Maroc : Amnesty international «préoccupée» par la situation de la liberté d'expression    Maillots du RS Berkane : L'Algérie porte plainte contre la CAF auprès de la FIFA    Europe meets Morocco in the 26th edition of the Jazz au Chellah festival    IA Branding Factory : 11 coopératives bénéficiaires des prestations technologiques de l'IA    SIAM : Le Prince Moulay Rachid préside un dîner offert par le Roi en l'honneur des participants    Théâtre des sables : la dernière superproduction militaire algérienne    Agrumes marocains : le Brésil intègre la carte des marchés    "Travel Diaries" : L'art new-yorkais s'invite au Musée Mohammed VI de Rabat    Maroc-Portugal : des relations excellentes "ancrées dans des liens historiques"    CDH: Omar Zniber tient une réunion de travail avec António Guterres    Dakhla: Des diplomates africains prospectent les potentialités économiques de la région    Ecosse : Rupture de l'accord de partage du pouvoir entre le SNP et les Verts    La Croatie reçoit un lot de six avions Rafale    Algérie : l'ANP s'entraîne à percer "un mur de défense"    Dialogue social: Baitas assure de "la forte volonté politique" du gouvernement de traiter les différents dossiers    Affaire USMA-RSB : Un simple maillot effraye un Etat    Après l'annulation but de Yamal : Appels à l'utilisation de la technologie de ligne de but    Espagne : La Fédération de football mise sous tutelle du gouvernement    Maroc : Un serval, espèce en voie d'extinction, vu à Tanger    Les aires protégées, un jalon essentiel pour la préservation de la biodiversité nationale    Fuite de « Taxi », un baron de la Mocro Maffia : le Maroc et l'Espagne en état d'alerte    Algerian army holds live-fire exercises near Morocco border    UK rejects UN council proposal on Sahara resources    Cérémonie de remise des prix de la 6ème édition du Concours Marocain des Produits du Terroir    Le président sénégalais ordonne la création d'une commission d'indemnisation des victimes des violences politiques    Lubna Azabal, étoile marocaine, à la tête du jury des courts-métrages et de La Cinef à Cannes    Festival Angham: Meknès vibre aux rythmes issaouis et gnaouis    Le Crédit Agricole du Maroc lance son offre d'affacturage à travers sa filiale CAM Factoring en marge de la 16ème édition du Salon International de l'Agriculture au Maroc    Investissements et exportations : Plein feu sur "Morocco Now" à Munich    Le Maroc dénonce vigoureusement l'incursion d'extrémistes dans l'esplanade de la Mosquée Al-Aqsa    Dakhla: la Marine Royale porte assistance à 85 candidats à la migration irrégulière    Championnat arabe de handball U17 à Casablanca : L'Algérie prend la fuite    Meeting international Moulay El Hassan de para- athlétisme : Des formations au profit d'entraîneurs et d'arbitres nationaux et internationaux    OM : Sorti sur blessure, les nouvelles rassurantes d'Amine Harit    AMO: Un projet de loi adopté en Conseil de gouvernement    Comment le Maroc s'est imposé sur le marché du doublage en France    L'ONMT met "Rabat, Ville Lumière" dans les starting-blocks des Tour-Opérateurs français    L'Espagne à l'honneur au 27è Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde    Dakhla: Ouverture du premier forum international sur le Sahara marocain    Espagne : Après l'ouverture d'une enquête sur son épouse, Pedro Sanchez envisage de démissionner    Energies. Les ambitions de l'Angola    Maroc Telecom: CA consolidé de 9,1 MMDH, 77 millions de clients au T1 2024    Mauritanie. Le président Ghazouani candidat pour un deuxième mandat    Cannabis licite : les surfaces cultivées multipliées par 10 en un an    Formation professionnelle. La Côte d'Ivoire et Djibouti coopèrent    Interview avec Abdulelah Alqurashi : « Produire le premier film saoudien classé R a été risqué, mais je brûlais de voir la réaction du public »    Les températures attendues ce jeudi 25 avril 2024    Les prévisions météo pour le jeudi 25 avril    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Point de vue : Les chemins pernicieux de l'embrigadement !
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 04 - 02 - 2019

Les jeunes relégués dans la marginalité sont fragiles et vulnérables et nous envoient à un moment de leur parcours de vie un signal de violence. Les plus remarqués ces dernières années sont le phénomène de «tcharmil», le suicide ou les tentatives d'immigration clandestine, bien souvent, hélas, mortelles…
Permettez-moi, ici, de vous faire partager mon intervention lors d'un atelier organisé par l'Unesco sur le thème de «La lutte contre l'extrémisme violent et la jeunesse», je ne prétends détenir nulle vérité absolue mais du moins puis-je me targuer d'une expérience de terrain au service de nos jeunes et d'une envie totale de permettre à notre jeunesse d'émerger.
Beaucoup de nos jeunes voient la société dans son ensemble comme injuste. Ils ont le sentiment de subir, d'une part, une violence symbolique, celle d' institutions et celle émanant de certaines classes de notre société, vécues comme arrogantes et méprisantes et qui exerceraient un pouvoir invisible mais néanmoins oppressant et dominateur sur notre population, il faut dire que certains comportements -ostentatoires dans l'opulence, telles ceux de jeunes issus de «quartiers riches» de Casablanca roulant en décapotable à côté d'un jeune des quartiers défavorisés de cette même ville, sur son vélo, cassé et bricolé- ont un effet dévastateur.
D'autre part, ils vivent un sentiment de «victimisation collective», sentiment de persécution collective propre à une certaine jeunesse des quartiers populaires, qui trouverait en quelque sorte écho dans la «théorie du complot» et une perception cynique du monde social.
Ces ressentiments ne concernent pas seulement la jeunesse marocaine, mais aussi la jeunesse française des banlieues qui vit ou a vécu les mêmes situations.
Le hooliganisme, la drogue, le crime, la délinquance sont autant de formes de violence, que l'on attribue volontiers aux jeunes mais dont bien souvent les adultes sont acteurs, voire recruteurs.
Les parents, éducateurs, enseignants, forces de l'ordre, partis politiques, élus, société civile… doivent se pencher -il est plus que temps- sur les causes de cette violence et y apporter propositions et remèdes, car ces maux mènent hélas dans bien des cas à l'embrigadement qui débouche sur le terrorisme.
La société marocaine, à l'instar d'autres, regorge de signes de violence : la corruption et le mépris ne sont-ils pas eux aussi une forme de violence ?
Les jeunes relégués dans la marginalité sont fragiles et vulnérables et nous envoient à un moment de leur parcours de vie un signal de violence. Les plus remarqués ces dernières années sont le phénomène de «tcharmil» (le fait de se balader avec un sabre en ville et menacer les passants, voire de les agresser), le suicide ou les tentatives d'immigration clandestine, bien souvent, hélas, mortelles…
D'autres signes de la souffrance des jeunes sont présents qui peuvent déboucher sur cette sorte de fascination de la mort que leur inculquent tous ceux qui cherchent à les radicaliser.
Dans notre environnement, dans notre entourage nous pouvons tous connaître ces jeunes qui petit à petit se transforment en morts-vivants : certains signes physiques de radicalisation doivent vite nous alerter : changement vestimentaire (des uniformes gris : abaya et pantalon court), coiffure, barbe, regard… mais aussi des signes plus profonds dont l'isolement, le repli sur soi et qui commencent souvent par une rupture avec les proches, avec la mère en particulier, le but des «embrigadeurs» étant de couper ces jeunes de toute forme d'amour… pour mieux les déshumaniser.
Pour ces jeunes, la vie n'a plus de valeur : mourir est un acte de gloire. Nous aurions tort de croire que la misère matérielle, en tant que telle suffirait à faire sa place à la radicalisation, c'est tout autant -voire plus- la misère culturelle, le vide intellectuel, l'absence de perspectives qui minent les jeunes.
Les jeunes de nos quartiers défavorisés vivent dans une misère culturelle absolue et un désert affectif cruel.
Dans ce contexte, un discours du type : «tu n'as pas de vie digne de ce nom», «tu es méprisé», «regarde ce que l'on fait de toi», «tu es étranger dans ton propre pays» sont redoutablement efficaces, ne reste plus alors à ces «bouffeurs de cerveaux» qu'à apporter la solution finale : «nous, nous t'offrons une nouvelle voie, une seconde chance, celle de réussir ta mort et ta deuxième vie»… mourir «en martyrs» apparaît alors à ces jeunes comme une revanche sur leur vie, sur la société, déshumanisés et hypnotisés qu'ils sont devenus.
Que nous reste-t-il à nous militants associatifs, parents, enseignants pour agir ?
Peu et beaucoup à la fois !
Face à la fascination de la mort il nous faut absolument redonner l'envie de vie, longue et difficile voie mais la seule capable de sauver ces jeunes en perdition.
Quelques pistes ? Selon ma propre expérience et en sachant pertinemment que seules notre absolue bonne foi et notre honnêteté envers cette jeunesse nous ouvriront leur écoute :
– Il nous faut rétablir avec ces jeunes les sentiments qui rattachent à la vie : l'amour, l'amitié, la confiance,
– Il nous faut faire un travail sur la transmission de valeurs où l'argent facile ne serait plus LA solution, où le goût de l'effort retrouverait du sens,
– Il nous faut faire vivre la mixité concrètement, mixité sociale, mixité des sexes, mixité des générations. La construction actuelle de quartiers neufs où sont «posées» des barres d'habitation sans lieux de vie, sans espaces de socialisation, de culture, de sport… tuent toute forme de vivre-ensemble, tout comme le fait d'éduquer garçons et filles dans un rapport de défiance, d'antagonisme, de force… fait d'eux de futurs adversaires plutôt que d'en faire des êtres complémentaires,
– Il est, enfin, impératif de mettre la culture dans le premier rang des préoccupations et des politiques actuelles, c'est elle qui rattache à la vie, qui enrichit l'âme et ouvre sur l'Autre.
Oh bien évidemment le remède ne peut se limiter à cela, mais commençons déjà par cela et une brèche dans la fascination de la mort sera ouverte !


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.