Londres obtient la ratification définitive du Parlement de la convention d'entraide judiciaire pénale conclue avec le Maroc    Le général américain Jacob Middleton conduit des entretiens stratégiques sur la coopération spatiale entre les Etats-Unis et le Maroc lors de sa première visite à Rabat    Le roi Mohammed VI exprime au Portugal ses condoléances après le drame du funiculaire de Gloria à Lisbonne    L'Office national marocain du tourisme engage une vaste consultation pour affiner sa stratégie de promotion qui concerne «le transport aérien, la distribution, l'image et la numérisation»    Le Maroc, sous la conduite du roi Mohammed VI, réaffirme au Caire son attachement à la paix et condamne les mesures israéliennes    La commune espagnole de Yecla condamne «la campagne de criminalisation collective contre la communauté marocaine et migrante» et prend ses distances avec Vox    Le prince héritier Moulay El Hassan inaugure à Rabat le stade prince Moulay Abdellah rénové    Exclusif. Agriculture : les produits frais cartonnent à l'étranger    Maroc–Turquie : un nouvel élan pour les échanges commerciaux    Aid Al-Mawlid. SM le Roi, Amir Al-Mouminine, va présider ce jeudi une veillée religieuse    Frontière Soudan–Tchad. Le couloir humanitaire d'Adré prolongé jusqu'à janvier    RDC.Constant Mutamba : De la Justice... aux travaux forcés    Industrie manufacturière: Les entreprises anticipent une hausse de la production au troisième trimestre    Grand stade de Tanger : STAM-VIAS et Lamalif retenus pour les travaux de voirie et d'éclairage    Agadir : Qui est le nouveau président de l'université Ibn Zohr    Drame à Lisbonne. Le Portugal en deuil    La victoire de la Chine sur le fascisme en images à Rabat    Pékin annonce des entretiens Xi Jinping-Kim Jong Un et réfute les accusations de conspiration de Trump    Le Maroc importe 1,1 GW de panneaux solaires chinois en 2024 pour onze milliards de dirhams    Taxe carbone et filières stratégiques : comment le Maroc se positionne sur le marché euro-méditerranéen des énergies propres    Qualifications du Mondial-2026 (7è j/Groupe E) : Face au Niger, les Lions de l'Atlas cherchent à maintenir le cap    Le Maroc instituera des comités judiciaires dans les stades pour traiter les infractions lors du Mondial 2030    LdC : l'OM écarte Amine Harit et inscrit Nayef Aguerd et Bilal Nadir dans sa liste européenne    Ligue des champions : Amine Harit écarté par l'OM    Systèmes alimentaires en Afrique : le Maroc, modèle de réussite agricole    Le PL sur les indemnisations des victimes d'accidents de la route approuvé en Conseil de Gouvernement    Nasser Zefzafi autorisé à assister aux funérailles de son père    Ecosse : un chef de gang arrêté au Maroc condamné à six ans de prison pour trafic de drogue    Affaire Jerando : un complice condamné à cinq ans d'emprisonnement pour diffamation et chantage    Les températures attendues ce jeudi 4 septembre 2025    Le temps qu'il fera ce jeudi 4 septembre 2025    Buraïda, capitale saoudienne des dattes, célèbre le patrimoine et la créativité lors d'un carnaval mondial    Le Maroc et l'Azerbaïdjan approfondissent leurs relations culturelles lors d'un entretien à Rabat en vue du 11e Salon international du livre de Bakou    Honolulu, capitale d'Hawaï, accueille une exposition consacrée au Maroc culturel des années 1930    Belgium Moving Toward Recognizing Morocco's Sovereignty Over the Sahara by the End of 2025    La Chine réplique à Washington : la lutte antidrogue est une priorité nationale et nous ne sommes pas la source du chaos mondial    Tarfaya: La forteresse "Casa del Mar", un chef-d'œuvre architectural à forte charge historique    Tan-Tan: Lancement de l'opération de sélection et d'incorporation des appelés au service militaire au sein du 40è contingent    Biens publics : l'INPBPTM dénonce un détournement de fonds    Marché automobile : 23,3% de hausse en août    Régionales 2025. Le Cameroun fixe la date    Lutte contre la corruption : Le Sénégal protège ceux qui dénoncent    L'Boulevard 2025 : Une 23e édition qui met 37 groupes à l'affiche    Maroc : Le festival Tanjazz tient sa 23e édition du 18 au 20 septembre 2026    Œuvres d'art : Tanger accueille une vente aux enchères publique de Monsieur C    Cinéma : le FIFM lance un programme pour structurer son soutien    Le Grand stade de Marrakech, un joyau architectural qui fait peau neuve    Gad Elmaleh signe «Lui-même» son retour à Casablanca    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Tribune libre : Anarchie politique intérieure en Israël
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 19 - 10 - 2006

La tentative faite par le Premier ministre Ehud Olmert d'élargir sa majorité au parti russe d'extrême droite, Israël Beïtenou plonge le pays dans une mini-crise politique, en apparence inextricable, et menace de provoquer l'éclatement de la coalition gouvernementale.
En quelques jours, Avigdor Leiberman, le chef d'Israël Beitenou, a été propulsé sur le devant de la scène politique israélienne et l'hypthèse de son entrée au gouvernement, évoquée par Ehud Olmert dès le 7 octobre, n'en finit pas de diviser les membres de l'actuelle majorité.
A la tête de 11 députés, Avigdor Lieberman joue, comme à l'accoutumée, un rôle trouble et énigmatique. Longtemps membre du Likoud et proche de Benyamin Netanyahou, il a mis à profit cette expérience pour créer une formation s'adressant à l'électorat russe – un million d'Israéliens sont originaires de l'ex-Union soviétique. Il a réussi, lors des dernières législatives du 29 mars 2006, à faire quasiment jeu égal avec son ancien parti. Israël Beïtenou a obtenu 11 sièges, le Likoud 12 avec seulement 116 voix d'avance ! Cet écart était « suffisant » pour permettre à Benyamin Netanyahou de se poser en leader de l'opposition nationaliste de droite. Un leader aujourd'hui conforté par les sondages qui le donnent vainqueur, avec le double de siège, d'Ehud Olmert, en cas d'élections législatives anticipées.
Ce serait au demeurant pour conjurer la possible mise en minorité du Premier ministre et, donc, un retour devant les électeurs, et pour «sauver le pays des affres d'une nouvelle campagne électorale », alors que se prépare «une nouvelle confrontation avec la Syrie, soutenue par les Iraniens, qui ambitionne de récupérer le Golan », qu'Avigdor Lieberman aurait décidé d'apporter son soutien à Ehud Olmert. Selon certains, le grand perdant de cette opération serait Benyamin Netanyahou, dont le Likoud, avec ses 12 sièges, pèserait peu dans la balance, même en ayant doublé ses sièges. Il serait bien en peine de faire alliance avec les partis arabes et de gauche !
Reste qu'Avigdor Liberman a posé ses conditions pour son entrée dans le gouvernement comme vice-Premier ministre. Il exige une remise en cause, incompréhensible, du statut des Arabes israéliens – ceux-ci feraient l'objet d'un «échange et transfert de population» avec les colons juifs de Cisjordanie, l'instauration d'un mariage civil et, surtout, la réforme du système politique et électoral en vue de l'instauration d'un « régime présidentiel » visant à donner au Premier ministre des pouvoirs calqués sur ceux du chef de l'exécutif américain. Ce sont précisément ces exigences qui ont constitué pour Avigdor Lieberman la pierre d'achoppement de ses négociations avec Ehud Olmert et ses partenaires.
Revenu en politique après avoir purgé deux années de prison sous l'accusation, non prouvée, de corruption, Arié Déry, l'ancien leader du Shass, le parti religieux sépharade ultra-orthdoxe, semble agir comme médiateur en faveur de Lieberman. En outre, Elie Ichaï, chef du groupe parlementaire du Shass, a fait clairement savoir que sa formation refuserait l'instauration du mariage civil en lieu et place du mariage religieux, le seul à être actuellement autorisé en Israël. Sauf, a-t-il dit, en faveur des non Juifs.
Au sein même de Kadima, les transfuges du Parti travailliste, avec, à leur tête, Shimon Peres, n'ont pas caché leur opposition de principe à « l'échange de population » saugrenu formée par Avigdor Lieberman ainsi qu'à la substitution d'un régime présidentiel à la démocratie parlementaire issu du scrutin de liste nationale à la proportionnelle intégrale. Une position partagée par les Travaillistes, même si ceux-ci pourraient bien, du bout des lèvres, accepter l'introduction d'un système combinant scrutin de liste nationale et scrutin d'arrondissement, afin de mieux prendre en compte la réalité de l'électorat israélien.
A vrai dire, les Travaillistes, après avoir, un temps, laissé entendre qu'ils n'étaient pas opposés à l'entrée d'Avigdor Lieberman au gouvernement, ont fini par faire machine arrière. Leur leader, le ministre de la Défense Amir Peretz, contre lequel le chef d'Israël Beïtenou a eu des mots très méprisants, a réalisé que la manœuvre était dirigée essentiellement contre lui. Dans la perspective de la prochaine session parlementaire, Ehud Olmert, de son côté, entendait élargir son gouvernement pour prévenir une éventuelle défection des Travaillistes, bien décidés à ne pas voter son projet de budget, jugé « antisocial ».
Amir Peretz, déjà très contesté au sein de son propre parti, a été obligé de céder à ses derniers alliés, en particulier la très populaire journaliste Sheli Yechimowitch, considérée comme la « pasionaria des pauvres et des exclus ».
Il a refusé d'avoir à siéger aux côtés d'Avigdor Lieberman. Cette réponse négative a surpris certains des proches d'Ehud Olmert, convaincus qu'Amir Peretz, fragilisé par les critiques portées contre son rôle en tant que ministre de la Défense pendant la guerre du Liban, hésiterait à franchir les bornes et à dire non au chef du gouvernement. A leurs yeux, le dirigeant travailliste, qu'une perte de son portefeuille priverait de tout pouvoir, ne pouvait qu'accepter l'élargissement de la coalition à Israël Beïtenou, d'autant plus que celui-ci réclamait un seul portefeuille et se déclarait prêt à remettre l'instauration d'un régime présidentiel à la mise sur pied d'une « coordination stratégique » entre tous les partenaires de la coalition.
Mais les élus et les militants du Parti Travailliste ne sont pas prêts à avaler cette nouvelle « couleuvre » et cette manœuvre grossière. Il y va, selon eux, de l'avenir d'un Parti menacé d'éclatement interne. C'est le sens du rappel à l'ordre qu'a lancé l'un des vétérans de l'Avoda, Efraïm Sneh. Fils de Moshé Sneh, longtemps Secrétaire général du parti communiste israélien judéo-arabe, Efraïm Sneh a dénoncé avec vigueur la zizanie et «l'anarchie» régnant au sein de l'Avoda, visant notamment les tensions entre Amir Peretz et le groupe parlementaire.
Il estime qu'il y a une alternative à l'entrée d'Israël Beïtenou au gouvernement. Le docteur Sneh se déclare favorable à un nouveau «big-bang» politique avec la création d'une formation regroupant Kadima, l'Avoda, le Meretz – le parti laïc du dirigeant pacifiste Yossi Beïlin, cosignataire, avec le Palestinien Abed Rabbo, de «l'Appel de Genève» - et Gil, le parti des Retraités, que ses préoccupations sociales font pencher à gauche en dépit des origines droitières de ses responsables. Une coalition qui disposerait de plus de 60 sièges et de l'appui tacite des partis arabes de la Knesset (Parlement).
En l'attendant, Efraïm Sneh lance un appel à ses camarades et leur fait grief de leurs déchirements absurdes : « En dépit de leurs rivalités, Yitzhak Rabin et Shimon Peres se respectaient mutuellement. Ils savaient résoudre leurs litiges dans l'intérêt du pays et du Parti, de manière responsable. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. On a perdu le sens de l'intérêt national et c'est le régime du chacun pour soi». Et le docteur Sneh d'indiquer que son parti serait bien inspiré de s'appuyer sur la majorité de voix constituée par les élus de Kadima, de l'Avoda, de Meretz et de Gil, qui partagent des valeurs et des principes en commun, dont l'un n'est autre que la nécessité de parvenir à un accord avec les Palestiniens. Un objectif de très loin supérieur aux médiocres combinaisons parlementaires ourdies par Ehud Olmert et Avigdor Lieberman qui menacent de provoquer l'éclatement d'un gouvernement passablement décrédibilisé dans l'opinion publique par sa gestion, jugée déplorable, de la guerre du Liban.
Amir Peretz aurait entendu l'avertissement d'Efraïm Sneh. Selon la presse israélienne, le leader du Parti travailliste aurait passé un accord secret avec Shimon Peres avec lequel il avait rompu toute relation depuis l'adhésion de l'ancien Premier ministre à Kadima. Les deux hommes se seraient mis d'accord pour faire barrage à l'entrée d'Avigdor Lieberman au gouvernement et pour faire repousser par la Commission des lois de la Knesset son projet de réforme du système politique. Même si Shimon Peres a officiellement démenti cet accord, car il craint d'être accusé par Ehud Olmert d'avoir engagé Kadima sans l'aval de son principal dirigeant, la plupart des observateurs s'accordent à juger cette hypothèse plausible.
Le dirigeant d'Israël Beïtenou ne s'avoue pas pour autant vaincu et entend bien démontrer que nul gouvernement ne peut se passer de lui, sans dommage. Les quotidiens israéliens évoquent ainsi les entretiens qu'il aurait eus, la semaine dernière, avec le milliardaire d'origine russe, Arkady Gaïdamak, propriétaire, entre autres, du très populaire club de football «Betar Yeroushaïm». Celui-ci aurait accepté, dans la perspective des prochaines élections, de créer une nouvelle formation susceptible de drainer vers elle une partie de l'électorat du Likoud. Avigdor Lieberman espère qu'Israël Beïtenou et ce nouveau parti, appelés à fusionner, obtiendront de 28 à 30 sièges, devenant ainsi le groupe parlementaire le plus nombreux de la Knesset et lui ouvrant de la sorte les portes de la Présidence du Conseil.
C'est là un avertissement clair lancé à Ehud Olmert qui, pour le moment, n'a pas réagi. De fait, la situation est bloquée en attendant le retour du chef de gouvernement de son voyage officiel en Russie. Un retour qui s'annonce difficile. En effet, en laissant planer l'hypothèse d'une alliance avec Israël Beïtenou, le Premier ministre, loin de la renforcer, a plutôt affaibli et divisé sa coalition sans être assuré de disposer, à l'avenir, du soutien de son nouvel allié, qui pourrait lui faire payer cher sa déconvenue. C'est donc dans un climat d'incertitude, d'anarchie et de méfiance qu'Ehud Olmert devra affronter l'ouverture de la session parlementaire d'hiver et tenter de faire adopter son projet de budget par l'Avoda, le Shass et Gil, bien décidés, eux, à ne pas entériner une nouvelle diminution du système de protection sociale israélien. La simple évocation de l'instauration d'un régime présidentiel a suffi à réveiller les vieux démons de la classe politique israélienne, férue d'arithmétique parlementaire et de création sur le papier de majorités provisoires et d'alliances conjoncturelles permettant de déjouer une crise pour mieux en ouvrir une autre.
L'entrée d'un Avigdor Lieberman au gouvernement valait-elle que le Premier ministre prenne autant de risques ? Il est permis d'en douter et Ehud Olmert aura fort à faire pour sauver à la fois sa coalition et son budget, même s'il sait d'instinct qu'il lui faudra choisir l'un des deux. A savoir, certainement le budget 2007, en préservant la coalition actuelle et son programme basé sur un accord avec les Palestiniens.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.