Les services consulaires français accrédités au Maroc sont accusés par le PJD de refuser l'octroi de visas à des femmes marocaines portant le voile. Lahcen Daoudi, membre du secrétariat général du PJD, estime qu'il s'agit là d'une discrimination à l'égard de la femme marocaine. Entretien. ALM : De nombreux cas de refus de délivrer des visas à des femmes marocaines portant le voile ont été enregistrés récemment. Connaissez-vous des cas de femmes qui ont subi ces nouvelles mesures consulaires ? Lahcen Daoudi : Effectivement, nous sommes au courant de ces refus des consulats français d'accorder ce précieux sésame à des ressortissantes marocaines portant le voile et qui veulent voyager en territoire français. Des refus que je qualifierais de discrimination à l'égard de la femme marocaine. Et je connais même un exemple précis. Il s'agit de l'épouse d'un parlementaire. Le consulat de France a refusé de lui accorder le visa tout simplement parce qu'elle porte le voile. Et cela ne relève pas des contraintes techniques, qui se limitent au visage. Les oreilles de la personne peuvent apparaître sur la photographie, mais sauf dans le cas de contraintes techniques. Plus que cela : non. L'espace Schengen serait désormais fermé devant les femmes marocaines voilées. Comment expliquez-vous ces nouvelles mesures prises par les services consulaires français ? Je tiens tout d'abord à préciser qu'il ne s'agit pas de tous les pays qui constituent l'espace Schengen. J'ajouterais, en outre, qu'il n'y a d'ailleurs même pas d'harmonisation entre eux concernant la procédure de délivrance de visa, spécialement en ce qui concerne les femmes voilées. Mais c'est auprès des autorités consulaires françaises que la procédure est la plus dure. Il faut aussi faire la part des choses entre ce qui est scientifique et ce qui est idéologique. La différence, c'est qu'au-delà de ce qui est technique, le refus revêt clairement un aspect idéologique. La souveraineté des Etats peut-elle être un argument pour le refus ? Nous respectons, bien évidemment, la souveraineté des Etats. Mais, il faut noter que cette attitude des autorités consulaires françaises n'est enregistrée qu'envers nos citoyennes. Les ressortissantes iraniennes et saoudiennes ne subissent pas ce traitement. Le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération se doit tout de même d'intervenir pour faire en sorte que cette discrimination envers les Marocaines cesse.