La Mauritanie et l'Espagne ont signé en mars plusieurs accords de coopération en matière de lutte contre le djihadisme, d'agriculture de pêche ou encore d'énergie verte, à l'occasion de la première visite officielle à Madrid du président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani. L'Espagne et la Mauritanie ont conclu à Madrid un traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération destiné à renforcer leurs liens bilatéraux au grand dam de l'Algérie, au moment où le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani se trouvait en visite officielle en mars à Madrid, où il a rencontré des responsables espagnols. Ce traité représente un saut considérable dans les relations entre les deux pays et vise notamment à une plus grande coopération dans des domaines comme l'émigration et la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, selon les autorités des deux pays. Il marque également une vraie détermination mauritanienne à prendre en main son destin politique. Premier indice : son opposition à l'annonce du Front Polisario, soutenu par l'Algérie, de déclarer «l'état de guerre» valable depuis trente ans, signé sous l'égide des Nations unies, après les événements de Guerguerat. De son côté, Rabat a fait construire un mur de sable pour sécuriser définitivement la route jusqu'au poste frontière où pavoisent désormais des drapeaux marocains. Cela survient après que l'Algérie a suspendu, mercredi 8 juin, un «traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération» conclu en 2002 avec l'Espagne, après le repositionnement de Madrid sur le dossier du Sahara pour s'aligner sur la position du Maroc, a annoncé la présidence. La position du gouvernement mauritanien de raffermir ses liens avec l'Espagne irrite en Algérie, mais la réalité est bien plus complexe. L'Algérie et la Mauritanie, qui ont inauguré avant quelques années leur premier point de passage frontalier pour booster leurs relations économiques et commerciales bilatérales, agonise, sachant que la construction de cette en vertu d'un accord signé par les deux pays en 2017 a coûté à l'Algérie près de 8,5 millions d'euros. La frontière entre les deux pays, longue de quelque 470 km, est connue comme un repaire de trafics, de contrebandes et de mouvements de combattants de groupes armés, et avait été déclarée par Nouakchott zone militaire fermée à la circulation des personnes. Alors que l'Algérie veut amorcer le projet de construction de route entre Tindouf (Algérie) et Choum (Mauritanie), deux localités proches du Sahara marocain, l'impossibilité de réaliser cet objectif frappe à l'œil, tandis qu'elle nourrit un grand espoir pour le mégaprojet de gazoduc Maroc-Nigéria visant à acheminer le gaz nigérian à l'Afrique du Nord et à l'Europe, sachant que depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, les réserves en gaz de l'Afrique attirent de plus en plus les regards, l'Union européenne (UE) et d'autres pays cherchant notamment des alternatives à leur approvisionnement en gaz par la Russie… et l'Algérie. Pour les observateurs, l'axe Rabat-Nouakchott-Madrid émerge. Lors de commission-mixte Maroc-Mauritanie tenue récemment, «la signature d'un certain nombre d'accords et de protocoles d'accord entre les deux pays», a été conclue, dans une volonté de «renforcer la coopération étroite». Côté espagnol, le premier ministre Pedro Sánchez a déclaré que le plan marocain «d'autonomie» pour le Sahara est «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend».