On aurait pu croire que l'appellation « réseau social » renvoie vers un espace où se tisseraient les liens sociaux à travers le dialogue, le partage, l'échange et où l'on ferait la part belle à des valeurs universelles nobles. Mais Facebook, et dans une moindre mesure d'autres applications similaires, qui se disent des réseaux sociaux, font exactement le contraire. Devenues depuis longtemps des espaces de prédilection pour les champions de la désinformation, de l'intox et de la diffamation, ces plateformes virtuelles contribuent maintenant à la diffusion de la haine et amplifient les tensions de toute sorte, sociales, culturelles, raciales au lieu d'utiliser leur force de frappe pour servir d'espace de dialogue et de tolérance. Ce qui s'est passé avec la tuerie des deux mosquées de Nouvelle-Zélande en est la preuve, de trop. Pendant 17 longues minutes, les responsables de Facebook ont fait en sorte que le monde entier assiste impuissant à un carnage des plus abominables. Servir de canal privilégié à des criminels et des déviants, vivant en marge de la société, en leur permettant de diffuser à large échelle leur discours ou leurs images et de faire l'apologie avec fierté d'actes barbares, tout cela fait de Facebook un quasi-complice. Dans le meilleur des cas, Facebook pourrait être accusé de non-assistance à personnes en danger. A cela s'ajoute le fait qu'en permettant la diffusion de ces horreurs, Facebook contribue à la montée de la haine en suscitant naturellement les désirs de vengeance et donc probablement des actes de représailles dans d'autres régions du globe. Monter les êtres humains les uns contre les autres, attiser la haine et stimuler la barbarie n'a rien de social…