Le sommet des pays émergents des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) a été ouvert mardi à Johannesburg avec, au centre des discussions, admettre de nouveau membre au bloc qui veut jouer un plus grand rôle dans la scène politique et économique mondiale. Un grand raout devenu une sinistre farce après l'arrivée à Pretoria de Brahim Ghali, accusé de «tortures et crimes contre l'humanité», à bord d'un avion affrété par la présidence algérienne. Pour un pays soucieux de la «légalité», l'Afrique du Sud a «unilatéralement» invité le chef de Polisario, qui n'est reconnu ni par l'Organisation des Nations unies (ONU), ni par la communauté internationale, ni par aucun pays européen ou pays membre permanent dans le Conseil de sécurité des Nations unies, et dont la présence a été ignorée par la majorité des médias couvrant l'événement. Dans les faits, la présence de Ghali est destinée à éclipser un échec que l'Algérie redoute : voir sa candidature pour les Brics écartée. Selon une source proche du dossier, «rien ne prédestine l'Algérie et les Brics à marcher ensemble, main dans la main, sur une scène internationale changeante. L'Algérie est une économie qui se situe à une place différente sur la chaîne de production économique, marquée par des taux faibles de croissance et des investissements assez dérisoires», ajoutant, ironique : «Quel rôle pourra jouer l'Algérie dans la réforme du système financier international et les mécanismes de coordination de politiques des pays formant les Brics ? Si ce groupe veut renforcer à la fois son rôle dans la gouvernance globale de la période post-Covid et celui des Nations unies pour faire face aux nouveaux défis de la sécurité globale, peut-il compter sur une Algérie imprévisible en crise avec plusieurs pays ?» Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a aussi reçu début août les ambassadeurs et représentants des cinq Etats membres des Brics, divisés sur la candidature algérienne. Alger, qui fait partie d'une quarantaine de capitales ayant demandé leur adhésion ou manifesté leur volonté pour rejoindre le «club des cinq», sait que ces chances son minimes pour rejoindre de groupe, à un moment où les bouleversements sur la scène internationale ont été accentuées par la guerre russe contre l'Ukraine. Les deux poids lourds des Brics, la Chine et l'Inde, ont affiché des réticence quant à la question de l'expansion du groupe très fermé jusqu'à présent. Les deux puissances, importatrices de matières premières et exportatrices de produits manufacturiers, sont peu affectées directement par la fluctuation des prix des matières premières. Si elles arrivent à maintenir un taux de croissance économique relativement élevé et stable, elles redoutent la fragilisation des Brics par des pays soumis aux aléas des marchés internationaux, comme…l'Algérie.