L'éminent dissident algérien, Karim Tabbou a appelé lundi le gouvernement d'Alger à s'engager dans un « véritable processus politique », ont rapporté les médias locaux. Karim Tabbou a également appelé à la libération des prisonniers d'opinion encore détenus par les autorités. « La meilleure façon de profiter du printemps est de libérer tous les oiseaux des cages », a déclaré Tabou à Berber TV, sa première interview depuis sa libération la semaine dernière. «Les autorités veulent nous encager, c'est le piège. Ils ne seront jamais dérangés tant que les gens chanteront dans des cages. » Tabbou a affirmé que les cages devraient être brisées pour que le «vrai printemps» puisse arriver. Jeudi dernier, un tribunal algérien a ordonné la libération provisoire de Tabou après neuf mois de détention. Trois autres militants ont également été libérés dans le cadre d'une tentative de pacification des manifestants à l'approche du jour de l'indépendance de l'Algérie. «La prison est une usine qui transforme la colère en énergie politique», a expliqué Tabou. «Lorsque vous vous retrouvez humilié et pris au piège dans une cage de deux mètres carrés, vous avez le temps de réfléchir. Progresser vers un véritable processus politique permettant d'avancer... est une nécessité. » Le militant a déclaré que les Algériens doivent rester « unis, pacifiques, déterminés, civilisés et organisés » et a souligné que « rien ne peut nous faire abandonner nos principes ». Algérie: des consultations pour amender la constitution sont en cours Tabou a été arrêté en septembre dernier et condamné à un an de prison le 24 mars. Il avait été accusé de « compromettre l'unité de la nation ». Un deuxième cas est en instance, où il est accusé de « neutralisation de l'esprit de l'armée ». Ce procès a été reporté à plusieurs reprises, en raison de mesures imposées pour freiner la propagation du coronavirus. Une date provisoire est désormais fixée au 14 septembre. Le fondateur du Parti de l'Union sociale et démocratique, âgé de 46 ans, est peut-être devenu la figure la plus populaire du mouvement de protestation anti-régime. Il a participé à toutes les manifestations depuis le début du mouvement le 22 février de l'année dernière. Moins de six semaines plus tard, ses manifestations hebdomadaires ont réussi à faire pression sur le président d'alors, Abdelaziz Bouteflika, pour qu'il démissionne.
