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Débat : Les partis politiques à l'épreuve de Fouad Ali El Himma
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 19 - 09 - 2008

Et si l'entreprise que mènent Fouad Ali El Himma et ses amis s'appelait le changement dans la continuité ? Les immaculés qui lavent plus blanc que blanc personnifient le changement. Les diplodocus renvoient à la continuité. Il en est ainsi de toutes les confluences lorsque le fleuve rencontre la mer, l'eau douce se mêle à l'eau salée...
Le panel du débat organisé par Al-jarida Aloula, il y a une dizaine de jours à Rabat, avait trouvé en lui-même ses propres équilibres. Le réalisme de M'hammed Khalifa (Istiqlal) contrebalançait bien l'idéalisme de Mohamed Sassi (Gauche unie mais qui parlait pour l'occasion intuitu personæ), et des deux extrémités de la table, la crânerie de Abdelillah Benkirane (PJD) glissait sans trop d'heurts sur Hassan Benaddi (PAM) qui s'est stoïquement décidé à esquiver les provocations. Ce beau monde avait pour mission de scruter devant un parterre d'avertis l'horizon des communales de 2009, mais le débat est vite parti dans tous les sens pour finir en un tour de la galaxie politique rebaptisant l'étoile polaire du nom de l'ami du Roi.
La voûte et sa clé, sa parole sacrée, il n'en faut pas plus pour que les orfèvres poussent des cris d'orfraie et hurlent à la très probable falsification des prochaines élections. Vaut mieux prévenir que guérir, nous dit la sagesse chinoise. Mais cette posture de chats échaudés, alors que l'eau n'est peut-être que tiède, s'avère bien commode et nos élites politiques s'y moulent paresseusement. Compréhensible dès lors qu'elle les exonère de se poser la seule question qui en vaut la peine aujourd'hui. Compréhensible mais pas admissible. Un paragraphe manque au texte et, sauter ainsi allègrement une case nuit à la pertinence de l'approche. Lâchons la question qui tue : de quelle légitimité populaire peuvent se prévaloir les partis qui nous gouvernent et ceux qui s'y opposent ? 37% des électeurs seulement se sont dérangés pour exprimer leur adhésion au scrutin et moins de 30% leur ont apporté leurs suffrages. C'est assez pour que le jeu démocratique permette la formation d'un gouvernement mais peu pour que celui-ci puisse prétendre à autre chose.
Les abstentionnistes ont toujours tort, mais ni la beauté du plumage grisonnant de Abedelillah Benkirane ni la mélodie du ramage de M'hammed Khalifa ne peuvent masquer l'entêtement des faits. Quelque soixante-dix pour cent d'électeurs ne se reconnaissent ni dans la « majorité » parlementaire ni dans sa « minorité ». Rien d'alarmant si l'on admet que notre pays souffre par là d'une insuffisance congénitale. Depuis l'aube des temps, on sait que le Maroc des contrastes n'est pas une vue de l'esprit et ne se réduit pas à la seule géographie. La diversité qui le fonde est tout aussi ethnique, culturelle, économique et dicte au champ politique ses convergences et ses divergences. Que l'on prenne pour échantillon seulement l'histoire du Maroc à partir du vingtième siècle. La quasi-totalité des Marocains s'est opposée au protectorat, mais peut-on pour autant démontrer que dans leur ensemble, ils s'identifiaient au Mouvement national qui s'attribue l'essentiel de la lutte pour l'indépendance ? Toute réponse affirmative exige de trouver, ce qui est loin d'être facile, des compatibilités entre le monarchisme de Allal El Fassi et les velléités un temps républicaines, de Mohamed Bel Hassan El Ouazzani. Des affinités entre le Mouvement national et la résistance des Amazighe de l'Atlas. Une communauté d'objectifs, voire de destin, entre le nationalisme tout urbain de l'Istiqlal et la guerre du Rif menée par Mohamed Ben Abdelkrim Khattabi. Ou encore leur découvrir des traits communs avec les motivations de l'insurrection conduite par El Hiba Ma'a Elainaine à partir du Sahara jusqu'aux portes de Marrakech.
Au départ de la France et malgré ses efforts de modernisation des structures sociopolitiques du pays, le Royaume a continué à charrier la même nature composite du Maroc. Elle fut un mur contre lequel se sont fracassées les ambitions des oppositions radicales à Hassan II et c'est la conscience qu'en avait le défunt Roi qui lui a permis de gérer au mieux la réalité marocaine. D'un côté, un patchwork de partis d'apparence moderne, au discours totalisant ; de l'autre un champ en déshérence vivant la plupart du temps en dehors de l'espace politique. S'il avait pour réceptacle habituel l'armée, la police l'administration, la paysannerie…il ne manquait pas, à son propre chef ou incité, de retrouver vie à travers des expressions partisanes pour défendre ses positions chaque fois que le Maroc renouait avec le processus démocratique.
Le MP de Mahjoubi Aherdane en a été la toute première manifestation, le FDIC de 1963 un «complément d'objet» avant que ses différentes composantes ne rentrent en latence à l'abri de l'état d'exception. Douze ans couleront sous les ponts avant qu'on les retrouve en 1977 avec la reprise du jeu démocratique là où on les avait laissées en 1965. Le MP tel qu'il était, les autres substances du FDIC muteront en RNI qui accouchera rapidement du PND avant que l'UC vienne ajouter son grain de sel. Comme il se doit, les partis dits démocratiques avaient dénoncé ces accouchements comme autant de bâtardises. Ce qui n'empêchera pas l'Istiqlal de s'allier au RNI et au MP pour former le gouvernement et ne rechignera pas, un peu plus tard, à faire de même avec l'UC tout en le diagnostiquant comme une excroissance dans le processus démocratique. L'USFP patientera vingt-deux ans avant de franchir le Rubicon en 1998. Peu importe la pathologie schizophrénique et le côté surréaliste des attitudes des uns et des autres pendant tout ce temps. « L'alternance consensuelle » conduite à cette occasion par la formation de Abderrahmane Youssoufi sous les auspices de Hassan II, consacra cette interminable maturation qui a amené les partis issus du Mouvement national à introduire une bonne dose de rationalité dans leur façon de traiter avec la réalité du terrain. Assimilant enfin l'existence d'autres forces politiques en dehors d'eux-mêmes, ils se mettront à exiger tout au plus l'autonomisation des « partis du Palais » par la rupture du cordon ombilical avec l'administration. En parlant en 2006 de l'intégration du jeu politique dans la normalité, le rapport du cinquantenaire laisse l'impression d'apporter une réponse toute faite à cette attente qu'il s'agit de traduire dans les faits.
L'alternance consensuelle, le décès de Hassan II, l'avènement de Mohammed VI avaient relégué au second plan la longue et patiente construction du paysage politique marocain. Mais aujourd'hui que le nouveau règne semble avoir atteint sa vitesse de croisière, il n'est pas impossible que le Maroc assiste ainsi à la réémergence de cet échafaudage dans des formes plus compatibles avec la nouvelle ère et conformes à ses orientations. Il n'est un secret pour personne qu'ici le changement se fait dans la continuité. En politique il n'y a pas de vierge immaculée et on peut ergoter longuement sur les hommes qui entourent Fouad Ali El Himma, trouver déplacé les excès de langage de certains d'entre eux, s'inquiéter de la construction du neuf avec du vieux, et aussi de se demander s'il est faisable de laisser en rade des « hommes du passé » furent-ils des synonymes de la perversion des élections. C'est le propre de la démocratie de faire de la place à toutes les idées et d'abord à celles qui s'opposent ou se rejettent. Mais on ne peut éluder la dynamique ou la vouer aux gémonies par le simple jeu de la première personne que boursoufle une kyrielle de superlatifs à la gloire du moi partisan.


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