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Editorial
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 02 - 05 - 2011

Qui ? Et pourquoi ? Et là nous allons voir naturellement, petit à petit, doucement à qui ce lâche attentat terroriste peut profiter.
Il est impossible de saisir dans toute sa complexité ce qui s'est passé le 28 avril 2011 à Marrakech — un attentat terroriste odieux qui a fait 16 morts et 25 blessés— si nous ne relisons pas, encore une fois, le discours royal fondateur du 9 mars 2011. Je ne vous invite pas à un exercice de complaisance, l'heure est grave, ni à une analyse institutionnelle qui serait, si elle se résumait à la forme, une insulte à la mémoire des victimes. Non. Ce dont il s'agit en dehors des conséquences directes de ce discours sur le processus de démocratisation du pays — en fait une accélération— et à part le fait majeur qu'est l'ouverture garantie par la constitution du champ politique : construction d'un Etat de droit, et séparation claire et nette des pouvoirs, c'est une redistribution stratégique des cartes dans la région qui ne pouvait pas rester sans réponse. Selon toute vraisemblance, l'attentat de Marrakech est une réponse à un changement du rapport de force stratégique régional initié par le Maroc en jouant uniquement sur des paramètres politiques domestiques, internes. Mais avant de développer, d'aller plus loin dans cette théorie très sérieuse, tordons le cou rapidement à deux thèses qui circulent mues autant par des réflexes pavloviens anti-«makhzéniens» désuets, que par des postures éradicatrices simplistes de certains milieux «laïcards». 1) C'est une fraction de l'Etat marocain — les fameuses poches de résistance — qui serait derrière cet attentat pour casser le cours de la démocratisation qui se fait actuellement contre ses intérêts. C'est la fameuse théorie du complot. Soit. C'est vraiment considérer que la démocratisation du Maroc obéit ex nihilo à un effet de mode, une volonté du Prince, et qu'elle n'est connectée à aucun enjeu régional, le Printemps arabe, ou à des exigences internationales pressantes pour la modification substantielle de la gouvernance arabe. Une bombe va donc clôturer ce processus et l'on va revenir tranquillement au statu quo ante, le Moyen âge démocratique. C'est court comme raisonnement. Même si le mobile du crime était construit sur ce modèle l'on voit bien que ses auteurs ou architectes ne peuvent en tirer aucun profit. La dynamique de l'ouverture démocratique est solide et la peur du terrorisme ne peut pas agir sur sa réversibilité. Elle est insuffisante. Ceci étant, même des amis ont été parfois tentés, même inconsciemment, par cette théorie. A ce titre, le communiqué officiel des USA sur la question était tiède. Les Américains voulaient savoir. Ils avaient peur de la «fourgue». La gestion transparente, résolue et volontaire par le chef de l'Etat du dossier a dû leur donner aujourd'hui de sérieux éléments de réponses. Le fait pour les Marocains d'associer les Français, les Espagnols et les Américains à l'enquête sur le terrain sonne le glas de cette théorie. 2) C'est un attentat salafiste qui marquerait la colère des intégristes et de leurs réseaux dormants à l'encontre du pouvoir qui n'a pas procédé, comme cela était souhaité, à une amnistie plus large. Voire. L'attentat va-t-il donc élargir le champ de l'amnistie ? Peu probable. Ce procédé va-t-il créer les conditions d'une inversion du rapport de force ? Aucunement. La vérité est ailleurs. Aujourd'hui, tous les démocrates marocains, y compris les anti-intégristes, ceux qui ne considèrent pas les pulsions terroristes comme une opinion, sont d'accord sur un fait et un seul. Il est nouveau, et il est de taille : «La situation du plus grand nombre de salafistes dans les prisons du Royaume est l'expression d'un dysfonctionnement de l'appareil judiciaire lui-même alimenté par emballement sécuritaire à la suite du profond traumatisme social produit par les attentats terroristes de 2003.» C'est la première fois dans le pays, dans le sillage du 20 février, — un acquis considérable — que les salafistes marocains trouvent un relais chez les démocrates pour parler de la situation de ceux d'entre-eux qui sont en prison. C'est un fait unique. Nous assistons à un double phénomène : la perméabilité des salafistes à un certain discours démocratique porté par la question des droits de l'homme et une banalisation de leur perception par la société qui voit leur idéologie glisser du «délit» vers «l'opinion» si effectivement le rejet formel du terrorisme est acté et «solennisé». Dans ces conditions où le salafisme marocain bénéficie d'un frémissement de légitimité face à des «éradicateurs» tétanisés, l'on ne voit pas les arguments, ou la doctrine, qui peuvent prévaloir, pour commettre un attentat comme celui de Marrakech. Bien au contraire, sans une gestion mature de cet attentat, ils peuvent en être, à une très grande échelle, les autres victimes. Bis repetita non placent, comme en 2003. Ces deux thèses étant, pour ce qui nous concerne, évacuées, revenons aux conséquences stratégiques du discours royal du 9 mars 2011. Et comment ces conséquences stratégiques inattendues peuvent servir de base à des actions hostiles contre le royaume. 1) La réponse marocaine au printemps arabe a été intelligente, elle a donné lieu à un processus de démocratisation pacifique et profond qui va doter assez rapidement le pays d'une constitution nouvelle et d'un socle de valeurs démocratiques large et consistant, une sorte de SMIG universel en la matière. 2) Cette démarche a frappé d'indignité certains régimes de la région, choqués par le printemps arabe, qui s'accrochent à une gouvernance interne et externe héritée de la guerre froide et rejetée viscéralement par leur société. 3) L'onde de choc de la transition marocaine maîtrisée, de l'Océan atlantique au Golfe arabique, a créé de l'aversion chez tous ceux qui ne souhaitent pas que ce modèle prospère de peur que demain il ne leur soit opposable. 4) Laisser le Maroc filer c'est lui accorder de facto un leadership régional que, selon eux, ni le poids de son économie ne justifie, que ni ses ressources naturelles ne légitiment et que, au final, son pacifisme, expression authentique d'une vieille civilisation, ne permet pas de défendre. C'est ce Maroc qu'il faut freiner y compris par le terrorisme pour annuler tout avantage stratégique qui peut naître de la réussite de sa transition démocratique. Il faut que le chaos arabe soit bien partagé, bien lissé sur tous les pays, «Zenga Zenga», pour qu'aucun pays arabe ne s'en sorte «au détriment( !)» des autres. C'est aussi une version renouvelée de la fameuse théorie inventée naguère, dans l'affaire du Sahara, par Abdelaziz Bouteflika le bienheureux, du caillou dans la chaussure marocaine pour empêcher ce pays d'aller plus vite. Maintenant que deux hypothèses ont été écartées et que l'éclairage géostratégique est effectué, on peut se poser utilement quelques questions simples sur le commanditaire, le timing, les résultats escomptés, le bénéfice politique, etc. de l'attentat de Marrakech. Nous pouvons aujourd'hui nous interroger, sérieusement, à la lumière de tous ces développements. Qui ? Et pourquoi ? Et là nous allons voir naturellement, petit à petit, doucement à qui ce lâche attentat terroriste peut profiter. Attentat que les théoriciens émérites de la guerre civile du DRS algérien rangent dans leur littérature sous le joli nom de «terrorisme pédagogique».
PS : Lire pages 12-13 un article publié par «Le Quotidien d'Algérie» à la suite de
l'attentat de Marrakech sous le titre «Attentat de Marrakech : Pistes de
lecture...» par Djamaledine Benchenouf.


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