Malgré des réserves de change encore conséquentes, l'économie algérienne vacille sous le poids d'un déficit budgétaire abyssal, de la volatilité des hydrocarbures et d'une dépendance structurelle aux rentes énergétiques. À l'issue de sa mission annuelle à Alger, le FMI appelle à des réformes urgentes et à une consolidation budgétaire rapide, avertissant que la situation actuelle n'est plus tenable à moyen terme. Les services du Fonds Monétaire International (FMI) n'ont pas mâché leurs mots. À l'issue de deux semaines de consultations en Algérie, dans le cadre de la mission annuelle prévue par l'article IV de ses statuts, l'institution internationale tire la sonnette d'alarme : derrière des indicateurs à court terme encore modérément positifs, les fondamentaux économiques du pays s'érodent dangereusement. Et cette érosion est directement imputée à l'absence de réformes structurelles sérieuses et à une politique budgétaire expansionniste de plus en plus difficile à financer. Le constat du FMI est sans appel : le déficit budgétaire de l'Algérie a atteint 13,9 % du PIB en 2024, un niveau que très peu d'économies émergentes peuvent se permettre sans recours à des ajustements drastiques. En cause, la chute des recettes d'hydrocarbures – conséquence directe des restrictions OPEP+ et du ralentissement des prix du gaz – combinée à une envolée des dépenses publiques, notamment salariales et d'investissement, dictée par des considérations sociales et politiques. Lire aussi : Le Maroc devient la 5e puissance économique d'Afrique, selon le FMI En 2025, le déficit devrait rester à des niveaux préoccupants, compromettant la soutenabilité de la dette publique et accroissant les besoins de financement, dans un contexte d'accès limité aux marchés internationaux et de dépendance accrue vis-à-vis des revenus volatils des hydrocarbures. Un Etat qui vit à crédit sur une rente déclinante Si les réserves de change (67,8 milliards de dollars, soit l'équivalent de 14 mois d'importations) permettent encore de contenir la pression externe, elles masquent une réalité plus inquiétante : la détérioration rapide de la balance courante, redevenue déficitaire, et la fragilité croissante du modèle économique, fondé presque exclusivement sur les exportations d'hydrocarbures. Le FMI insiste sur la vulnérabilité de cette architecture face à la volatilité des marchés énergétiques, aggravée par les tensions géopolitiques et les mutations des politiques énergétiques mondiales. Derrière les chiffres, c'est un mode de gouvernance économique que le FMI met en cause de manière implicite. Depuis plusieurs années, les choix budgétaires de l'Algérie semblent dictés moins par une vision stratégique que par la volonté de préserver la paix sociale à court terme. Le relèvement des salaires dans la fonction publique, les dépenses massives dans des projets peu productifs, ou encore l'absence de ciblage des subventions apparaissent comme des mesures coûteuses, peu efficaces, et largement déconnectées d'une logique de transformation structurelle. Le Fonds recommande un rééquilibrage budgétaire progressif mais immédiat, avertissant que tout retard supplémentaire dans la mise en œuvre de réformes fiscales, de rationalisation des dépenses et de refonte des subventions risque d'accroître la dette, d'exacerber les déséquilibres, et d'affaiblir durablement la stabilité macroéconomique du pays.