont les parents donnaient à leurs enfants des prénoms au hasard et en dehors de tout avis médical. Le dernier de ces enfants que nous avons vu, il y a quelques années en consultation, était élevé comme garçon et à l'adolescence voyant ses seins croître, mettait un ruban trop serré autour de sa poitrine pour continuer à partager avec ses amis sa passion pour le football.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.