Pour le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Nabil Benabdellah, la résolution onusienne déstabilise Alger et le Polisario. ALM : Quelle lecture faites-vous de la nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara ? Nabil Benabdellah : Une lecture positive dans la mesure où nous avons droit à une résolution qui est nouvelle dans son approche. Il n'est plus question du « Plan Baker », ce qui constitue une avancée considérable pour le Maroc. D'autre part, la résolution se félicite des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc avec l'initiative d'autonomie, ce qui signifie que l'ONU reconnaît au Maroc son approche constructive et consacre les réactions très positives enregistrées par notre pays auprès de nombreux pays influents à l'égard de la proposition d'autonomie. Le Conseil de sécurité considère, ainsi que l'ont déclaré des pays membres, que cette initiative constitue une base de discussion pour les négociations souhaitées par cette même résolution. L'Algérie et le Polisario ont beau saluer cette résolution, la bonne lecture est de dire aujourd'hui que l'avantage est désormais à l'approche politique et constructive marocaine. Le Conseil de sécurité demande aux parties d'engager des négociations sans conditions préalables. Quelle interprétation faites-vous de cet appel ? Le Maroc a toujours déclaré qu'il était prêt à la négociation. Et ce n'est pas quelque chose de nouveau dans la résolution des Nations Unies concernant le Sahara. D'ailleurs, la proposition marocaine préconise, dans son appellation même, la négociation puisque cette proposition s'appelle « Initiative pour la négociation d'un statut d'autonomie au Sahara marocain ». En ce qui concerne le deuxième volet de cet appel, à savoir « des négociations sans conditions préalables », il ne doit pas être lu à l'égard du Maroc seulement, mais beaucoup plus à l'égard de l'entêtement de l'Algérie et du Polisario à vouloir négocier sur la base de l'indépendance et du référendum d'autodétermination que l'ONU considère désormais comme impossible à mettre en œuvre, étant donné les problèmes d'identification du corps électoral. C'est donc aussi un appel de la part du Conseil de sécurité à entrevoir d'autres possibilités, dont l'autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine. Quels bénéfices peut tirer le Maroc de la résolution onusienne ? Cette résolution vient appuyer les efforts déployés par le Maroc. Désormais, nous sommes dans une position nettement plus confortable. Pour s'en rendre compte, il suffit de rappeler l'attitude extrêmement positive adoptée par des pays aussi influents que les Etats-Unis, la France et l'Espagne qui sont, par ailleurs, co-auteurs avec la Russie, la Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord de cette résolution. L'initiative marocaine jouit désormais, en vertu de cette résolution, d'un appui onusien. Quelles actions le Maroc envisage-t-il d'engager dans la prochaine étape ? Nous allons continuer à agir sur le plan diplomatique pour montrer encore plus que le Maroc est porteur d'un message de paix, donne un contenu à la solution politique préconisée par les Nations Unies, se démarquant ainsi de l'entêtement de la partie adverse en étant prêt à négocier sur une base constructive et viable. Nous n'en sommes qu'aux premiers effets de la percée diplomatique marocaine. Il faut s'attendre à ce que l'initiative marocaine et la résolution adoptée par le Conseil de sécurité déstabilisent complètement les thèses de nos adversaires et provoquent des développements profonds au sein du Polisario et dans les camps de Tindouf.