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Andrew Forrest persiste à verdir l'industrie lourde et «promeut un corridor électrique Maroc–Europe auprès de plusieurs gouvernements», a-t-il affirmé le 10 mai
Le milliardaire australien Andrew Forrest, figure de proue de l'industrie minière, s'obstine à convertir son empire, Fortescue Metals Group (FMG), en fer de lance mondial de l'énergie propre, en dépit d'un reflux généralisé des investissements climatiques. Dans cette logique, il milite activement pour la création d'une liaison électrique intercontinentale reliant le Maroc à l'Europe par câble sous-marin, pour transporter l'électricité solaire et éolienne produite au Sahara jusqu'au Royaume-Uni, selon un entretien accordé au Telegraph samedi 10 mai. Un projet transméditerranéen d'envergure Le projet, porté par M. Forrest auprès de plusieurs gouvernements européens, entend approvisionner le Royaume-Uni en énergie renouvelable d'origine africaine. Le chantier est présenté comme le possible concurrent de celui de l'entreprise britannique Xlinks; un corridor énergétique de 4 000 kilomètres devant relier la région marocaine de Guelmim-Oued Noun, riche en gisements solaires et éoliens, aux côtes du Devon, au sud-ouest de l'Angleterre. Dans ses discussions avec l'exécutif britannique dirigé par Keir Starmer, l'homme d'affaires plaide en faveur d'un engagement public en faveur d'une liaison intercontinentale verte, qu'il présente comme un levier stratégique pour la souveraineté énergétique du continent. La dernière vigie industrielle de la transition M. Forrest, président exécutif de FMG, quatrième producteur mondial de minerai de fer, se distingue de ses pairs en refusant de céder à la volte-face des grands groupes extractifs. Tandis que des acteurs majeurs comme BP ou Shell renoncent à leurs engagements en matière de décarbonation, il persévère dans une voie qu'il qualifie de rationnelle et lucrative. «Tous ont reculé sur ces projets majeurs. Chaque technologie sur laquelle nous travaillions a été abandonnée. Il ne reste plus que Fortescue. Nous, nous restons debout. En tant que scientifique marin, c'est un désastre. En tant qu'industriel, c'est une bénédiction», affirme-t-il. Vers un "zéro réel" Forrest rejette vigoureusement le concept de «neutralité carbone» et ses déclinaisons, qu'il juge fallacieux. Il pourfend les dispositifs de compensation, accusés de maintenir l'ordre ancien sous couvert de vertu. À rebours de la rhétorique décroissante, il défend une approche fondée sur l'innovation technologique. «Nous ne demandons pas de sacrifices. Pas de décroissance. C'est absurde», tranche-t-il. Son objectif : parvenir à un «zéro réel» d'ici 2040 – soit l'abandon total des énergies fossiles – non par la contrainte mais par la substitution efficiente. «Cessez de brûler du carburant fossile. Vous éliminerez le changement climatique, ferez baisser le coût de la vie, et élèverez le niveau de vie. C'est cela, la tâche des politiques dignes de ce nom.» Hydrogène vert, batteries et véhicules lourds électrifiés Au sein même du groupe FMG, la transition est déjà à l'œuvre. Forrest mise sur la production d'hydrogène vert par électrolyse, destiné à remplacer le gaz naturel dans les centrales électriques, mais aussi à produire du «fer vert» utilisable en sidérurgie. Il compte également sur le développement de batteries de pointe, grâce au rachat de la société britannique Williams Advanced Engineering. «Je suis un investisseur global. J'irai là où je me sens accueilli. Sinon, j'annule. C'est un jeu dangereux», prévient-il, en forme de message à peine voilé à l'ancien président. Des alliés royaux et une reconnaissance internationale M. Forrest n'est pas sans appuis. Il entretient des liens directs avec le roi Charles III, l'ancien envoyé spécial pour le climat John Kerry ainsi que des chefs d'Etat comme Emmanuel Macron et Narendra Modi. Plus qu'un simple capitaine d'industrie, Andrew Forrest apparaît désormais comme une figure paradoxale : héritier de l'âge fossile devenu chantre d'un capitalisme écologique fondé sur la substitution et l'audace technologique. Que ses paris s'avèrent prophétiques ou non, il entend, coûte que coûte, continuer à «nager dans la même direction» – quitte à affronter seul les courants contraires.