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La morale de la littérature
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 05 - 02 - 2003

Le journal du PJD, Attajdid, s'est élevé contre la nouvelle de la traduction du « Pain nu » de Mohamed Choukri par l'Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCA). Le rédacteur en chef de cette publication s'explique sur les raisons de cette opposition. Mohamed Choukri lui répond au nom de la littérature.
«Je défie l'auteur de ce livre d'en donner une lecture à la télévision marocaine. L'on verra alors comment va réagir la majorité des familles de ce pays. Est-ce que leurs oreilles vont supporter l'affront des insanités que comporte cet écrit ?» C'est en ces termes que s'exprime Mohamed Yatim, rédacteur en chef du quotidien Attajdid, l'organe d'expression du Parti de la Justice et du Développement (PJD).
Les propos de Mohamed Yatim se réfèrent aux passages du «Pain nu» où Mohamed Choukri a fait des révélations honteuses, où il a parfois étalé sa vie sexuelle. «Ce livre porte atteinte aux valeurs dont se réclame notre société. Il est immoral et c'est en raison de cela qu'il a été longtemps interdit de vente dans sa version arabe», renchérit Mohamed Yatim. «Le pain nu» a été effectivement interdit en 1983 par le ministère de l'Intérieur. Il est en vente libre, au Maroc, depuis seulement quatre ans.
Mohamed Yatim dit que le PJD n'est pas opposé à la traduction à l'amazigh de livres écrits en arabe. « Nous n'avons aucun problème avec l'amazigh. Notre problème, c'est le contenu de ce livre, et ce contenu est contraire à la morale », affirme-t-il. Et que pense le principal concerné de l'incrimination de son livre par le PJD ? « Je ne souhaite plus répondre à ces gens-là, parce qu'ils ont leur idéologie et moi j'ai ma littérature. La littérature ne peut absolument pas se résoudre à la morale, autrement il va falloir brûler la moitié des livres de l'humanité. Je peux à peine imaginer notre monde sans Baudelaire, Lautréamont, Rimbaud ou Henry Miller », nous confie Mohamed Choukri. Il est vrai que la littérature a sa propre aire de jeu qui est foncièrement différente de celle de la morale.
Plusieurs propositions de Lautréamont sont irréalisables, sous peine d'être réalistement taxées par les noms les plus abjects qui soient. Ce qui ne l'empêche pas d'être un très grand poète. Pareil pour «Lolita» de Nabokov. On lit avec plaisir ce roman, on peut même partager le désir de son narrateur, Humbert Humbert, pour Lolita, mais il n'en demeure pas moins que dans la réalité la pédophilie est abominable. La littérature a ses propres lois qui ne sont pas toujours celles qui fondent les relations sociales dans la vie réelle. Le PJD l'oublie, et témoigne de son manque d'ouverture aux arts, en voulant résorber ce qui relève de la création à des questions de bienséance.
Quant à la demande d'interdiction de ce livre, Mohamed Choukri nous dit : « Je ne suis pas touché par les propos de ceux qui appellent à l'interdiction de la traduction de mon livre en amzigh. Je n'ai pas demandé cette traduction. Je n'ai pas besoin du bruit qu'on fait autour de mon livre. Il a déjà été interdit en arabe, et puis l'Etat a autorisé sa vente.
J'attends de l'Etat qu'il prenne ses responsabilités pour s'opposer aux impulsions de ceux qui sont contre la création ». Cette responsabilité n'est pas seulement du ressort de l'Etat, mais aussi des écrivains et intellectuels qui refusent, par peur peut-être, de débattre avec les islamistes. Quant à la morale de littérature l'on sait, ou l'on devrait savoir, qu'il n'existe pas de littérature valable sans une bonne dose de soufre.


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