Le Syndicat national du pétrole et du gaz, affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT), a exhorté l'Etat marocain à procéder à un transfert judiciaire de la raffinerie Samir, en liquidation depuis 2016, estimant que cette démarche garantirait la souveraineté énergétique du pays et préserverait un outil industriel stratégique. «Nous ne demandons pas la nationalisation de la Samir, bien que le monde s'oriente vers la protection de ses industries et de ses intérêts, mais son transfert judiciaire au profit de l'Etat», a déclaré Elhoussine Elyamani, secrétaire général du syndicat, dans un message adressé à la ministre de la transition énergétique, Leïla Benali. Il rappelle que l'Etat détient déjà plus de 80 % des créances de l'entreprise dont la dette dépasse 90 milliards de dirhams (environ 8,1 milliards d'euros) et qu'il pourrait, à terme, céder ses parts après avoir assuré la viabilité de la raffinerie. Estimés à 21 milliards de dirhams (1,9 milliard d'euros), les actifs de la société pourraient voir leur valeur multipliée après remise en état et reprise des activités de raffinage, atteignant potentiellement plus de 50 milliards de dirhams (4,5 milliards d'euros), selon le syndicat. À l'inverse, une liquidation pure et simple du site ne suffirait même pas à financer sa dépollution, rendant toute reconversion industrielle particulièrement coûteuse. Le syndicat souligne également que l'Etat a déjà consenti d'importants sacrifices financiers dans ce dossier, notamment à travers des prêts accordés à l'ancien actionnaire majoritaire, le groupe Corral Petroleum, dirigé par l'homme d'affaires saoudien Mohammed Al-Amoudi. «L'Etat a le devoir de protéger ses créances, d'empêcher le démantèlement de la raffinerie et de limiter les bénéfices excessifs réalisés dans le secteur des hydrocarbures», insiste M. Elyamani. Face aux réticences du gouvernement, le syndicat se dit prêt à organiser une visite du site pour la ministre de la transition énergétique afin qu'elle puisse, aux côtés d'experts marocains, appréhender les enjeux industriels et financiers de ce dossier. «Si la ministre peine à saisir l'ampleur du problème, nous sommes disposés à l'accueillir sur les terrains de Samir où nos ingénieurs et techniciens lui fourniront toutes les explications nécessaires», lance M. Elyamani, appelant à une prise de décision rapide pour éviter un naufrage définitif du dernier site de raffinage du pays.