Dans un documentaire qui sera diffusé dimanche soir, l'émission française «Enquête exclusive» aborde la contestation populaire en Algérie contre le régime ainsi que la question de la jeunesse du pays, qui vit un malaise sans précédent. Depuis la chute de Bouteflika,, la justice algérienne a ouvert une multitude d'enquêtes pour faits de corruption et condamné et/ou incarcéré d'anciens responsables et influents hommes d'affaires soupçonnés d'avoir profité des largesses du clan Bouteflika. Mais l'essentiel reste inaccessible : une transition politique entière. «Enquête exclusive» tente de faire le point sur la situation en Algérie. Vaste (et sensible) sujet recadré en plusieurs reportages ponctués de témoignages éloquents. Tout commence quand une foule monstre a de envahi le centre d'Alger et les principales villes d'Algérie, le 5 avril 2019, à la suite de l'annonce du départ du pouvoir du président Abdelaziz Bouteflika. Les protestataires veulent chasser les anciens fidèles du raïs et une transition politique civile. iframe title="Comment "Enquête Exclusive" a filmé les révoltes en Algérie malgré le régime dictatorial" width="500" height="281" src="https://www.youtube.com/embed/7eIAkK3v254?feature=oembed" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" style="height: 315px;" Confronté à une contestation populaire inédite déclenchée le 22 février 2019 et très amoindri depuis un accident vasculaire cérébral en 2013, Abdelaziz Bouteflika a démissionné après vingt ans à la tête du régime. L'effondrement de la «légitimité historique» de l'élite dirigeante ne fait plus aucun doute. En somme, malgré la pandémie du nouveau coronavirus, qui a suspendu leur mobilisation, les partisans du Hirak continuent d'exiger le départ du régime en place depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962. iframe title="VIDÉO - "Enquête exclusive" : des jeunes décrivent l'Algérie dont ils rêvent" frameborder="0" width="500" height="281" src="https://www.dailymotion.com/embed/video/x7waj6s" allowfullscreen="" allow="autoplay" La jeunesse algérienne souffre, tandis que l'État rentier déploie son dispositif de décision. l'Algérie a déjà connu le soulèvement contre l'autoritarisme en 1988. Pendant plusieurs jours, tous les départements avaient été secoués par des émeutes qui s'étaient soldées par la mort de 600 personnes et par quelque 1 300 blessés. Le système du parti unique n'était qu'une façade du pouvoir militaire. La Constitution proclamée un an après autorisait désormais les partis politiques à prendre part aux élections et permettait la liberté de la presse. Toutefois, comme en 2020, Il n'y avait pas un véritable projet de transition démocratique, et le système n'était pas prêt politiquement à renoncer à ses larges prérogatives. Les réformes ne servaient qu'à noyauter les partis pour plomber l'alternance électorale. L'opposition était tolérée, mais il lui est interdit de gagner les élections et d'accéder au pouvoir. «On ne pardonnera pas !», ont scandé les manifestants, en référence à la lettre d'adieu, adressée par Abdelaziz Bouteflika, dans laquelle il demande pardon aux Algériens. La jeunesse algérienne, selon le documentaire, est affectée par un profond malaise dont les causes sont aussi perceptibles que multiples. Il convient de noter celles liées au sous-emploi et au chômage, absolument frappantes. Le schéma politique algérien reste très décrié : une police qui a la main libre pour traquer les opposants, des partis inféodés à l'administration qui profitent du trucage des élections, un gouvernement sans réelle autorité politique pour diriger l'État, une justice aux ordres, des journaux, quand ils ne sont pas censurés, restent sous surveillance permanente. Cette conception a entraîné comme conséquences l'inertie de l'administration et la généralisation de la corruption. Les personnes liées aux appareils font preuve d'irresponsabilité et d'inconduite dans leurs fonctions. Le régime s'est enfermé dans une contradiction intenable : d'un côté, son refus d'Assemblées élues représentatives qui incarnent le peuple et d'un contrôle du pouvoir exécutif par des élus, et de l'autre côté, la nécessité de gérer les affaires étatiques de manière optimale. Raison pour laquelle le maintien du régime se fait au prix d'un dépérissement de la situation économique et sociale de plus en plus lourde pour les citoyens. La politique économique incarne l'échec du régime, qui n'a jamais eu de perspectives à long terme pour développer les richesses du pays et son but a toujours été de calmer la fronde en annonçant des mesures souvent dans l'urgence et au gré des événements Les Algériens consomment des biens qu'ils ne produisent pas, tandis que les ravages de l'économie rentière se sont accentués à travers l'augmentation du chômage et la diminution du pouvoir d'achat. Ni sur le plan économique, ni sur le plan politique, le bilan n'a été positif. Le nouveau président Tebboune est soupçonné par ailleurs de vouloir reproduire les méthodes de son prédécesseur, tandis que l'opinion publique est plus sensible aux questions de droits de l'Homme qu'il y a vingt ans. Elle réclame des réformes profondes et le départ du régime actuel.