Faire l'amour avec l'homme que l'on aime est la chose la plus naturelle qui soit. Et pourtant certaines femmes sont dans l'incapacité de vivre ce plaisir.Chez les femmes vaginiques, la pénétration sexuelle n'est pas seulement douloureuse mais impossible. La peur de la pénétration est trop forte bien que le désir sexuel soit présent. Un spasme involontaire se déclenche à la seule idée d'être pénétrés. «Le vaginisme est une contraction involontaire c'est-à-dire un resserrement réflexe des muscles du plancher pelvien qui empêche toute pénétration (pénis, un doigt ou de tout autre objet spéculum, tampon)», explique le Pr Chafik Chraïbi, professeur de gynécologie obstétrique et chef de service à la maternité des Orangers au CHU Ibn Sina à Rabat. Le vagin agit alors comme une barrière, un mur qui est difficile à franchir. Le resserrement des muscles provoque des douleurs qui vont d'un simple inconfort à une sensation de brûlure au vagin et une douleur aiguë. «Le vaginisme peut provoquer la dyspareunie. Le rapport sexuel devient alors très douloureux. La dyspareunie peut être primaire c'est à dire au début de la pénétration ou secondaire. Dans ce cas précis, elle se caractérise par une douleur profonde, du fond du vagin», précise Pr Chraïbi. Quant à la fréquence de ce trouble sexuel au Maroc, il est difficile de se prononcer à ce sujet faute d'étude. Selon le Pr Chraïbi, la prévalence du vaginisme varie entre 5 et 10 %. «Même en étant vaginique, il est possible de tomber enceinte. Certaines ont même eu des enfants grâce à une grossesse par giclée», c'est-à-dire que l'homme éjacule près de l'orifice du vagin et le sperme se dirige dans le vagin. Ces femmes vaginiques qui viennent consulter, refusent de se faire examiner. Mercredi, l'une de mes patientes qui est enceinte a refusé tout examen gynécologique. Je n'avais d'autre choix que de lui faire une échographie. Mais le plus pénible est l'accouchement. Dans ce cas, nous avons recours à l'anesthésie générale ou la césarienne » relève t-il. Le vaginisme figure parmi les troubles les plus souvent invoqués chez les sexologues. S'agissant des causes, elles sont très diverses et le plus souvent d'ordre psychologique et physiologique. Ce symptôme phobique est dû à l'anticipation de la douleur physique ou de la souffrance mentale. «Le plus souvent, il s'agit d'un traumatisme physique ou psychique. Les causes sont multiples. Il peut s'agir d'une expérience douloureuse qui a été mal vécue, d'un viol, un inceste, d'un traumatisme lors d'un accouchement», souligne Pr Chraïbi. Et de préciser «Le vaginisme peut avoir des causes inflammatoires et infectieuses: mycose, infection urinaire, trichomonose ou des causes fonctionnelles : sécheresse vaginale, défaut de sécrétions glaireuses… ». Concernant les voies thérapeutiques du vaginisme, celles-ci sont nombreuses : suivi psychologique, exploration et connaissance du corps, exercices de dilatation progressive du vagin ou relaxation. «Lorsque la femme vaginique a subi un traumatisme psychologique, le travail du sexologue ou psychologue consistera à banaliser l'acte sexuel. Il devra dans un premier temps lui faire connaître son appareil génital et lui faire comprendre que le vagin n'est pas complètement fermé mais au contraire qu'il se dilate. Au fil des séances, elle finira par accepter l'idée que son vagin est ouvert», explique Pr Chraïbi. Autre technique : l'utilisation pas-à-pas de dilatateurs vaginaux que l'on appelle «les bougies». Ce traitement permettra à la patiente de s'approprier son corps et d'apprendre à détendre ses muscles. «La patiente introduit une petite bougie bien lubrifiée à l'intérieur de son vagin. Dans un premier temps, il s'agira d'une bougie très fine. Et au fur et à mesure, les bougies seront de diamètre plus important. Cette technique de dilatation progressive a l'avantage de montrer à la patiente que son vagin n'est pas hermétiquement fermé», affirme t-il. A noter que la taille des bougies varie de 8 mm de diamètre pour arriver à 30 mm, ce qui correspond à environ deux doigts en diamètre. Le vaginisme peut détruire le couple. Le partenaire doit être patient et ne doit pas insister à la pénétration vaginale. En attendant que sa partenaire retrouve une sexualité normale, il devra alors se contenter d'une sexualité externe au vagin.
