Commémoration du 11 mars à Madrid D'une symbolique très particulière, la participation de S.M le Roi à la cérémonie organisée en hommage aux victimes du 11 mars revêt une importance stratégique. La participation de S.M le Roi Mohammed VI à la cérémonie organisée en hommage aux victimes des attentats du 11 mars 2004, aux côtés de quelques chefs d'Etat et du SG de l'ONU, Kofi Annan, revêt une importance toute particulière. Sa portée solidaire et sa symbolique, tant stratégique que bilatérale a retenu l'attention de tous les observateurs. Elle traduit, bien évidemment, la volonté royale de réaffirmer l'engagement du Maroc, de plus en plus ferme dans la lutte contre le terrorisme. L'ennemi commun est certes invisible et l'hydre tentaculeuse. Mais, seule la volonté commune de deux nations endeuillées par l'aveuglement meurtrier peut parer à l'immonde. Le déplacement royal s'inscrit donc dans cette perspective de la compassion agissante. Dans les cercles politiques et médiatiques espagnols, la présence du Monarque relève de cette “amitié de destin” qui lie les deux voisins. “Si le Maroc n'avait pas attendu les attentats de Madrid pour renforcer la collaboration avec l'Espagne, en particulier, et avec l'Europe en général contre le terrorisme", ce triste anniversaire enterre officiellement et solennellement, la désinformation et l'intox auparavant nourries et entretenues par les nostalgiques du franquisme. La droite espagnole et certains milieux aux relents populo-chauvinistes n'ont pas ménagé leurs efforts pour entretenir la tension autant voulue que commanditée par les plus ultras du PP de J.M Aznar. Après une cabale médiatique contre notre pays et ses institutions, la campagne a pris la forme d'accusation: L'implication des services secrets marocains dans les attentats du 11 mars qui ont coûté la vie à 192 victimes dont 3 marocaines, est hissée au rang d'une certitude. "La venganza del morro", un livre de haine et d'affabulations, est lui également élevé au rang de ligne éditoriale d'El Mundo, très proche de la droite nostalgique. Une certaine presse, animée par les esprits antimarocains, a profité de la douleur et des traumatismes du peuple espagnol, pour lui débiter les plus grotesques des "infos". La manipulation qui n'a duré que le temps d'une rose d'un mars douloureux n'a pas réussi à prendre le pays du Roi Juan Carlos en otage. D'abord, l'enquête officielle menée par l'Espagne elle-même a révélé que la thèse est infondée. Ensuite, la visite très bien accueillie par l'Espagne en particulier et ses partenaires européens en général, met un point final à ces desseins tendancieux. Survenue quelques semaines après la visite du Roi Juan Carlos au Maroc, la participation de SM le Roi Mohammed VI, relance d'une part la coopération en matière de lutte contre le terrorisme, et d'autre part la politique de bon voisinage. Dans ce même ordre d'idées, notre pays compte donner, à côté de l'Espagne, un exemple modèle de relation stratégiquement durable: Réussir le bilatéral pour servir le régional. Surtout avec un bassin méditerranéen traversé par tous les conflits et soumis à tous les fléaux, dont l'immigration clandestine et l'intolérance ne sont pas les moindres. A côté de la politique, la symbolique instaure elle aussi son histoire de compassion: le 24 avril 2004. S.M le Roi et le chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero se recueillaient à Casablanca à la mémoire des victimes de 16 mai. La mémoire commune en gardera la plaque en leur souvenir au cœur de la capitale économique du pays. Moins d'un an après, le Souverain se retrouve, le 11 mars, aux côtés du Roi Juan Carlos d'Espagne et de Luis Zapatero au parc central "del Retiro" près du “Bosquet des absents": une stèle à la mémoire des 192 victimes de la capitale espagnole. Cette communauté de destin, le Souverain l'a encore et encore réaffirmée, lors de son discours allocution, prononcé par S.A.R le prince Moulay Rachid devant le sommet international de Madrid contre le terrorisme: "le 11 mars 2004, l'aveuglement et la barbarie ont, dans un carnage innombrable endeuillé Madrid, meurtri l'Espagne et traumatisé le monde. Un an après cet attentat terroriste, c'est aux victimes innocentes de cet acte ignoble que vont nos pensées affligées, et c'est un hommage ému que nous rendons à la mémoire de ceux qui ont été emportés par cette folie meurtrière". Ensuite le Souverain a salué le peuple espagnol pour “son attitude hautement civilisée lui permettant de transcender les conséquences tragiques de ce drame”. Unis dans la douleur, les deux pays font du souvenir tragique une occasion pour bâtir la confiance et "le vivre ensemble". D'ailleurs, c'est dans cet esprit-là que s'inscrit la rencontre de S.M le Roi, des présidents algérien Bouteflika et mauritanien Mouaouya Ould Sid Ahmed Tayâa et dont les images ont été reprises en boucle par les télévisions espagnoles. La Méditerranée, vue sous l'angle de la visite royale, est condamnée à recouvrer sa sérénité et sa vocation d'espace ouvert, tolérant et stable.